Mediacoop à Leipzg

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Ne nous demandez pas pourquoi ni comment…mais on nous a invités à participer à Leipzig, en Allemagne à un débat sur la protection des journalistes et l’indépendance des médias. Nous, nous avons tout de suite accepté, parce que nous luttons, à travers la Coordination Permanente des Medias Libres, pour la libération des médias. Alors, nous y sommes allés, à l’ECPMF, ( Européan centre for Press et Media Freedom). 

On s’est sentis d’abord un peu bêtes: aux côtés d’Eloïse qui intervenait, un kosovar réfugié en Allemagne parce que les terroristes de l’ Etat Islamiste veulent sa mort. Il est suivi partout, et sur les réseaux sociaux, il reçoit des dizaines de menaces par jour avec des photos de lui en train de boire un coup ou se promener dans la rue. Bref, le journaliste risque sa vie pour son métier. On a bien conscience, qu’en france, on n’en est pas là…au pire, nous, nous risquons la fermeture de notre média et la fin de notre carrière….

Ensuite, Eloïse a pris la parole. Nous avions décidé de dénoncer plusieurs choses: – le fait que ce soit 7 mercenaires qui détiennent 95 % de l’information. Et pas n’importe laquelle…Nous, nous restons persuadés que l’information n’est pas rentable et que les riches industriels n’ont aucun intérêt économique à détenir un média…Alors pourquoi le font-ils? Ben, tout simplement pour pouvoir maîtriser le flux d’informations qui va sortir. 

on vous donne un exemple? allez même deux…

Le premier: il s’appelle Dassault, il vend des armes et gère, entre autre, le Figaro. La France, « grâce » à lui est le deuxième pays exportateur d’armes au monde…La France d’ailleurs aura fait pendant le mandat de F. Hollande la guerre à 7 pays. Bref, la guerre, c’est une affaire qui marche…Mais bizarrement, personne ne critique réellement les interventions armées françaises.  Comment pourrait-on le faire quand on est journaliste au Figaro? Alors, dans les médias français, on ne parle pas de notre business d’armes, de nos armes vendus aux dictatures et ainsi à notre soutien à une violence des pires. 

 

Le deuxième: Il s’appelle Bolloré celui-là..Vous le connaissez, il détient un peu de tout, pas d’armes, mais de l’énergie, des chaînes télé, et même, il préside un institut de sondage, celui du CSA…( le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), alors, on sait désormais à quel point les sondages peuvent influencer sur les votes notamment…

 

Bon, on vous épargne le patron de presse qui lui adore faire de la construction, notamment d’aéroport, dont il va hériter pendant 55 ans, les retombées économiques, via les parkings et les taxes aéroportuaires… ?

 

Bref, donc on a dénoncé tout ça…Et  le  reste aussi, de l’aide publique pour les chaînes privées qui montent à plusieurs dizaines de millions d’euros…Et de notre envie de voir vivre nos petits médias indépendants, et ainsi un certain pluralisme del ‘information, malheureusement trop peu soutenus par l’Etat français. 

 

On a parlé aussi, et les autres pays européens nous ont rejoints sur ce point, du fait que l’avénement du numérique avait permis à tout le monde de créer son propre média sur Internet, et que c’était plutôt bien, que ça donnait du sens à l’article 11 de notre Déclaration des Droits de l’Homme, mais que malheureusement, ça noyait les informations non recoupées, non professionnelles, avec celles réalisées par des journalistes qui avaient pris du temps…

Et, c’est ainsi que nous avons vu des personnages d’extrême-droite ou complotistes prendre de l’ampleur…C’est ainsi que nous avons été, nous-mêmes, parfois la cible de propos diffamatoires dans des médias qui ne faisaient pas un travail journalistique mais un travail basé sur la rumeur, la jalousie ou la calomnie. 

On a donc discuté avec des gens de l’Union Européenne , de l’ONU et même de Reporter Sans Frontières. On a appris que nous étions le 45ème pays au monde dans le classement de la liberté de la presse…la honte! 

 

Mais, nous, on a voulu surtout parler de ce qu’il se passait en ce moment, les dérapages des policiers lors des manifestations surtout celles de la Loi Travail, sur les journalistes et globalement sur tous nos concitoyens. Nous avons dénoncé le fait que les journalistes, ceux qui voulaient apporter une véritable information étaient eux aussi une cible privilégiée par les forces de l’ordre. En Finlande, un confrère, nous a raconté que c’était plutôt les gens de l ‘extrême-droite qui discréditaient les médias pour faire de la contre-information, et qu’ils étaient prêts à frapper des cameramen ou photographes. on a répondu qu’en France, les journalistes sont directement visés par les flash balls, et que certaines caméras ont été détruites…par la Police! 

Pour nous, c’est un phénomène nouveau…et inquiétant…

 

Aussi surprenant que ça puisse paraître, on a été applaudis…et la public nous a posé plein de questions. On a dit que nous, contrairement à nos camarades turques, on ne finissait pas en prison, mais que l’on subissait des pressions d’un autre ordre: intimidation, poursuites judiciaires, manque d’argent …Et que parfois, on se sent obligés de baisser la tête et de ne pas sortir une information, pour ne pas encore et encore devoir lutter…

 

Alors, on a rejoint la parole du camarade kosovar:  » le pire, c’est quand cette pression devient ton quotidien, que tu te dis que c’est normal de vivre ça, parce que tu es journaliste... » 

C’est vrai que c’est ça le pire, c’est que finalement pour faire correctement ton travail, tu es obligé d’entrer en résistance au quotidien et que dans ton contrat, c’est comem s’il était inscrit que maintenant quetu es journaliste, tu vas devoir prendre des risques…

 

Mais nous avons conclu que pour nous, la démocratie n’existe pas si l’information et la justice ne sont pas totalement indépendantes. 

On a hâte de voir qui a mis ça dans son programme pour les présidentielles de 2017…

Bizarrement, là aussi, on a été applaudis…

 

 

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