Épisode 9 – Question de Récidive

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«  Moi je suis pour un centre de rééducation renforcée pour toutes les premières fois. Le truc, aussi, c’est qu’il existe mille sortes de détenus. Les malades sexuels, j’ai l’impression que ce sont eux qui font gonfler les chiffres de la récidive. Les mecs ils sont malades, personne ne sait les guérir, alors ceux-là, t’as beau leur faire purger des peines de 10 ans, ça ne les calmera pas, paraît que c’est plus fort qu’eux. Mais les jeunes d’aujourd’hui, et ce sont eux qui peuplent les prisons actuellement, ils n’ont pas besoin de règles, ils ont besoin d’attention. Et ceux-là on peut les sauver. Ils sont incarcérés pour trafic, recel, vol, parfois violence, mais ce ne sont pas des voyous, ce sont des délinquants, c’est différent. Eux, quand ils arrivent la première fois, il faut vraiment les prendre en charge.  On les appelle les Primaires, ici. Déjà, il faudrait les mettre ensemble, qu’ils ne croisent jamais le vrai taulard qui va les mener dans le mauvais chemin. Et je pense qu’il leur faudrait des référents parmi les détenus. Un mec qui sera capable de les remettre dans le droit chemin. Aucun éducateur ne sait faire ça. Mais entre nous, on arrive à se raisonner. C’est comme les histoires de radicalisation. Parfois on en voit ne promenade, on va leur parler, on leur dit que quitte à croire au paradis, mieux vaut un paradis artificiel que d’aller tuer pour chopper des vierges ! Ceux-là, en promenade, on parle vraiment avec eux, et certains se confient, ils n’ont trouvé que la religion pour supporter leur existence. Le problème c’est que comme ils sont considérés comme dangereux, on les met en isolement, et là, sans personne pur les recadrer, ils vrillent vraiment. Ben pour les primaires, c’est pareil, tu les confrontes à un vieux braqueur, qui va lui tirer les oreilles, et lui dire d’arrêter ses petits trafics, ça marchera direct. Il ne faut pas croire mais certains sont très respectés ici. On le sait, une fois qu’on est là, on a vite fait de sauter pour rien. Une fois en prison, tu es condamné à vie. Parce que bien sûr, personne n’est duper ici, la justice n’est la même pour personne.

Puis tu t’habitues à la prison, tu crois que c’est ça la vie. Alors qu’avant d’y rentrer, tu t’imagines exactement le contraire de ce que tu vas vivre. Quand tu arrives dans une cellule, pas ici, mais dans l’ancienne prison, je partageais ma chambre avec 11 autres détenus. Dans ta tête, tu réfléchis à ta survie au lieu de réfléchir à tes conneries. Or, c’est ça qui devrait être important, c’est profiter de ta détention pour te remettre en question, apprendre à te pardonner, à expliquer ton délit ou ton crime. Mais, ton esprit est toujours parasité. Lorsque tu es en mandat de dépôt, tu ne sais pas combien de temps tu vas rester, tu réfléchis à ta défense, à ton procès, tu n’es jamais serein. Oui, il faudrait qu’on s’épaule les uns les autres, que certains soient référents pour les nouveaux. Et qu’on parle beaucoup, qu’on discute et que quelqu’un nous dise qu’on peut s’ne sortir, qu’on peut être quelqu’un de bien…moi, de toute ma vie, personne ne me l’a jamais dit… »

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