Ouverture d’Auchan Nord le dimanche : la CGT dénonce « une logique d’écrasement »

Face à l’ouverture de leur magasin le dimanche, les syndicalistes CGT d’Auchan Nord tentent de sensibiliser la population. Samedi dernier, 7 septembre, ils étaient présents devant les portes du magasin pour faire signer des pétitions.

« Contre l’ouverture du dimanche ? Évidemment que je signe ! » Devant les portes d’Auchan Nord, à Clermont-Ferrand, la pétition semble bien accueillie par les clients. Un premier pas pour les syndicalistes CGT qui souhaitent sensibiliser le public contre l’ouverture du magasin le dimanche, effective depuis la fin du mois dernier. Une décision dont le syndicat conteste à la fois le bien-fondé et l’efficacité sur le plan économique. « Les dimanches matin ne sont pas rentables, les gens ne consomment pas plus parce que les magasins sont ouverts » estime Christophe Boucheix, secrétaire adjoint de la fédération CGT du commerce venu soutenir les salariés. « Cette ouverture est poussée par des logiques libérales d’écrasement de la concurrence pour récupérer des parts de marché, au détriment des commerces de proximité, des marchés, des puces… Ce n’est pas comme ça qu’on risque de relancer l’économie, c’est même dangereux pour l’emploi. »

Une ouverture qui n’aura pas non plus d’impact positif sur les salaires des employés, d’après Christophe Boucheix. « La majoration est de 30 %, donc ça nous donne environ 9 euros brut en plus par dimanche travaillé… Ça ne vaut pas le sacrifice des sorties en famille ; si vous prenez votre repos le lundi, les enfants sont à l’école et les conjoints au travail. » Une situation qui devrait par ailleurs impacter les travailleurs les plus précaires : les étudiants constituent la grande majorité de l’équipe qui travaille le dimanche matin. « Ils osent appeler ça du volontariat, mais c’est une notion tronquée. Les salariés sont subordonnés à leur employeur ; ils ne sont pas volontaires pour travailler le dimanche, mais pour sortir de la précarité. Si on cherche vraiment des solutions, il faut commencer par un système qui permet aux jeunes de se consacrer entièrement à leurs études et un salaire décent pour les employés. »

De son côté, Jean-François Moreau, le directeur du magasin, met en avant une décision prise face au déménagement du Lidl de Cébazat, dans un contexte rendu difficile par la concurrence d’internet et l’évolution des modes de consommation. « La grande distribution est un secteur qui ne va pas bien. On est en plein changement industriel, et ces bâtiments ont été construits pour un certain volume de chiffre d’affaire. Il faut faire muter les outils, ce qui demande du temps et de l’investissement. » Il estime le regain de chiffre d’affaire attendu avec l’ouverture dominicale nécessaire pour permettre cette mutation. Il appelle de son côté à une régulation de la vente sur internet et à un moratoire pour « édicter des règles claires qui soient les mêmes pour tout le monde ».

Des arguments qui peinent à convaincre les syndicalistes, qui annoncent poursuivre leurs actions, y compris sur le terrain judiciaire si nécessaire. « En attendant, on va continuer à sensibiliser les consommateurs », reprend Christophe Boucheix. « Malgré la violence sociale à laquelle on est confrontés, notre meilleure arme reste la raison. Les gens ont compris que l’écologie était importante, et tout le monde a commencé à trier ses déchets ; je pense qu’on peut également les convaincre d’arrêter de faire leurs courses en hypermarché le dimanche. »

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