La démission de Nicolas Hulot vue par les acteurs locaux de l’environnement

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Publié le 29 août 2018

 

 

Au lendemain de la démission du ministre de l’écologie, nous avons demandé à Nicolas bonnet, élu Europe Ecologie Les verts à la mairie de Clermont-Ferrand, Fatima Parret, Conseillère régionale Europe Ecologie Les Verts, et à alternatiba 63 de nous donner leurs impressions. 

 

Alex, membre actif d’Alternatiba 63:

Et si la démission de Nicolas Hulot était finalement un acte salutaire pour la cause environnementale?« Je me surprends tous les jours à m’accommoder des petits pas », a-t-il déclaré, soudainement conscient d’avoir avalé de bien nombreuses couleuvres durant les 15 mois qu’il a passés au sein du gouvernement.Sa nomination, sans susciter d’enthousiasme débordant, avait pourtant rassuré une partie de la société civile qui ne remettait pas en cause la sincérité de ses engagements.Mais des états généraux de l’alimentation (où la filière de l’agriculture intensive a obtenu beaucoup au détriment du bio, du gaspillage alimentaire et du bien-être animal) à l’absence d’avancées réelles sur l’interdiction du glyphosate, en passant par la frilosité sur la sortie du nucléaire ou l’adoption du CETA sans contrepartie environnementale, nombreuses sont les raisons de se plaindre de l’action du désormais ex-ministre de la transition écologique et solidaire.Comme pour s’en excuser, Nicolas Hulot dit d’ailleurs avoir souffert du manque d’importance accordée à l’écologie dans ce gouvernement (quel euphémisme!). Il a découvert combien l’oreille du chef de l’Etat était plus attentive aux lobbys qu’à son ministre et en a tiré les conséquences que l’on sait. Il est vrai que parler biodiversité et défense de l’environnement avec les chasseurs en zappant volontairement des associations comme la LPO a de quoi faire grincer des dents.Dès lors, la démission de Nicolas Hulot ne met pas seulement le gouvernement face à ses responsabilités, mais elle permet peut-être aussi d’espérer enfin une prise de conscience de l’urgence de la situation climatique. Les « petits pas » ne suffisent plus. Il faudrait être bien naïf pour croire que les choix politiques climaticides amorcés par le gouvernement actuel vont soudain changer de cap. Emmanuel Macron continuera certainement de mépriser les aspirations d’une part grandissante de la population, de faire comme si de rien n’était. Il peut cependant a contrario profiter de cette crise politique pour faire en sorte que son « Make the planet great again » ne soit pas qu’un slogan.Mais ne nous y trompons pas, la seule manière d’infléchir la politique du gouvernement est d’en passer par un mouvement citoyen d’ampleur, à travers les associations de protection de l’environnement, à travers une mobilisation citoyenne comme le permet par exemple l’édition d’Alternatiba 2018 les 6 et 7 octobre à Bayonne… Les multiples manifestations du dérèglement climatique cet été ont fait prendre conscience à de nombreuses personnes de l’urgence de la situation. Les raisons qui ont poussé Nicolas Hulot à démissionner prouvent qu’on ne peut plus se contenter d’attendre des décideurs sans agir. C’est donc à nous, citoyens, de nous réapproprier la question, de nous engager dès maintenant, de nous montrer plus persuasifs que les lobbys. Les politiques suivront.Parler d’écologie ne suffit plus, il faut agir. La démission de Nicolas Hulot et l’émotion qu’elle a suscitée doit permettre ce sursaut citoyen.

 

Nicolas Bonnet, élu EELV à la mairie de Clermont-Ferrand:

Cette démission n’est pas une surprise : quand on compare les politiques menées par Emmanuel Macron et son gouvernement avec les idéaux écologistes qui sont ceux de Nicolas Hulot, le décalage est flagrant. Nicolas Hulot est conscient que la nécessaire transition écologique implique d’importantes évolutions de notre société, et que ces changements sont urgents. Or là, il ne parvenait qu’à faire des « petits pas », et bien souvent ces petits pas étaient même contrebalancés par des pas plus grands dans le sens inverse de ce qu’il prônait. Il a fait un constat clair sur France Inter : il n’avait pas suffisamment de moyen pour peser dans les décisions, pas suffisamment de rapport de force. Il soulignait notamment que cela vient du fait qu’il n’avait ni député ni parti politique derrière lui, mais aussi que la société dans son ensemble ne se mobilise pas assez sur les questions écologiques, ne fait pas assez pression sur les décideurs. J’estime que ça accrédite ce que les écologistes politiques disent depuis longtemps : on ne fera pas d’écologie sans les écologistes. Une personne seule, un ministre seul dans le cas présent, ne peut rien, il ne faut pas attendre tout d’une personnalité providentielle, il faut au contraire jouer collectif en portant dans toutes les institutions le plus possible possible d’élus convaincus de l’urgence écologique, et aussi en se mobilisant dans le monde associatif/politique pour créer des collectifs assez forts par leur nombre pour peser dans les débats et faire connaître largement enjeux auxquels nous sommes confrontés et les solutions qui existent pour y répondre.

 

Fatima parret, conseillère régionale EELV:

Je partage ce que dit Nicolas bonnet. J’ajouterai qu’il pensait influencer les décisions et qu’il espérait plus de victoires. Que sa démission était attendue car en dehors de l’abandon du projet de l’aéroport de notre Dame des Landes il a été peu écouté. Qu’il a perdu ses arbitrages sur la biodiversite et sur l’agriculture… Ça sera pire sans lui dans ce gouvernement ultra liberal mais il ne sera plus la caution ecolo de macron … J’ai trouvé ses paroles très fortes.

 

 

 

 

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