procès de 3 manifestants clermontois contre la loi travail pour dégradations en réunion

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Mardi 13 décembre, à Clermont-ferrand, se tenait le procès de 3 manifestants poursuivis pour dégradations en réunion du hall du conseil départemental lors de l’envahissement de l’établissement le 23 juin dernier, lors d’une manifestation contre la loi travail et l’utilisation du 49.3. L’un est aussi accusé de  » résistance et violence sur un agent des forces de l’ordre » lors de son interpellation. 80 personnes étaient réunies lors de ce proçès pour soutenir les 3 militants mis en cause. Une mobilisation lancée par  Nuit Debout Clermont, l’Union Locale (UL) CGT Cournon, l’Assemblée Générale des Luttes 63 (AGDL 63), La Cellule Antifasciste et Révolutionnaire d’Auvergne (CARA)

« Je le jure sur la République! »

Ils doivent bien l’avouer, ils ont chacun commis leurs petits actes: l’un a balancé un ballon de baudruche rempli de gouache sur la face extérieure du bâtiment, l’autre a marqué au stylo feutre  » ville= prison » mais d’aucun ne souhaite être tenu responsable de dégradations en réunion. Ils demandent à être jugés simplement pour leurs actes individuels et ne veulent être tenus responsables de l’ensemble des actes commis ce jour de manifestation.

Quant au troisième, militant antifasciste à la CARA, il dénonce devant la cour le comportement des policiers de la B.A.C (Brigade anti-criminalité), qui selon lui, serait la cause de son départ pour Salon-de-Provence, où il travaille en tant que cariste. Il affirme avoir subi des menaces, des intimidations, des provocations, des contrôles à répétition, des insultes, au quotidien par les membres de la brigade. Il termine en clamant à la cour « c’est ça aussi la Police ». En ce qui concerne sa responsabilité dans cette affaire, il le « jure sur la République », il n’a rien à se reprocher. 

Enfin, le fait de « violence » sur un membre des forces de l’ordre, est quant à lui mis en doute par l’avocat des présumés, Maître Borie, qui souligne que dans le rapport du médecin ayant occulté le policier, est mentionné qu’il n’y a eu « aucune lésion cutanée », ni un quelconque « hématome ».

« Responsabilité collective » ?

Pour le Procureur, qui a réclamé des peines de sursis de 3, 6 et 10 mois, que les trois présumés aient « commis ou pas »  lédites dégradations, ils « doivent en assumer les responsabilités », du fait de leur présence à cette mobilisation. Maître Borie rétorque que la « responsabilité collective »  de la loi appelée « anti-casseurs » est une notion qui a disparu en même temps que ladite loi, en1981, et qu’on ne peut pas « condamner une personne pour des actes commis par d’autres ».

S’ensuit un débat hors du temps…et du contexte: l’avocat du conseil départemental suggère d’autres lieux, comme la préfecture à viser lors de manifestation. La préfecture selon lui, représente davantage l’autorité, contrairement au Conseil départemental qui est en charge de l’aide sociale à l’enfance ou le RSA.  Il demande aussi à la cour où est le caractère « festif » de cette mobilisation lorsque l’on voit le « résultat par les photos » (photo relayée par La Montagne, ici.)

Pour les militants des différents collectifs et organisations, le côté festif de la manifestation n’est pas à remettre en cause. Ils souhaitent montrer par leurs photos que les « confettis, les chapeaux, les déguisements, et la musique », bref, l’ambiance carnaval était bien une réalité :

Pourquoi ce lieu et pas un autre ?

Lors de cette manifestation du 23 juin, un membre explique justement pourquoi :

Le Procureur a aussi déclaré avec virulence que les présumés étaient « encore des membres de la CARA » ; ce à quoi Maître Borie rétorque que deux n’en sont pas membres et qu’ils ont également « un casier judiciaire vierge ». Il ajoute enfin que les forces de Police étaient présentes le jour-J du début à la fin : « Pourquoi alors ne sont-ils  pas intervenus? » interroge-t-il; écoutons la déclaration de l’avocat à la soixantaine de manifestants toujours présente en fin de séance :

Enfin, selon un militant venu soutenir les trois présumés, il s’agit clairement  d’« une justice de classe » :

La délibération du procès sera rendue le 17 janvier à 14h. 

MISE A JOUR : 18/01/2017 – 16:43.

Le verdict, rendu hier à 14h par le palais de justice.

Pour celui qui a balancé un ballon de baudruche rempli de gouache sur la face extérieure du bâtiment : 2000€ d’amende avec sursis

Pour celui qui a écrit au feutre « ville=prison » : 6 mois de sursis

Et pour le dernier : 6 mois de sursis et mise à l’épreuve.

Ils ont à payer 2200 euros au département, pour dommages et intérêts, frais d’avocats.

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