13 minutes d’une allocution enregistrée, décryptées par Mediacoop ( et on l’a regardée trois fois, rien que pour vous, alors lisez jusqu’au bout !)

 

«  Violences inadmissibles » à qui le dites-vous m’sieur le président…

A travers notre prisme, on aurait pu penser qu’enfin il avait compris. Quand il parle des « violences inadmissibles » contre lesquelles il « n’aura aucune indulgence », on se dit qu’il a bien vu lui aussi les coups de matraque, les insultes, les propos racistes, les flashball à bout portant, les mains arrachées et les yeux en moins des manifestants. Qu’il va se ressaisir. Qu’il va devant toute la France gronder la Bac et les plus virulents des CRS et policiers. Mais non, il parle des manifestants, il parle «  des irresponsables politiques » (on imagine Ruffin ou Besancenot), «  des opportunistes qui profitent de la colère » (En général, si tu casses un truc c’est que toi-même tu es en colère en vrai)

Puis il dit cette phrase «  Quand la violence se déchaîne, la liberté cesse » faudra qu’on la scande aux prochaines mobilisations quand des lycéens iront en garde à vue, sous les yeux éberlués de leurs parents, quand les handicapés seront mis à terre par les forces de l’ordre, quand les gamins seront mis à genoux, les mains sur la tête…Il a raison m’sieur le président, notre liberté a cessé, depuis un moment même… Depuis que leur violence s’abat sur le peuple.

«  Une détresse à laquelle on s’habitue » …Ben pas moi…

Mais Emmanuel Macron l’entend cette colère et cette indignation. Il rappelle qu’il a pris en compte la hausse des taxes sur le carburant. Il trouve que la colère est juste. Il prend en exemple le couple de salariés, la mère de famille seule avec ses marmots, les retraités modestes, les personnes en situation de handicap. Il rajoute même «  que cette détresse ne date pas d’hier » et que «  on s’y était habitués ». Lui peut-être. Pas nous. Personne ne s’habitue à la misère. Nombreux sont ceux qui ont manifesté partout pour contrer la casse sociale. Défilé pour de meilleurs emplois, pour une vie meilleure. Depuis que je suis née, j’ai vu des gens dans la rue, je n’ai vu personne s’habituer. J’ai vu les gens se battre toujours et encore. Les plus utopistes allant croire encore à la force du vote. Mais s’habituer à la misère, non m’sieur le président, j’ai vu personne.

« 40 années de malaise dans le service public » …+ 18 mois de casse accélérée…

Alors, il a raison, malgré tout. Ca fait 40 ans que ça dure le bordel. Et bien plus encore. Avec des bas et quelques victoires parfois. Mais c’est vrai que tout devient de plus en plus compliqué. «  40 années de malaise dans les quartiers, les services publics et dans la ruralité ». 40 ans, et lui en 18 mois, il nous parle de fermer les gares, les hôpitaux de proximité, de supprimer 120 mille postes de fonctionnaires. Même mon bureau de poste, dans mon village est en sursis. Alors, même s’il le dit «  j’assume ma part de responsabilités », il n’a pas bien l’air de se rendre compte qu’entre ses paroles et ses actes, ce sont des kilomètres parcourus en Ouibus qu’il met entre nos rêves et sa réalité. Il ne suffira pas de traverser la route pour qu’il retrouve grâce à nos yeux.

«  Une laïcité bousculée par des modes de vie qui créent des barrières » ( C’est Lepen qui lui souffle dans l’oreillette ???)

Mais, il parle aussi « d’une laïcité bousculée par des modes de vie qui créent des barrières ». Là, on a mis pause. On a réécouté. On s’est demandé si cette phrase n’était pas un tantinet raciste. Non, parce que nous à nos mômes, on dit de ne pas juger les copains, leurs façons de vivre. Que l’important c’est qu’à la récré, on ait les mêmes règles du jeu. Même si on ne joue pas au même jeu. Certains font du sport, d’autres de la céramique. Certains sont en groupe quand d’autres préfèrent jouer seul… Les uns se disent des secrets, les autres courent dans tous les sens sans but précis. Mais parmi tous ceux là, y’a ceux qui jouent avec nos enfants à l’élastique dans la cour, qui s’échangent leurs bouquins et qui rient des mêmes blagues. On a dit à nos gosses que la société c’était comme ça, comme à la récré, avec des gens qui préfèrent la corde à sauter, ou la marelle, qu’il y a de la place pour tout le monde et que jamais on devait juger des autres même si on préfère jouer avec d’autres, à d’autres jeux. Mais si Le président lui-même permet de dire que certains d’entre nous avons des modes de vies qui créent des barrières…ça revient à dire qu’ils dérangent. Parce qu’ils n’ont pas les mêmes codes. Serons-nous tous obligés désormais d’avoir les mêmes modes de vie pour être considérés comme concitoyens ? Une même coupe de cheveux ? Et que ferons-nous de ceux qui ne font pas partie de la bande ?

  «  Ma légitimité c’est vous » …euh, nous on ne prendra pas cette responsabilité…

Macron poursuit en expliquant  que sa «légitimité c’est vous »…bien et donc son illégitimité c’est nous aussi ? Qu’un pays qui se divise est un pays « qui court à sa perte ». Mais qu’il est « là pour réconcilier » …on peut souffler les amis, l’homme providentiel est arrivé.

Il décrète l’état d’urgence économique et sociale  (formule piquée à Hollande), on aurait aimé qu’il rajoute l’écologie mais au vu des forages et de l’ouverture des mines partout sur le territoire, on se doute qu’il n’a pas osé…

Puis ça arrive comme ça, on est la France du mérite et du travail…Ah ? On n’en demandait pas tant. Mérite de quoi ? De quel travail on parle ? Celui à temps partiel ? Au SMIC ? (ah ben oui évidemment on y reviendra…)

Mais là, le toupet est à son paroxysme : « une meilleure école » (avec moins de profs ça va être compliqué) «  une meilleure université »  (au prix des frais d’inscription et de la sélection à l’entrée, de la loi Ore et tout le bazar, rien n’est moins sûr… ) , il parle « d’un investissement inédit » dans le domaine… (je crois que même sous la 3ème république c’était plus flagrant…)

100 balles et un mars et tu me rends la sécu…

Bon et puis là, il l’annonce la revalorisation du SMIC : 100 balles dans la poche direct du salarié qui gagne le SMIC. Oui d’accord, mais à condition qu’il ne vive pas avec quelqu’un qui gagne plus. Puisque c’est le salaire du foyer qui compte en vrai. Smicard, quitte ton ou ta conjointe si elle gagne plus que toi, sinon tu perds les 1200 euros par an. Alors quand même c’est là qu’il faut faire un peu de pédagogie : les 100 euros, en vrai ne sont pas «chargées» c’est à dire que tu ne paies pas de cotisations dessus, ni pour le chômage, ni pour la sécu, tout ça. Et puis, en fait, tu t’y attendais un peu, puisqu’en fait on t’avait dit que ta prime d’activité augmenterait durant l’année, bon ben là, c’est juste qu’il te met tout d’un coup au lieu d’étaler la progression sur l’année. Ce n’est pas une révolution, mais j’entends que pour un smicard, ça fait un treizième mois quand même.

Bon mais c’est là qu’il faut qu’on s’arrête deux secondes.

Grâce à un copain qui bosse à la CARSAT ( Merci Frank!) , on a compris pas mal de choses quand même et puis aussi grâce à «  La sociale » le film de Gilles Perret : La sécu c’était à nous, au début, enfin aux travailleurs. On cotisait pour mettre dans la grande caisse pour quand on serait malade ou trop vieux pour bosser. C’est Rocard qui en 91 a dit «  ben tiens si plutôt que de cotiser entre eux et d’être propriétaire de leur truc, les travailleurs payaient un impôt pour financer leur sécu, ça voudrait dire que la sécu appartiendrait de plus en plus à l’Etat…ah oui bonne idée, on va leur piller leur truc coopératif et collaboratif… » C’est comme ça qu’est née la CSG. Un impôt supplémentaire pour financer notre caisse qu’on se finançait déjà grâce à notre travail. Du coup, on a eu de moins en moins de choses à dire, puisque l’Etat en est devenu en quelque sorte le gestionnaire. Ce ne sont pas les travailleurs qui ont décidé de certains déremboursements, ni de suppressions de postes à la sécu ou la CARSAT. Ben non, si la sécu était restée aux travailleurs, elle ne serait pas devenue une ligne budgétaire de l’Etat, et on pourrait la redistribuer comme bon nous semble, à ceux qui en ont le plus besoin, en en discutant. Puisqu’avant 2/ 3 des représentants qui siégeaient à sa direction étaient des travailleurs et un tiers des patrons…Depuis notre sécu est en train de mourir, on paie de plus en plus nos soins, et de moins en moins nos retraites et nos chômeurs…Et cette prime d’activité, cette hausse du smic donc ainsi que les heures supplémentaires défiscalisées ou les primes de fin d’année non chargées sont autant de nouvelles façons de ne pas placer notre argent pour nos retraites, chômage ou maladie…Moins nous cotisons, moins nous pourrons recevoir les indemnités pour lesquelles pourtant nous épargnons chaque mois avec notre salaire brut.

 

«  création des emplois dans tous les secteurs »  Les 16300 nouveaux chômeurs vont apprécier…

 

Les plus riches sont plus tranquilles du coup, on ne touchera pas à l’ISF…Paraît selon Macron que ça ne sert à rien. On n’est plus à 7 milliards près, il a raison. On se débrouillera encore une fois entre pauvres. «  L’ISF ne sert à rien » assure le président qui poursuit « Nous recréons des emplois dans tous les secteurs ». Marrant de dire ça quand la courbe du chômage a pris 0,5 points au 3eme trimestre 2018. 16 300 chômeurs en plus en trois mois. C’est que nenni, rien de grave. Autant ne pas en parler.

Bon mais quand même, il a dit le président qu’il allait mettre fin aux avantages des entreprises et lutter contre l’évasion fiscale. Ca ne fait pas un peu 2 ans qu’il nous dit ça ? C’est même un peu pour ça que certains ont voté pour lui. On pense donc qu’il va encore falloir attendre un peu, hein…

 

C’est sa conclusion qui était flippante, il a dit qu’il voulait une meilleure maîtrise des dépenses, qu’il voulait réformer les indemnisations du chômage et des retraites, car pour lui l’essentiel « est de valoriser et de récompenser ceux qui travaillent » donc ceux qui ont fini de travailler parce que trop vieux, ou ceux qui ont perdu leur travail parce que pas de débouchés, ceux-là, on ne les aidera plus ? moins ?

Puis il a dit qu’il fallait qu’on assume nos devoirs, ceux de la production, ceux de l’apprentissage, ceux du changement face au climat…mais il n’a pas dit en quoi son devoir à lui de président allait être engagé…Parce que encore une fois, niveau climat, il fait fort avec la déforestation en Guyane pour quelques tonnes d’or… Avec son absence de lutte contre l’interdiction de produits toxiques ou même de l’huile de palme qui tue les orangs-outans…

 

Il a dit quand même qu’il allait  prendre en compte le vote blanc. Ce sera super à la prochaine élection, on est sûrs au moins de ne plus avoir de président…

 

Quizz : à vos propositions pour aider le président qui a plein de questions dans sa tête :

 

Et puis il se pose plein de questions le président et il nous demande limite d’y apporter des réponses, alors voilà nous on vous propose d’y répondre si vous en avez envie :

 

  • Question de notre quotidien  face au changement climatique : se loger, se déplacer, se chauffer …
  • Question sur l’organisation de l’Etat et des services publics
  • Question sur l’immigration
  • Question sur l’équilibre de notre fiscalité

 

 

Envoyez vos propositions à redaction@mediacoop-wordpress.andromede.synalter.fr

 

Non parce qu’il veut faire le tour des régions et rencontrer les maires pour parler de ça avec eux, mais comme le président est le plus grand assisté français (on lui paie l’électricité, les transports, la nourriture, l’eau, ses vacances…) on pourrait peut-être lui éviter quelques trajets…

 

Conclusion :

 

Sinon, il a terminé ainsi m’sieur le président :  « Mon seul souci c’est vous, mon seul combat c’est pour vous… « 

Ce serait peut-être temps de lui dire qu’en fait, faut pas qu’il s’en fasse, qu’il arrête de lutter,  on se débrouillerait tellement mieux sans lui…

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3 réflexions sur “13 minutes d’une allocution enregistrée, décryptées par Mediacoop ( et on l’a regardée trois fois, rien que pour vous, alors lisez jusqu’au bout !)”

  1. Excellent (euh je veux dire l’article !)…
    Sans compter que verser une prime d’activité, donc réservée aux gens qui bossent, c’est reconnaitre que l’emploi ne permet pas de subvenir aux besoins élémentaires du smicard. Simplement au lieu d’obligé les patrons à verser un salaire décent, c’est l’Etat, donc nous, qui prenons en charge la déficience de salaire….
    Moi je veux bien que l’Etat paye les salaires, mais ça veut dire que l’Etat s’approprie les moyens de production et la richesse en retour ; sinon c’est du vol organisé, du racket au même titre que la mafia

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