Mobilisation lycéenne : la répression monte encore d’un cran

Loin d’être découragés par les matraques et les gaz, les lycéens ont poursuivi leur mouvement de contestation, ce matin. Un dispositif policier inédit s’est déployé, usant d’une violence toujours croissante.

Difficile de savoir combien de lycéens manifestent, ce vendredi 7 décembre au matin. Coupé en petit morceaux par les interventions de police, le cortège avait pourtant l’air plus massif que celui de la veille, dans les moments où il se reformait. On parle de 700 à près d’un millier de manifestants.

Le début de la manifestation se déroule sensiblement de la même manière que la veille. Des petits regroupements se forment devant certains établissements, tandis qu’un cortège en bonne et due forme se prépare devant Ambroise Brugière. Une centaine d’élèves tiennent le piquet de grève à l’entrée du lycée Lafayette. La scène suivante est désormais commune : tout ce beau monde se retrouve devant le lycée Sidoine Apollinaire ; l’instant d’après, tout est noyé sous les gaz lacrymogènes. Cette fois, c’est un jet de bouteille en plastique vide qui aurait déclenché la charge.

La suite va sensiblement plus vite. Une explosion retentit, peut-être une grenade. Les lycéens refluent ; après plusieurs expériences douloureuses, ils savent que la rue Richepin est une souricière de laquelle il est difficile de s’extirper. La manifestation prend la direction d’Amédée Gasquet, en renversant quelques poubelles et un scooter. Quelques centaines de mètres plus loin, une rue est noyée sous les gaz lacrymogènes, ce qui coupe la manifestation en deux. Le ton est donné : la police ne veut pas d’un cortège unifié, et elle fera tout pour empêcher sa formation.

La course-poursuite continue dans les rues de Clermont-Ferrand. Des témoins évoquent des vitres de voitures brisées sur la trajet du groupe ayant atteint le lycée Amédée Gasquet. Au moins une arrestation a lieu avant que les deux défilés ne se rejoignent, non loin de la Maison du peuple. À nouveau tous ensemble, les lycéens retrouvent les grands axes, traversent la place de Jaude, et poursuivent leur avancée jusqu’à l’avenue Carnot. Ils la descendent, se retrouvent face à un cordon de police qui les charge, tandis qu’un deuxième les attend en haut de la rue. Sans qu’on sache comment, le lycée Blaise Pascal se retrouve noyé sous les gaz.Le gros du cortège est poussé dans une rue perpendiculaire par les flashballs et les matraques, et une dizaine de jeunes sont arrêtés. La plupart d’entre eux seront relâchés plus tard, faute d’assez de menottes d’après un syndicaliste sur place, qui évoque une scène semblable à celle filmée à Mantes-la-Jolie. « Ils ne savaient pas quoi faire, je pense qu’ils ont menotté un peu au faciès », confie-t-il après la manifestation. « Ils m’ont relâché en premier, j’étais le seul blanc. »

Pendant ce temps, le groupe remonte de l’autre côté et tente de revenir vers l’avenue Carnot en prenant une ruelle située au niveau de la faculté. À nouveau, la police l’en empêche en coupant l’accès par un mur de gaz.  Les deux groupes de lycéens reprennent leur route au pas de charge, se rejoignent vers la place Delille, et foncent vers le lycée Sidoine Apollinaire. Alors que certains descendent devant l’établissement, d’autres restent près de la voie de tram, considérant l’endroit comme trop dangereux. Même certains syndicalistes restent en haut. « Je veux bien descendre me faire frapper par des flics pour protéger des lycéens, mais là-bas tu te fais frapper et tu protèges personne ! », se désole une militante.

Les bruits qui proviennent du contrebas laissent peu de place au doute sur la scène qui s’y joue, et les lycéens qui s’y sont aventurés reviennent au bout de quelques minutes. Là encore, après un instant de flottement, la manifestation est dispersée et les manifestants poussés en direction des ruelles de la vieille ville. Un cortège s’y reforme, talonné par une vingtaine d’agents de la BAC. Ils ne sont séparés des jeunes que par quelques militants, qui assurent un filet de sécurité pour protéger les manifestants.

La manifestation continue d’avancer, retrouve les grands axes de circulation, traverse la place Delille, puis arrive à Jaude en longeant la voie de tram. Là, les jeunes s’arrêtent enfin, peu avant midi, sans doute protégés par le regard des passants. Ils ne se dispersent qu’une demi-heure plus tard, après le départ d’une grande partie de l’important dispositif policier. Les représentants syndicaux (CGT, Solidaires, UNEF) et les conseillers municipaux (FI) encore présents improvisent une conférence de presse. Des militants de la FSU et des élus PCF se sont également joint aux lycéens durant la matinée.

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