La métropole vote le Rifseep malgré la mobilisation de ses travailleurs

L’intersyndicale des travailleurs de la métropole n’est pas parvenue à empêcher le vote du Rifseep, ce vendredi 16 novembre. Malgré quelques avancées gagnées par la lutte, les représentants syndicaux restent insatisfaits. Un nouveau mouvement de grève est envisagé dès janvier 2019.

 

Menés par une large intersyndicale (CGT, FO, CFDT, Solidaires, FSU, UNSA) et par la CFTC, les travailleurs de Clermont-Auvergne-Métropole ont investi le conseil de la collectivité, ce matin. Au centre de leurs revendications : le rejet du Rifseep, le nouveau régime d’indemnité qui encadre leurs primes. Une bataille menée depuis plusieurs mois déjà, et au cours de laquelle les syndicats ont déjà obtenu le maintien de la prime d’insalubrité et la revalorisation de la prime de travail le dimanche. Les organisations de salariés dénoncent également un système de prime qui bénéficie davantage aux professions à dominante masculine, creusant les inégalités salariales.

 

Devant la détermination des grévistes, la séance est interrompue aux alentours de 9 h 45. Une pause d’une demi-heure qui donne lieu à une dernière discussion entre élus et représentants du personnel, avant le vote du Rifseep, avancé pour permettre aux travailleurs d’y assister. Olivier Bianchi ouvre la discussion, mettant en avant un régime indemnitaire plus favorable aux agents de la métropole qu’à ceux de la ville de Clermont-Ferrand. Sur l’égalité salariale, il invoque des augmentations de salaire qui touchent la même proportion de femmes que d’hommes. Il insiste sur sa participation aux négociations durant le mouvement de grève, et invite à « ne pas écouter les démagogiques ».

 

À son tour, l’opposition prend la parole. D’abord les élus communistes, qui soutiennent le mouvement social. Attaquant au passage l’action du gouvernement Macron en matière de budget (suppression partielle de l’ISF, gel du point d’indice des fonctionnaires, contrat de Cahors…), Cyril Cineux dénonce une individualisation des primes, menant à la casse du régime indemnitaire à moyen terme. Il demande « un geste pour reconnaître la valeur du travail des agents », et annonce qu’il votera contre le Rifseep. La France insoumise se fait plus offensive, à travers la voix de Florent Naranjo : « Les avancées, quand on est de gauche, on les propose », attaque-t-il, « on n’attend pas d’y être acculé. » Comme son collègue communiste, il salue l’unité syndicale en cette période d’élections professionnelles. Et n’épargne pas la politique budgétaire du président de la métropole : « Je vous trouve un million d’euros tout de suite : arrêtez d’exonérer Michelin ! » Il n’y a que le groupe socialiste pour prendre la défense du nouveau Rifseep, qu’il souhaite « continuer à améliorer » notamment par la close de revoyure, qui doit être appliquée en 2020. Tout en soulignant les limites imposées par le contrat de Cahors. « Ce n’est pas une volonté politique, c’est une contrainte budgétaire », insiste Pascal Guittard, sans répondre à une partie de l’opposition qui souhaite voir la métropole refuser le cadre de ce fameux contrat. L’issue du vote est sans surprises : le Rifseep est adopté. Mais avec 20 abstentions et 15 votes contre pour 50 votes en sa faveur, le texte est toujours loin de faire l’unanimité.

 

À la sortie du conseil, l’intersyndicale se réunit à nouveau pour décider des suites du mouvement. Si la grève n’est pas reconduite pour le moment, les organisations restent largement opposées au Rifseep, dénonçant un régime qui bénéficie toujours aux catégories A au détriment des autres catégories et des nouveaux arrivants. « Quand à la close de revoyure, c’est du pipeau » fustige Nicole Sininge, représentante de la CGT. « Elle est prévue pour dans deux ans, mais c’est trop facile ! Dans deux ans, les forces politiques ne seront plus les mêmes, et on ne sait pas qui sera président de la métropole à ce moment-là. Ce n’est pas un engagement fiable. » L’intersyndicale a déjà prévu de repartir au combat en janvier, cette fois sur la question de la mutuelle et de la prévoyance. Soudés par la lutte, les six syndicats qui la composent devraient être de la partie, peut-être rejoints par la CFTC (qui a participé séparément à la mobilisation sur le Rifseep).

 

Davy Delfour

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