Les travailleurs de la protection de l’enfance demandent plus de moyens pour assurer leurs missions

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Une forte mobilisation est en cours au Centre départemental de l'enfance et de la famille. Les salariés de toutes les catégories demandent des moyens pour assurer une meilleure prise en charge des enfants qu'ils accueillent.

« Accordez-nous les moyens pour protéger les enfants. » Affichée en grand sur la banderole de tête, la revendication du personnel du Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) est on ne peut plus claire. Pour la défendre, ils étaient une soixantaine à manifester devant le Conseil départemental, ce lundi 8 octobre, sans compter les salariés grévistes assignés à leurs postes pour maintenir les services ouverts. « En terme de mobilisation, c’est une réussite », se réjouit Pierre Bourrier, délégué syndical Sud-santé-sociaux et représentant de l’intersyndicale Sud-CGT. « Des représentants de toutes les catégories, de tous les services se sont joints à la lutte pour se faire entendre. »

Car des demandes, les salariés du CDEF n’en manquent pas. Pour commencer, tous réclament la titularisation des contractuels, qui représentent près de 35 % des travailleurs du centre. « Il y a un énorme turnover qui a un impact négatif sur le développement des enfants qu’on accueille », regrettent Mireille et Céline, respectivement psychologue et éducatrice au service de la petite enfance. « Certains restent au centre pendant plus de trois ans, et voir changer les intervenants aussi souvent crée des problèmes affectifs. De plus, c’est très insécurisant pour le personnel. Quand vous passez votre temps à attendre le renouvellement de votre contrat, il est difficile de travailler sereinement. »

Si tous les services du CDEF sont touchés, beaucoup doivent également faire face à des problèmes de sureffectifs. « Il nous arrive d’avoir 17 jeunes en même temps, avec un seul éducateur pour s’en occuper » dénoncent Aurélie et Pierre-Henri, qui travaillent avec des adolescents de 11 à 15 ans en situation d’urgence. « Ils ont besoin d’une relation duelle avec l’adulte, et on ne peut pas le leur assurer. Si nous ne sommes pas en mesure de leur proposer des solutions, les jeunes en trouvent dans la rue. Le risque quand il y a un manque au niveau de nos structures, c’est de voir des jeunes passer par toutes les étapes du social pour finir en prison. » Pour éviter ce genre de drames, les grévistes demandent, entre autres, la pérennisation du service d’accueil de jour destinés aux jeunes déscolarisés (SAJE). « Grâce à ce service, on a un éducateur qui assure un suivi quotidien des jeunes, pour les remettre sur les rails d’un projet scolaire ou professionnel. C’est un travail indispensable. »

Mais si tous les salariés mobilisés se battent pour un maintien, voire une amélioration de leurs conditions de travail, tous s’inquiètent pour La Pouponnière. « Alors qu’on est déjà en sureffectifs, on nous annonce la suppression pure et simple d’un des groupes ! » dénoncent les employés de ce service, qui accueille des enfants de 0 à 3 ans. « Il nous faudrait des locaux deux fois plus grands, avec deux fois plus d’employés. Mais il faut déjà qu’on se batte pour le maintien de ce qui existe. » Programmée en janvier 2019, la fermeture du cinquième groupe devrait entraîner davantage de problèmes de sureffectifs, et laisser une quinzaine d’employés sur le carreau. « À l’heure actuelle, nous ne sommes déjà pas en capacité d’appliquer les décisions du juge. Des temps de visite des parents sont divisés par deux simplement à cause du manque de personnel. »

À l’issue de la manifestation, une délégation d’une dizaine de représentants a été reçue par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme. Mais toutes les revendications n’ont pas été entendues. « Le Conseil départemental s’est déclaré favorable à l’augmentation des effectifs du SEPAD, qui accueille les cas les plus complexes, et à la pérennisation du SAJE », résume Pierre Bourrier. « Il va également étudier les demandes concernant la titularisation des contractuels. » Mais la suppression d’un groupe à La Pouponnière a bien été confirmée par le Conseil départemental. « La restructuration de ce service est envisagée, ce qui fait partie de nos revendications », remarque le délégué syndical. « Mais il s’agit d’un travail de long terme. Comme pour le reste, ce ne sont encore que des mots. On espère que ça va se traduire en actions. Si ça n’est pas le cas, nous saurons répondre. »

Davy Delfour

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3 réflexions sur “Les travailleurs de la protection de l’enfance demandent plus de moyens pour assurer leurs missions”

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