Épisode 7 – La Famille

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Famille,

 

Bon déjà, tu as deux sortes de famille, la famille naturelle ou génétique et l’autre, celle que tu t’es faite.

La famille, la vraie, celle-là, elle ne te lâche jamais. Elle s’inquiète, elle te soutient. Moi je préfère ma mère, mon père est un connard, mais je l’aime, c’est mon père…

Ta famille elle te trouvera toujours une excuse, elle culpabilisera même de tes propres conneries. C’est d’ailleurs dur pour nous, ça, car, nous savons bien que nous sommes les seuls responsables. Ils ne nous enfoncent jamais. Après tu as des potes qui sont comme des petits frères. Mais par-dessus-tout, on a notre mère. On a un lien particulier avec elle. Tous, dans cette salle. Si un jour je n’ai pas le choix, je choisirai ma mère plutôt que ma femme. La maman, c’est au-dessus de tout. Je me souviens de la seule fois où j’ai vu ma mère en prison, elle est venue à un parloir, elle était en larmes, je n’ai plus jamais voulu qu’elle vienne. J’ai mis des semaines à m’en remettre. Ca m’a fait trop souffrir de la voir. Je crois que c’est là que j’ia pris conscience que j’avais fait une connerie.   Plutôt que la prison, on devrait nous mettre face à nos mères en larmes, c’est radical !

Malgré tout, on a envie de la voir, notre maman, mais ça fait trop de peine…

Ta mère c’est la seule personne qui te pardonnera toujours… »

 

«  Moi j’ai retrouvé la mienne, il ya 2 ans. Je m’ne veux de lui avoir fait des crasses. La prison c’est pire pour la famille pour la famille que pour nous. Elle s’imagine que c’est pire que la réalité. Alors, on passe notre temps en parloir à les rassurer. On ne craque jamais devant nos familles. On ne se confie jamais à elles au parloir. Ma mère elle m’a demandé si ma cellule c’était plus petit que la pièce du parloir. C’est universel ce que pense une mère. Y’a Dieu et puis y’a ta mère. D’ailleurs, on le dit bien «  le paradis est au pied de ta mère. »

Et elles ne se rendent pas compte nos mères, parfois elles nous emprisonnent une seconde fois quand elles sortent des phrases du genre «  Noël quand tu n’es pas là, c’est pas Noël… »

Mais certaines mamans sont obligées de venir chaque semaine, elle ne survivrait pas sinon. D’autres sont dans l’incapacité de venir. C’est affreux car tu sais que la vie de ta mère tourne autour de la tienne.

 

«  Et puis nos enfants, c’est terrible ça…d’imposer à tes enfants de venir passer du temps en prison. Alors, dans mon milieu, j’ai envie de te dire que tous les copains ont un père ou un oncle en prison, pour les miens c’est la normalité. Mais la première fois, quand le parloir s’est arrêté, ils ont pleuré, maintenant ils prennent du plaisir à venir. C’est terrible le moment du départ, je les arracherais pur les cacher dans ma cellule et leur payer des raviolis…Quand je les vois, je vais mieux, ils sont importants. Eux et leur vision naïve et sans jugement.

 

«  On ne dit jamais au parloir qu’one ne va pas bien. On leur dit même qu’on n’a pas besoin d’argent alors qu’on n’en a jamais. Tout va bien, on n’a besoin de rien, mais nos mères, nos femmes, elles sentent tout… 

Au pire du pire, tu te confies à ta femme, mais le mieux c’est de pleurer tout seul, en cachette, une fois que tout le monde est parti.

C’est ta famille que tu as foutu en prison, en fait…

 

Ici, tu ne te fais pas vraiment de famille, même si on est solidaires. On se soutient. Ne promenade, quand on voit un gars qui va pas bien, on va le voir. Mais malgré tout, ici, tu rentres seul, tu sors seul. Et malheureusement, ici, ce n’est pas une famille que tu trouves mais tu agrandis ton réseau, le mauvais.

Ici, tu rentres CAP délinquant, tu sors avec un Bac + 5  bandit. »

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