» L’instruction est obligatoire, mais pas les enseignants ? « 

C’est le cri de parents d’élèves qui attendent depuis la rentrée une remplaçante pour la classe de petite section de l’école Michelet à Clermont-ferrand., ou celui des parents d’élèves de la classe de CE1/CE2 de l’école de Beauregard Vendon. Deux situations qui rappellent à elles seules le manque de moyens dont souffre de plus en plus l’Education Nationale…

Ce matin-là, les enfants étaient tout excités. Ils devaient se rendre au cinéma. Mais comme depuis quinze jours, ils ont été, en fait, dispatchés dans d’autres classes, déjà bien surchargées. 28 élèves par classe en moyenne. Auxquels on rajoute les 28 enfants de trois ans , orphelins d’enseignants.  » Nous savons que cette maîtresse est arrêtée jusqu’en janvier. On a beau se renseigner, personne n’est capable de nous dire quand nos enfants auront droit à leur classe.  » D’ailleurs, alors que le président Macron a martelé que l’enseignement était obligatoire dès 3 ans en cette rentrée et a rappelé l’importance de l’école maternelle, dans le même temps, les moyens pour accueillir les enfants sont dérisoires. Car si les enfants n’ont plus d’enseignants, c’est parce qu’il n’y a plus aucun remplaçant dans tout le département.  » Les contractuels embauchés l’an passé ont été remerciés en juillet, le rectorat les rappelle un par un, mais certains ne sont plus disponibles. Le gouvernement fait sauter des postes de remplaçants car c’est assez invisible pour le grand public et ça permet de faire des économies. Sauf qu’on en arrive à des situations de classes sans professeur.  » Explique un enseignant.

Pour les collègues de la professeure absente, il faut donc gérer. Accepter dans sa classe 5 ou 6 petites sections en plus. «  On se retrouve à 34 élèves dans la classe…une aberration » souligne une des enseignantes impactées.  » On demande aux parents qui le peuvent de garder leurs enfants chez eux..Un comble après le discours du président sur la scolarisation dès le plus jeune âge. »

Une rentrée ratée pour ces enfants qui vont pour la première fois à l’école. «  Nos enfants sont déboussolés, on leur promet des sorties scolaires, ils n’y vont pas, chaque jour, ils sont trimbalés dans une classe qui n’est pas la leur, alors qu’ils démarrent dans leur cursus scolaire, on les bouscule, et ne pas savoir chaque matin s’ils auront  » leur » enseignant est anxiogène pour eux… »

Les parents reconnaissent pour la plupart un dysfonctionnement et un manque de moyens alloués à l’éducation nationale. «  L’école devrait être une priorité. on ne devrait pas regarder l’argent qu’on y injecte…C’est primordial, c’est comme pour les hôpitaux, il ne s’agit jamais d’argent perdu… » s’indigne un papa.

Une pétition devrait circuler , à partir de lundi devant l’école si aucune solution n’a été trouvée pour ses 28 petits élèves.

 » On veut nous faire déserter l’école publique  »

parent d’élève

Une situation similaire du côté de l’école de Beauregard vendon. Une commune proche de Clermont-Ferrand avec ses 1200 habitants. Loin de la réalité de l’école Jules Michelet en plein cœur de la capitale auvergnate. Pourtant, là aussi, dans cette école, une classe de Ce1/ce2 n’a plus de maîtresse. «  Le jeudi avant les vacances, la maîtresse titulaire a vidé sa classe et n’est jamais revenue. Depuis, les 27 enfants sont dispatchés dans les 4 autres classes, avec parfois les moyennes sections de l’école maternelle.  » Raconte une parent d’élève. Le directeur appelle chaque matin le rectorat afin de savoir si quelqu’un est prévu.  » La réponse est toujours la même, ils ne savent pas. Alors que l’école débute à 8H30, parfois on voit débarquer quelqu’un à 14H pour 1H30.  » Les enfants n’ont donc pas de suivi d’apprentissage. Certains parents ont alors décidé d’acheter des livres et les faire travailler le soir et les week-ends  » Mais ce n’est pas notre rôle… » Pourtant, les parents et les enseignants s’accrochent. Aucun enfant n’a encore été changé d’école. Personne ne déserte l’école publique. Au contraire. Les parents reçoivent le soutien de toute l’école. Pourtant, les enfants sont de moins en moins motivés. «  Ma fille pleure parfois le soir car elle ne sait pas ce qu’elle va faire le lendemain. Les enseignants en place ont décidé d’accorder leurs heures de soutien à cette classe sans professeure entre midi et 14H. «  Du coup, les autres classes n’ont plus ces heures de soutien, elles sont elles aussi impactées…

tract distribué ce vendredi matin devant l’école de Beauregard vendon

Lundi matin à 8 Heures, les enfants seront devant leur école avec des masques  » smileys » tristes pour montrer leur désarroi de ne pas avoir d’enseignant. Mais déjà aujourd’hui, les parents distribuaient des tracts devant le portail, rappelant une autre inquiétude : la maîtresse de Ce2/CM1 doit partir en congé maternité en janvier. Elle a prévenu jusqu’à ses jours d’échographie pour devancer ses absences. Malgré tout, le rectorat est incapable de savoir si elle sera remplacée. Quant aux CE1/CE2, il est possible que la situation reste la même tout au long de l’année : des remplaçants de temps en temps, jour après jour.

Une situation devenue inacceptable pour le corps enseignant, les parents et les enfants : «  Ils veulent quoi ? qu’on mette nos gosses dans le privé ? qu’on paie pour l’apprentissage de nos enfants ? Je ne veux pas de cette société de l’argent et du prisme social pour mes enfants, je veux défendre l’école publique…Mon enfant a droit à son instruction publique, et gratuite…je l’aiderai à obtenir ce droit  » s’insurge un père garé en double file, laissant son fils à l’école, sans savoir s’il y apprendra quelque chose…

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