Chronique d’une ex-banquière: à nous la finance!

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Publié le 04 avril,

Mardi 03 avril, à la Maison du Peuple de Clermont-Ferrand, les « Chroniques d’une ex-banquière ». Une conférence gesticulée avec la belge Aline Fares, qui rejoue pour nous, son parcours professionnel atypique passant d’une grande banque à une grande ONG. Avec un poil de cynisme, elle décortique le fonctionnement des institutions qu’elle a traversées et arme le public pour mieux penser la finance et les banques.

En décor, la salle de réunion du CA de Dexia. Le contexte, octobre 2008, crise des grandes banques européennes. Aline Fares, costard d’homme, cheveux courts et grandes lunettes, prend la parole en bout de table « On s’approche des targettes… ».

On ne comprend pas tout et elle le sait. « C’est chiant hein ? » finit-elle par lacher en sortant de son rôle de banquière. C’est chiant oui mais ça ne dure pas.

Pendant plus d’une heure, Aline Fares alterne saynettes inspirées de sa vie et commentaires explicatifs du système bancaire et financier, toujours avec un petit brin d’ironie. Elle parle « d’ambiance Sissi l’impératrice » quand Dexia met les petits plats dans les grands pour l’ouverture d’une nouvelle filiale à Monaco. Elle nous fait ensuite revivre cette phase de transition existentielle de sa vie, lorsqu’elle désire quitter la banque et postuler pour Finance Watch, une organisation qui vise le développement d’une finance régulée et au service de la société. Elle s’inquiète du manque de fibre sociale reflétée dans son Curriculum Vitae qui brille surtout par ses 9 ans d’expériences chez Dexia…

Une question transversale guide la conférence. Quel rôle peut-on jouer pour faire évoluer le système bancaire ? Aline Fares a commencé par vouloir le modifier de l’intérieur. Jusqu’à ce que son patron lui dise qu’il n’avait pas le temps pour le développement durable. Elle se positionne alors dans la régulation du secteur en rejoignant Finance Watch. Mais elle en cerne rapidement les limites. La jeune ONG composée d’experts, joue avec les règles imposées par les banques. Elle est un poids plume et concourt face au lourd arsenal de lobbyistes travaillant à temps plein pour défendre le secteur financier. On en décompte 1700 à Bruxelles contre à peine une vingtaine de défenseurs d’une finance plus encadrée. Aline Fares réalise que la régulation n’est pas un outil suffisant et qu’il sera nécessaire de changer les règles pour modifier le système.  C’est ainsi qu’elle en arrive à tenter le pari de tourner avec son histoire mise en scène sous forme de conférence gesticulée. Une forme qui selon elle « est plus dynamique qu’une conférence classique et pousse à l’échange en fin de présentation ».

Au fur et à mesure, elle prend le temps d’amener le public à des questionnements basiques mais essentiels. Par exemple, qu’est-ce qu’une banque ? La maximalisation des profits ne peut pas être une définition suffisante car, c’est une caractéristique commune à beaucoup d’entreprises privées… Ce qui caractérise l’institution financière selon Aline Fares, c’est l’allocation de crédit et le pouvoir de choisir les projets qui seront financés. Cette mise en perspective permet de recentrer le débat et de ne plus le limiter à des questions techniques. Il ne s’agit plus de savoir comment recadrer le secteur financier, mais plutôt de « se poser la question de qui peut légitimement maitriser ces super-pouvoirs qui permettent aux banques de décider, par le crédit, quelles idées verront le jour ou pas ». La question se politise et les perspectives de changements s’élargissent.

Pour ne pas abandonner son public avec le sentiment que rien ne peut être fait contre ce système et pour le remettre à l’endroit, l’ex banquière distribue des brochures pleines d’idées et de ressources pour se mobiliser. Livres, films, pièces de théâtre, organisations et collectifs, des dizaines de pistes pour explorer le sujet et trouver la manière de s’investir qui nous convient le mieux.

Première étape pour s’approprier le sujet ? Aller voir Aline Fares ce soir à 20 heures à Vichy à la maison des associations ou, demain à Moulins à la Salle des fêtes pour une petite remise à niveau financière.

Gwendoline Rovai

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