Mobilisation à l’école Michelet de Clermont-Ferrand

L’école Michelet a pris le taureau par les cornes, ce mardi, pour dénoncer le non-remplacement des enseignantes et les incivilités des parents. Deux raisons qui s’entremêlent. L’une engendrant l’autre et vice-versa. Mardi, nous étions donc dès 8H30, aux côtés des enseignants et parents. Retour sur une mobilisation quasi-unanime dans cet établissement du centre de Clermont-Ferrand.

 » Mes parents bloquent l’école, parce qu’ils ne sont pas contents : Nos maîtresses sont dans leur maison et ne sont pas remplacées… » Un enfant en Grande section nous explique pourquoi les enfants restent dans la cour, ce main-là. «  Une maîtresse est arrêtée jusqu’en avril, après avoir été prise à parti violemment par un parent d’élève. Depuis, ses élèves de petite section sont répartis dans les autres classes, faisant monter les effectifs à 35… » nous explique son papa. Deux frangins se câlinent, assis par terre dans le couloir, leur père a décidé de ne pas aller au bureau ce matin, pour faire bloc avec les autres parents : «  Mon fils est en petite section, il n’a plus de maîtresse et va dans des classes de grande section, la classe est dispatchée, il n’est pas avec ses copains, il est complètement perturbé pour. cette première année d’école.  » La maîtresse de petite section est arrêtée jusqu’au 7 avril. Début janvier, elle a subi la violence d’un père dont le fils est rentré de l’école, un soir, avec des lunettes classées. L’ATSEM, présente au moment des faits, a essuyé quant à elle, des propos racistes de la part de l’homme virulent. malgré tout, elle vient tous les jours de Volvic. «  Elle est un repère essentiel à nos enfants… » confie une maman.

la directrice de l’école arrive enfin à avoir l’inspection. Il faut attendre une quinzaine de minutes : l’inspecteur arrive, et décide de faire une réunion avec les parents d’élèves.

Les élus des parents ont pourtant mis en place des dispositifs afin de faire réagir, comme ces petites affichettes :  » Ne touche pas à ma maîtresse… » Mais, leur pouvoir s’arrête ici. «  Nous avons été confrontés à des situations incroyables… nous avons cumulé l’arrêt de cette maîtresse, avec celle de la directrice, et une maîtresse en sortie scolaire. Donc, il restait seulement 3 classes pour absorber l’effectif de toute l’école... »

Une petite école de centre-ville, qui accueille les enfants anglophones notamment avec le cursus anglais-bilingue.

La revendication est donc assez simple : un remplaçant pérenne jusqu’au retour de l’enseignante ! «  Les enfants en petite section ont vu défiler parfois des remplaçants qui ne restaient qu’une journée. Et ça c’est quand ils avaient de la chance…En général, ils allaient dans d’autres classes…Pour des enfants de 3 ans, ce n’est pas le meilleur, si ? » interroge une maman.

L’inspecteur promet que dès le lendemain un remplaçant sera mis en place, et ce jusqu’au 7 avril, jour de retour de la maîtresse. Selon lui, nous sommes en période de pénurie à cause des grippes et des gastro mais aussi doit-il l’avouer : «  Nous sommes dans un contexte de violence sociale qui se propage jusqu’à la cour d’école. Les gens sont victimes des difficultés de la vie et finissent par péter les plombs, et ce sont les enseignants qui font barrière. J’ai reçu les parents, et envoyé un courrier pour leur rappeler la loi. Ce qu’ont fait les parents d’élèves avec les affiches est une initiative formidable… »

Les parents d’élèves ne sont pas tout à fait de cet avis : «  Certes, il y a de la violence sociale, mais aussi une absence de mise de moyens. On manque cruellement d’enseignants, on cherche des professeurs partout…Alors, oui, nous dénonçons les incivilités, mais nous dénonçons aussi l’inaction de ce gouvernement qui laisse tomber l’éducation de nos enfants… »

Ce matin, mercredi, les élèves n’avaient toujours pas de professeur, malgré la promesse de l’inspection. Une réunion est prévue ce jeudi soir pour mettre en place le remplacement et lutter efficacement contre les incivilités. «  On nous a déjà prévenus que le remplaçant ne sera mis en place que jusqu’au vacances de février…on entendra à nouveau parler de l’école Michelet..parce que c’est sûr, on ne baissera pas les bras. Nos enfants ont droit d’être pris en charge et d’aller sereinement à l’école… »

En quittant l’école, c’est l’ATSEM qui a subi les violences racistes, qui nous ouvre la porte. Des larmes roulent sur ses joues. «  Je tiendrai bon » finit-elle par lâcher  » Mais ça ne devrait pas exister ce genre de comportements, et de situation… »

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