Du bronze dans la vallée verte, de l’or dans les coeurs

A saint-Nectaire, la semaine dernière, près de l’Office de tourisme, de drôles de rituels se déroulaient sous les arbres feuillus. Hamadou, burkinabé, apprenait à travailler le bronze à ses stagiaires, venant tout spécialement pour lui. Un peu plus loin, Julie tenait le stand de bijoux et statuettes réalisées par l’artiste venu spécialement en France cet été. Récit d’une parenthèse enchanté.

D’abord, il faut s’émerveiller de la route qui mène à Saint-Nectaire, le village en contre-bas. Sous le soleil auvergnat, abrités par les arbres, un homme, une femme travaillent le bronze et terminent les statuettes réalisées par leurs soins.  » Je suis venue exprès de Haute-Loire pour travailler avec Hamadou. j’avais dessiné mes objets mais je ne savais pas s’il me serait possible de les couler en bronze. le but est de créer des pendentifs » raconte une jeune femme en touchant une multitude de petits animaux fantasmagoriques. En face d’elle, autre style, un ancien postier passe une partie de ses vacances dans la région, et il voulait absolument s’essayer à ce genre de sculpture. Lui a fait une grosse pièce : deux êtres qui s’enlacent. Hamadou, l’artiste venu du Burkina Faso lui ne pipe mot, il est trop attentif à nettoyer les dernières pièces de ses stagiaires. Il faut dire que pour lui, l’enjeu est de taille. Reconnu au Burkina comme l’un des meilleurs façonneurs de bronze, il sait aussi allier les métaux avec un coeur en or ! Hamadou reverse une partie des bénéfices du stage à l’association Fô Gninta. ( Bon Coeur en langue Bissa). C’est Julie qui explique tout ça : Cette jeune ergothérapeute française s’est installée au Burkina après un premier stage dans le pays. «  Je suis tombée amoureuse de l’ambiance, de la vie là-bas… » Elle y rencontre le frère de Hamadou qui vient de créer l’association, d’abord dans l’idée de rapprocher les jeunes avec l’art, car trop de gamins errent dans les rues sans but. Mais très vite, il se rend compte que c’est d’une école dont le quartier a besoin. Julie va donc reprendre le flambeau en créant une école pour accueillir les enfants en âge d’entrer en maternelle. Aujourd’hui, Julie qui , en plus d’être ergothérapeute, présidente de l’association est aussi la directrice de l’école, qui accueille 120 élèves de la première année de maternelle au CP.  » Nous avons fait le constat que ces enfants du quartier arrivaient en CP sans avoir manier la langue française, or, il faut le parler dès la première année d’école primaire. Or, l’Etat ne crée pas d’école maternelle. » Et pour ces enfants souvent orphelins, il est compliqué d’arriver dans la scolarité sans déjà avoir accumuler du retard. Pour faire fonctionner l’école, Julie et l’équipe pédagogique ont mis en place une participation des parents de 30 euros par an afin de payer les enseignants. mais ne paient que ceux qui peuvent. Aujourd’hui, l’école recueille 113 enfants, 4 enseignants et une aide-ménagère. Pour financer davantage, Julie et Hamadou viennent en Europe pour la troisième année afin de proposer des stages. Cet été, 4 stages ont déjà eu lieu en Belgique, dans les landes, et deux en Auvergne. Pour les trois jours, il faut compter 130 euros et le bonheur de repartir avec ses propres créations.

Quant à Hamadou, son travail commence à être reconnu, la preuve en est, cette exposition au parc floral de paris du 24 juillet au 24 août sur le thème du mariage de la nature et du bronze. Hamadou a appris dès l’âge de 12/13 ans à manier le métal. Il travaille beaucoup pour les revendeurs au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, des pays plus touristiques. Il faut dire que la technique du bronze est très particulière au Burkina Faso, avec une préparation de mélange d’argile et de crottin d’âne pour préparer le moule. Dans les autres pays, on utilise plutôt le sable. «  Nous ne sommes qu’une cinquantaine d’artistes à vivre du bronze au Burkina et à être reconnu pour notre art. »

L’association recherche d’autre lieux de stages en attendant leur départ en septembre. «  Il s’agit souvent du hasard des rencontres  »

Comme ici à Saint-nectaire, Céline, professeure des écoles, est aussi bénévole de l’association en charge du  » Vallée Verte Festival  » qui se déroule du 12 au 25 août dans toute la vallée. Céline a entendu parler de ces stages de bronze et a eu l’idée de proposer d’en faire un à Saint-nectaire.

«  Nous sommes un lieu atypique de l’Auvergne, notre vallée est magnifique, de nombreux jeunes commencent à s’y installer pour le confort de vie, et nous créons désormais des choses comme notre festival qui s’étale sur différents lieux patrimoniaux ou naturels et appelle à l’éclectisme et l’échange avec une programmation variée. »( Que vous pouvez retrouver ici : https://www.saintnectairevalleevertefestival.com)

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