Parcc Oasis, réinventer l’appropriation de l’espace urbain

20171120_103834_1.jpg

Le Parcc Oasis devrait commencer les travaux de lieux partagés pour les associations de l’agglo, dès cet hiver. Ce collectif né en 2015 a décidé de créer un lieu écolo et rassembleur en plein coeur du centre de Clermont-Ferrand. Retour sur cette initiative citoyenne alliant environnement et solidarité. 

 

 

Nous sommes le 25 avril 2015. Sofiane pousse la porte de la Kantoche du squat de l’hôtel des Vil(e)s, à Clermont-Ferrand. Il entre alors en discussion avec l’un des maîtres du lieu, Scott. Leur conversation est interminable: Il faut inventer un lieu…encore!  » Nous nous rendions compte que nous fondions des collectifs, des assos, mais que nous n’avions aucun lieu pour nous rencontrer, nous poser. » Un lieu écolo et disponible pour les associations, collectifs, coopératives du coin. « Nous étions des urluberlus en train de refaire le monde, mais ce jour-là, on s’est dit: c’est possible! » Sofiane est ingénieur-thermicien. »Pour moi, la construction en paille ou un habitat léger, respectueux de l’environnement est un vecteur d’émancipation, c’est comme te nourrir en auto-gestion. Ben, là c’est pareil. Dépendre de personne pour son habitat, c’est déjà un grand pas et nous avions l’idée d’un lieu de convergences ou des idées peuvent plus facilement germer. » Ne pas passer par des professionnels donc, récupérer des matériaux naturels et construire un lieu dans lequel les collectifs peuvent partager leurs ressources. L’idée est plaisante. Aussi jolie que son nom: Oasis. « Nous nous sommes nommés PARCC Oasis, car nous sommes le Projet Autogéré de Réalisation Collective de Clermont-ferrand et nous voulons développer une zone fertile, un oasis, culturel et écologique. » 

A cette époque, Jerecycleparc vient d’être créé grâce à la réaffectation de friches. Grâce surtout à la volonté de l’adjoint à l’Urbanisme, Gregory Bernard, qui réfléchit consciencieusement au réinvestissement urbain. «  Nous avons de la chance d’avoir un élu aussi investi et aussi à l’écoute. » L’idée décide alors d’être utopiste. Puisque tous les feux sont au vert, et que les élus sont ouverts à la proposition, l’idée de la création d’un véritable Pôle associatif en plein coeur de la ville devient enfin possible. Gregory Bernard leur propose l’éco-quartier Saint Jean, notamment la friche en attente qui s’y trouve, au 4 rue Chappe. 

Le collectif obtiendra les clés en octobre 2016. «  On pensait que ça irait plus vite. » Bois, terre, paille, vis, tôles, fenêtres, presque tout ne sera que de la récupération.  » Notre seul besoin c’est un camion pour ramener les matériaux. Car là, avec nos voitures, c’est parfois compliqué! » En activant leurs réseaux, les membres du collectif se rapprochent d’entreprises du bâtiment qui leur fournit le matériel. 

Ils ont obtenu  une convention d’occupation de la  friche de 3 ans de la friche. Un permis de construire précaire ( provisoire) a aussi été déposé.  «  Nous allons mettre trois petits bâtiments de 25 m2 chacun: un espace accueil, café, rencontres, une salle de réunion, et un bureau partagé. » 

Et les associations sont dejà en attente: notamment l’ADML63 ( la Doume), Unicités, ou encore le réseau des espaces partagés, vélocités…

Alors, le collectif se met la pression: Construction cet hiver du premier local et ouverture au printemps 2018. Même si pour l’instant, les travaux n’ont pas commencé, le Parcc Oasis n’a pa chômé en organisant des soirées et en mobilisant de nombreuses personnes afin de proposer des événements et en présentant le site d’ors et déjà comme un lieu de rencontres.  » Depuis 2 ans, pas mal de choses se passent: concerts, rencontres, ateliers construction, jardinage, site internet, compostage, nettoyage, plantation… » Et ce n’est pas évident, car le collectif se renouvellent souvent.  » Nous sommes a peu près une vingtaine assez mobilisable, mais une quinzaine de personnes se renouvellent continuellement. Cela nous permet de nous remettre en question, mais forcément d’avancer moins vite… » 

Les réflexions, débats se dirigent aussi beaucoup sur l’expérimentation de nouvelles matières.  » ça prend beaucoup de temps de travialler sur les normes, les matériaux.Travailler sur le code de l’urbanisme…Nous faisons tout un travail de fond qui ne se voit pas et qui n’intéresse pas les assos qui attendent le lieu. » 

Pour cet îlot de terrain en plein désert urbain, la véritable raison d’être, demeure la création de lieu inter-collectif, mais l’écologie en reste néanmoins une des pierres angulaires: » C’est possible de se rassembler et en plus d’être écolo, de construire des ponts écolos entre nous. Peut-être même que l’écologie est le moyen le plus efficace pour réunir, d’ailleurs! » 

Ce projet alternant donc écologie, citoyenneté et vie participative a été lauréat de l’appel à projet lancé par le ministère de l’écologie, sous Ségolène Royal.  » 100 projets pour le climat. » «  Nous avons pu participer à la COP22 et recontré d’autres acteurs, nous étions lauréat parmi des projets tels que l’import/Export en voilier ou encore l’électrification de village en Afrique. Cela nous permet une visibilité au-delà de notre propre métropole. » 

Pour le Parcc Oasis, une seul chose est sûre «  tout seul, on avance plus vite, mais à plusieurs, on avance plus loin » et ils n’ont pas l’intention de s’arrêter si près! 

 

Eloïse Lebourg

Un crowdfunding devrait être rapidement lancé pour l’achat notamment de pelles, et de matériels de travaux. 

Nos actionnaires, c'est vous.

Aidez-nous à rester gratuit, indépendant et sans pub :

0 réflexion sur “Parcc Oasis, réinventer l’appropriation de l’espace urbain”

  1. mais aussi de la Vie Associative ! Merci Eloise ! C’est un article très juste qui retraduit fidèlement cette volonté globale de réflexion autour du partage équitable des espaces éphémères. C’est un reportage résolument penché du côté de l’urbanisme, sans qui nous n’aurions pas pu avancer dans notre déploiement sur le territoire. Je suis vraiment heureux que vous rendiez si bien hommage aux idées de M. Bernard qui a dissout les premiers verrous du portail s’ouvrant au grand jardin des friches de la ville. C’était les résultats de ses réflexions sur la réutilisation des friches et de sa volonté d’expérimenter qui nous ont servi de support matériel et qui nous ont octroyé, à notre tour, un véritable permis de rêver au delà de nos rêveries. Bref, c’est ce qui nous a permis de construire collectivement un champ de possibilités que nous nommons *notre* Économie Sociale et Solidaire. Peut-être que nous n’avons pas assez parlé du Département de l’Animation et de la Vie Associative (le DAVA !) qui croit vraiment en nous et nous accompagne fidèlement à travers tous les étapes de notre développement. Là aussi, il y a beaucoup plus qu’une volonté de mutualiser : c’est une en réalité une sorte de « mutualisme », terme en biologie qui désigne une interaction entre deux « espèces », dans laquelle les organismes impliqués tirent tous les deux profit de cette relation. On parle alors d’une interaction à bénéfices réciproques (Wikipedia). Notre innovation à nous, toutes et tous, est de vouloir rester dans le gagnant-gagnant et c’est dans cet esprit que nous rendons hommage à l’équipe de la DAVA et de sa Direction qui se sont tapé tous les arrangements entre les élus et les services et sans qui nous n’aurions pas pu avancer non plus !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

nos derniers articles
Cet article vous a plu ?

Soutenez le Cactus !

Le journalisme a un coût, et le Cactus dépend de vous pour sa survie. Il suffit d’un clic pour soutenir la presse indépendante de votre région. Tous les dons sont déductibles de vos impôts à hauteur de 66% : un don de 50€ ne vous coûte ainsi que 17€.