Ouverture le dimanche : « un choix de société » que la CGT refuse à Auchan nord

Depuis le début du mois d’août, l’hypermarché Auchan nord est ouvert le dimanche matin. Le syndicat CGT du magasin dénonce les conséquences néfastes sur le quartier et les conditions de travail d’une décision hâtive sous la pression des actionnaires, et appelle au soutien des citoyens.

La chose était prévue : depuis la loi Macron en 2015, l’ouverture dominicale des grandes surfaces est en voie de généralisation. Ce mois-ci, c’est au tour d’Auchan Nord de s’y mettre, craignant la compétition avec le nouveau Lidl de Cébazat dans un contexte de fermeture et de revente de sites. Mais ça ne se fera pas sans résistance : le syndicat CGT du magasin appelle à la grève et au rassemblement samedi 7 septembre, de 10 heures à midi. « C’est une décision qui a été prise sous la pression des actionnaires », estime Nicolas Deluzier, délégué CGT. « Il n’y a eu aucune étude de marché, ça n’a pas été demandé par les clients. Quant à Lidl, leur magasin n’est pas ouvert le dimanche ! » Pas de quoi justifier, donc, ce qui constitue une dégradation importante des conditions de travail pour les salariés du site : d’après le syndicaliste, aucun poste n’a été ouvert pour assurer cette nouvelle plage horaire qui nécessite entre 10 et 17 personnes, et les équipes en semaine se trouvent affaiblies par le transfert d’effectifs. « Bien sûr, ils expliquent que c’est sur la base du volontariat. Mais pour des salariés à moins de 1.000 euros par mois, des femmes avec enfants qui subissent les temps partiels imposés, ce n’est pas du volontariat, c’est de la précarité ! Sans parler de l’équipe de sécurité, dont la présence est obligatoire. » Quant au salaire, son augmentation pour les « volontaires » serait à tempérer, puisque le surplus de rémunération est largement moins conséquent que lors des ouvertures dominicales exceptionnelles.

Pour couronner le tout, impossible pour l’instant de dire si ce changement va améliorer ou détériorer la situation économique du magasin. Dans un contexte où 21 sites de la chaîne subissent des fermetures ou des reventes, l’enjeu est de taille. « La direction nous dit que c’est bénéfique, mais sans plus de précisions », doute le syndicaliste. « Sur le mois d’août, on constate plutôt une baisse du chiffre d’affaire par rapport à l’année dernière, et une baisse de la fréquentation le lundi. On se méfie de ce résultat car on est pendant les vacances, mais le peu d’études qu’on a sur les ouvertures le dimanche montrent plutôt un lissage de la fréquentation qu’une hausse. Bien sûr, l’avenir du site nous inquiète. Mais l’ouverture du dimanche n’a pas empêché certains magasins de fermer. »

Plus inquiétant encore, les répercutions devraient s’étendre au-delà du magasin. « L’ouverture le dimanche va impacter tout le quartier, c’est un véritable choix de société », insiste Nicolas Deluzier. « Tout le monde va être obligé de s’aligner : les épiciers, les coiffeurs, les restaurants, donc bien sûr les nourrices puisqu’il faudra faire garder les enfants… » Des conséquences dont les clients sont conscients, d’après le syndicaliste. « Il n’y a qu’à voir les commentaires sur Facebook après l’annonce de l’ouverture du dimanche : ce n’est pas ce qui les intéresse. Ils veulent d’abord moins d’attente en caisse et des prix qui correspondent à ceux affichés. Ce n’est pas la diminution des effectifs en semaine qui va y aider. » Pour manifester la convergence entre les intérêts des citoyens et ceux des salariés, la CGT appelle à se rassembler samedi 7 septembre, à partir de 10 heures, devant le magasin. Un préavis de grève a été déposé pour cette date. Mercredi dernier, plus de la moitié des salariés en CDI avaient déjà signé la pétition contre l’ouverture du dimanche.

Photo d’archives – Février 2019

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