À la veille de l’acte XV, les Gilets jaunes clermontois font le bilan

Hier soir, vendredi 22 février, les Gilets jaunes se sont retrouvés au café-lecture Les Augustes pour faire le bilan de trois mois de mobilisation, et débattre des perspectives pour la suite du mouvement.

Ça y est, nous y sommes : le mouvement des Gilets jaunes a entamé son troisième mois de mobilisation. Pour les participants clermontois à la contestation, l’heure est au bilan. Le rendez-vous est donné au café-lecture Les Augustes, la veille de la première manifestation régionale à Clermont-Ferand. Nous arrivons un peu avant l’heure dite ; à l’extérieur, les Gilets jaunes fument une dernière cigarette avant d’aller débattre. Déjà, ils sont suffisamment nombreux pour remplir le petit salon de ce bar bien connu de la gauche locale.

On retrouve sur place un militant antifasciste, qui se trouve là par hasard. Le sujet de discussion est attendu : les institutions clermontoises paniquent complètement. La paranoïa dont ont fait preuve les collectivités locales et la préfecture a quelque chose de presque amusant, alors que tout le centre-ville est barricadé. Dans l’affaire, les médias régionaux ont joué leur rôle habituel en irriguant les fantasmes, et toute la ville semble s’attendre à vivre un épisode de guerre civile. On ne s’inquiète pas trop pour ces rédactions : quoi qu’il arrive, elles trouveront bien une image de dégradation à diffuser. En attendant, il est difficile d’y voir clair dans le flot continu de rumeurs qui circulent dans la capitale auvergnate. Personne n’a d’information fiable et chacun répète ce qu’il croit savoir ; dans ce climat médiatique propice à la crise d’angoisse, certains évoquent l’hypothèse, complètement invraisemblable, d’une cohorte de 400 néo-nazis. De son côté, le militant nous assure qu’un cortège antifasciste sera présent, mais qu’il ne formera pas un black bloc.

En attendant, le débat commence, et les Gilets jaunes s’installent dans le café. Ils remplissent une bonne partie du salon. Au fil de la discussion, il apparaît qu’une certaine proportion des Gilets jaunes présents sont des habitués du mouvement social : militants écologistes, insoumis, amis du Monde Diplomatique, syndicalistes CGT… En conséquence, peu de désaccords apparaissent, mais le débat est animé. Les blancs sont rares, et le contenu assez riche. Après une présentation succincte du mouvement et de son historique, la discussion démarre vite. Quelque soient les sujets, c’est la volonté de changement démocratique qui revient. « Ce que le mouvement a aussi montré, c’est que nous sommes capables de prendre des décisions intelligentes collectivement ! », fait remarquer un militant. Pour autant, la nécessité de renouveler les méthodes d’action émerge naturellement, alors que le gouvernement ne semble toujours pas prêt à plier.

Le deuxième thème était inévitable : le référendum d’initiative citoyenne (RIC), revendication principale des Gilets jaunes qui doit permettre au peuple de légiférer lui-même, occupe tous les esprits. Il est introduit par une courte vidéo, Zoom sur le RIC, intéressante mais peu nuancée. La présentation par les Gilets jaunes, en revanche, est plus fournie. Ils en ont conscience : l’idée du RIC et son application sont deux choses différentes. « Macron nous donnera certainement un RIC, mais il en aura fait quelque chose de contraire à notre revendication », soulève quelqu’un. Pour éviter cela, les Gilets jaunes n’en démordront pas : le RIC « doit s’appliquer en toutes matières, être écrit par le peuple, et s’accompagner d’une presse vraiment indépendante ». La discussion se poursuit sur trois autres thèmes : les stratégies de lutte pacifiste, la réappropriation des médias, et la consommation responsable. Pour ceux-là, il s’agit plus de recueillir les idées de chacun, de faire le tour des initiatives qui existent ici et ailleurs. On y parle d’écologie, d’une critique des médias qui prenne en compte le poids de la hiérarchie dans les rédactions, de fin de la propriété privée agricole. Le débat se poursuit au-delà de l’horaire prévu, et il reste encore beaucoup à dire quand il se termine pour laisser l’établissement fermer. « Ce soir, on a fait vraiment de la politique », conclut un Gilet jaune.

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