l’entreprise ACC en danger et convergences des salariés en lutte

Hier, rue du pré de la reine à Clermont-Ferrand, de nombreux militants, majoritairement de la CGT se sont mobilisés pour la survie de l’usine ACC et en ont profité pour parler de la convergence des luttes.

Sous le soleil auvergnat, les bordelais de chez Ford sont obligés de poser les pulls et de coller leur colère contre des poteaux, avec des petits autocollants rouges et jaunes. La veille, ils ont appris que leur usine fermerait laissant sur le carreau les 850 salariés. Malgré tout, ils sont présents, auprès de leurs camarades de l’usine clermontoise actuellement dans une impasse.  » Nous sommes tous dans la même lutte… » Luxfer, Dietal, Aubert et Duval, la SNCF, Constellium, la Banque de France, AIA, La Poste, Orange, Santé Publique, Ford, la RATP, tous ont pris la parole afin de dénoncer les politiques de saccage dans le monde du travail.

L’entreprise ACC spécialisé, entre autre, dans la rénovation ferroviaire, malgré un bon de commande rempli, ne peut entrevoir son avenir sereinement à cause de trésorerie affaiblie. En effet, la structure qui n’a pas d’actionnaire, a déjà vécu un plan de sauvegarde en 2009. Depuis de nombreuses crises dans le ferroviaire ont amoindri le travail, qui a repris avec des nouveaux contrats pour 100 millions d’euros. Les 270 salariés n’ont donc pas l’intention de déserter leur poste. «  On aime notre travail, notre savoir-faire et notre usine… » La preuve en est, ils ne sont pas prêts à l’abandonner dans n’importe quelle main. Parmi les repreneurs sérieux, Bombardier s’est positionné.  » Nous savons qu’ils n’ont pas les compétences, que les clients n’en sont pas satisfaits, que leur politique industrielle n’est pas un exemple à suivre. S’ils nous reprennent, l’usine fermera à coup sûr, dans 2 ans maximum… » explique Anthony, représentant syndical de la boîte.  » Reprendre notre usine n’est pas une mince affaire. Il nous faut un nouveau terrain avec de nouvelles structures afin de pouvoir recevoir les nouveaux trains à rénover. On a jusqu’à 2026 pour déménager. Nous avons d’autres investisseurs qui nous plairaient plus et je pense que sur ce coup-là, il va falloir nous suivre.  »

Le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi a été invité à la discussion avec les salariés, ainsi que les représentants de la région. Les 2 collectivités avaient en effet, apporté une aide de 3 millions d’euros pour la sauvegarde de l’entreprise. «  Il était important qu’ils comprennent notre positionnement et qu’ils expriment parfaitement leur soutien. «  reprend un salarié.

Il faut dire que le temps n’est pas au beau fixe pour les entreprises de la région. Après la fermeture de Luxfer (fabrication de bouteilles de gaz sous haute pression) et 136 salariés licenciés (L’entreprise a voulu les licencier sous motif économique ce qui a été refusé par l’inspection du travail au vu des affaires florissantes de l’enseigne) , c’est Michelin qui a annoncé ces derniers jours un nouveau plan social qui pourrait affecter des centaines d’emplois. (L’usine du CaC 40 a fermé 9 usines en Europe dont 3 en France et supprimé 5500 postes en moins de 10 ans). «  C’est écœurant quand il s’agit d’entreprises qui ont le fric  » s’insurge un salarié de l’entreprise Dietal, elle aussi impactée par une restructuration. Le spécialiste des luminaires assure devoir se séparer de 70 personnes (sur 210 salariés) sur son site implanté à Saint-Georges de Mons (63) afin de pouvoir tenir le choc face à la concurrence asiatique.

Alors en début d’après-midi, c’est un appel à converger qui impose une petite réunion dans l’usine ACC. «  Il faut vraiment créer ce collectif de luttes, à tous les niveaux, que les métallos soutiennent les infirmières… » exprime l’un des ex-salariés Luxfer. Malgré tout, on sent des désaccords : «  La politique de Martinez, je n’en peux plus, chez moi, on ne négocie pas avec les patrons  » s’insurge un syndicaliste venu d’une entreprise basée dans le Nord. Julien, responsable de l’union départementale de la CGT 63 répond «  c’est à chacun d’entre nous de faire bouger les lignes de l’intérieur. nous avons besoin de nous rassembler sur nos convictions. Nous étions 200 aujourd’hui, nous aurions pu être 800…C’est à nous de bosser pour ça… »

Alors que chacun s’accord à dire que le capitalisme  » a fait de l’ouvrier une machine à fric  » nombreux sont ceux qui expliquent aimer leur travail, leur usine, leur structure.

Maître Borie, qui a défendu Luxfer mais aussi l’entreprise creusoise GMS, réfléchit déjà au recours à réaliser.  » Dans les bagarres, la structure syndicale ou autre est souvent indispensable… »

Les salariés le reconnaissent, les combats sont usants.  » Les Ford » l’expriment à travers la voix de Philippe Poutou ou Jérôme Coutelle «  Nous sommes épuisés, nous n’avons pas eu assez de soutien…Mais en Gironde, nous avons pu compter sur d’autres organisations telles que AC Chômage, la CNT ou encore SUD. je crois que nos combats dépassent la ligne syndicale, et qu’il faut élargir aux autres structures qui militent pour les mêmes choses…Quand une usine est en danger, il faut en avertir les salariés mais aussi les habitants. La mobilisation devient plus impactante car une fermeture d’usine touche tout un territoire bien au-delà des murs de l’entreprise. Et si nous sommes nombreux et multiples, le rapport de force avec les politiques s’inversent. « 

Les responsables de la CGT autour de la table expriment leur difficulté à converger parfois, notamment avec le mouvement des Gilets Jaunes. «  La lutte, c’est sur le terrain, pas seulement quand une entreprise va fermer, mais même quand elle va bien. » exprime l’un d’entre eux.  » On est en train de gérer les plans sociaux, or, on doit anticiper les avancées sociales. »

le collectif, plus fort de cet échange informel, a décidé de travailler plus en réseau, et chacun de veiller à l’avenir de chacun. Car encore beaucoup d’interrogations en cette fin de journée quant à l’avenir d’ACC, mais aussi des licenciés Ford ou Luxfer, aux problématiques des services publics, de la Poste, d’Orange.

Mais chacun n’avait qu’une phrase en bouche : «  La lutte continue… »

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