De la responsabilité des médias

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De la responsabilité des médias.

 

A Médiacoop, nous nous sommes toujours abstenus de donner des consignes de vote. Notre politique active est de relayer les luttes sociales et environnementales. Nous pensions, à des degrés différents, que l’enveloppe dans l’urne était illusoire, bien souvent, que ça ne changeait pas la face de notre monde. Que tous les présidents se valent à peu près. Nous votions, pour la plupart, pour le moins pire, plus ou moins convaincus. Et nous luttions de façon différente pour tenter d’améliorer la politique, à notre échelle. Nous étions du côté des opprimés. Nous donnons la voix aux détenus, aux gens de la rue, aux combats des salariés, des violentés du système, des meurtris à jamais…

 

Nous estimions que nos reportages et nos films suffisaient à faire réfléchir, et que nous n’étions ni des dieux, ni des maîtres, que nous n’étions pas là pour influencer, mais pour informer.

Aujourd’hui, nous le regrettons car les médias de masse ne se sont pas gênés. Ils ne se sont pas gênés pour parler de tout sauf des programmes. Pour poser les mauvaises questions, pour tenter encore une fois à coup de sondages, manipuler le peuple. Manipuler par l’image, c’est si simple, on vous fait palpiter le cœur devant Top chef, à coup de musique stressante, et de coupes brutales. Pour réduire au possible les prises de parole des empêcheurs de tourner en rond, comme le démontraient nos collègues de l’huma :

http://www.humanite.fr/le-temps-de-parole-bafoue-de-melenchon-635102

Le cirque médiatique a fait son jeu, créant à lui tout seul, aidé par les puissants, leur candidat. Un ancien banquier, positionné à l’Elysée, connaissant déjà toutes les combines et les bonnes adresses. Un parfait petit robot dont les grands groupes détiennent la télécommande. IL ne lui restait qu’à fignoler un programme en quelques mois, et de se revendiquer ni de la droite ni de la gauche. Les médias, leurs patrons, ont fait le reste. Ils ont fait aussi en sorte que Marine Lepen monopolise la deuxième place, à coup de frayeur. Le vote de la peur. Il suffit de regarder les JT pour s’en apercevoir. Diviser pour mieux régner. Nous continuons de croire que les gens ne sont pas idiots, ni racistes, juste épuisés. Epuisés en rentrant du boulot, juste assez vivants encore pour se caler dans le canapé à regarder les publicités et les séries américaines. Les débats aussi.

Les gens ont suivi à la lettre ce que leur demandaient les sondages. Ils ont écouté à la lettre le fait que Mélenchon était de l’extrême gauche. Ils ont écouté à la lettre que Macron avait un programme solide. Ils continueront d’écouter à la lettre que Hamon était utopiste, Poutou bien mignon mais en dehors de la réalité, et Fillon la victime des médias indépendants tels que Mediapart et Le Canard enchaîné.

Ils ont réalisé le fabuleux tour de passe-passe de nous faire passer Hollande pour incapable de se présenter au deuxième tour pour qu’un autre, plus jeune, puisse continuer exactement la même politique. Cette politique que tout le monde déteste mais pour laquelle 23% d’électeurs ont voté. Pour dire comme ils n’ont pas lu le programme. Réfléchissons à la cohérence dans ce pays dans lequel à Oradour sur Glane, 20% des électeurs ont voté pour Marine Lepen, un pays dans lequel Jean Lassalle fait plus que Philippe Poutou, sans avoir une seule fois énoncé un bout de programme.

Comment expliquer cela ?

Nous l’expliquons par le fait que notre société est devenue une grande salle de spectacle avec ses héros, ses drames, et ses pouces renversés face à des gladiateurs qui périssent sous nos yeux. Les élections ont été un jeu, avec des éliminations, et nous avons voté. Koh Lanta n’est pas plus cruel, en troublant les règles du jeu. Car, les dés sont pipés, les présidents choisis depuis longtemps. Nous avons juste participé à la grande mascarade, au nom de la démocratie.

Alors voilà, à Mediacoop, on fréquente, les prisonniers, les SDF, les caissières endettées, les salariés licenciés, les infirmières en burn-out, les agriculteurs dépressifs, les gamins des quartiers, les mères célibataires, les violentés, les abusés, les maltraités de notre monde, et nous le sommes tous, bouffant des OGM tueurs pour enrichir les puissants entrepreneurs camarades de Macron, respirant l’air pollué des grandes sociétés mortifères, financeuses (mot valide au scrabble !) de la campagne. Combien êtes-vous, combien sommes-nous à voir les gens que l’on aime mourir de cancer dus au lobbying du nucléaire ? Combien êtes-vous à vous rendre au chevet de votre enfant empoisonné d’un cancer ? 13% de cancers infantiles en plus cette année encre. Combien sommes-nous à appeler d’une voix chevrotante notre banquière en fin de mois pour demander un petit surplus de découvert ? Combien sommes-nous à ne plus avoir confiance ni en la justice, ni en la police ? Combien sommes-nous à connaître le mail d’un conseiller pôle emploi ? Combien sommes-nous à avoir mal aux yeux mais à ne pas oser nous faire soigner de peur de ne pas pouvoir payer notre paire de lunettes ? Combien sommes-nous à avoir l’envie de chialer en croisant un enfant sur les trottoirs ? Combien sommes-nous à ne plus oser le regarder dans les yeux ? Combien sommes-nous, à être maltraités par ce système en place ? Combien êtes-vous à ne plus oser l’ouvrir de peur que ce soit pire ? Combien êtes-vous à idolâtrer les lanceurs d’alerte pour leur courage, mais à vous résoudre de ne pas les suivre, par peur ? Peur du pire…A vous contenter du fébrile équilibre que vous avez acquis sur ce fil de plus en plus fin ? A vous dire qu’il faut penser à sa gueule maintenant, parce que, sinon, vous serez les prochaines victimes encore plus violentées du système ? De peur que bientôt le système vous rejette ?

Et bien à Mediacoop, on ne veut plus de maltraitance étatique. Voter est un droit, pas un devoir. Nous ne voterons pas au deuxième tour. Nous voulons continuer à user de notre droit à notre bon vouloir. Nous ne voulons plus jouer à ce jeu auquel nous avons cru, cette fois encore. Macron réduira l’assurance chômage et l’assurance maladie, soutiendra le CETA ( le seul des 11 à le faire !)  et aidera un peu plus les entreprises. ON vous dira si son arrivée au pouvoir sera bénéfique à la scop que nous sommes, à l’entreprise que l’on a créée avec nos pinceaux de rêves et nos couleurs d’espoir ? En attendant, la bourse se gave, 8% des valeurs bancaires en hausse ce matin à Paris. Et nos salaires ?  Sans autre programme, que de suivre le marché.

 

Nous ne serons complices d’aucun hold-up démocratique de ce banquier ni de l’héritière richissime raciste et homophobe. Bref, ne vous inquiétez pas, nous restons à vos côtés à vous, ceux qui font réellement avancer la France. En marche dans le bon sens. Dans les rues et la vraie vie. Et puis dans les rêves aussi !

Bon courage les amis.

 

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