Se cogner au bureau

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Gwendie est l’une de nos premières lectrices. Nous ne l’avons jamais vue, ni même ne savons où elle vit, ce qu’elle fait. Un jour, elle nous a demandé si on voulait bien faire un jeu avec elle: Elle nous donne un thème, nous écrivons dessus, elle nous répond et nous dessine notre conversation. 

Comme nous sommes aussi barrés que Gwendie, on a accept la proposition. Cette semaine, elle nous demande de bosser sur  » se cogner le bureau…

Voici la proposition de Médiacoop.

 

Putain, bordel de m…, c’est le petit orteil qui a pris. Pourquoi bon sang, mon bureau est-il une entrave à mon espace privé ? Je me cogne toujours contre. Ce  doit être un signe. Le signe qu’il faut que je sorte, à la recherche de reportages. Oui, mais, il faut les mettre en ligne, et les écrire…

Et si je vivais sans bureau ? Juste un ordi sur mes genoux dans mon canapé, avec du thé fumé…Non, pas bon pour les vertèbres, il paraît, déjà que je vieillis…

Ou alors, je me fais enlever mon petit orteil…Je me suis toujours demandé à quoi il servait celui-là. Ne me dites pas qu’il est nécessaire à l’équilibre, le mien est ridicule, si on me l’enlevait, ça ne se verrait pas ! Bon seul truc, c’est que ça doit faire mal, et puis quel médecin serait d’accord pour m’enlever un petit orteil, juste parce qu’il se cogne, l’idiot, contre mon bureau ? Déjà que le généraliste est pas loin de me mettre sous camisole chimique quand je lui raconte tous mes affres. « Va falloir se calmer, Eloïse, votre cœur ne peut pas suivre autant d’émotions, voyages, rencontres. Je vous l’ai déjà dit, le journalisme c’est très mauvais pour la santé ! »

Oui donc, il faut choisir : soit l’orteil, soit le bureau. Les deux ne s’entendent pas, ils se cherchent, constamment…la vie est bien assez violente, pourquoi ça  en plus ? A moins qu’ils aient inventé des bureaux mous, avec des protections toutes douces aux pieds. Tu te cognes plus, tu te prends une caresse, en pleine face de ton orteil. Avec pose de vernis intégré. Ce serait bien ça…

 

Bon Eloïse, il faut que tu y retournes, arrête de faire n’importe quoi, de dire encore plus n’importe quoi. Gwendie t’a demandé d’écrire sur «  se cogner à un bureau… »..Putain, elle croit que je ne me le cogne pas assez le bureau ? je m’en cogne et tamponne d’ailleurs. Mais bon, c’est important la relation aux lecteurs qu’ils nous disent. C’est bon pour l’audience, l’image…Mais franchement, elle en a de bonnes Gwendie. Un mail, comme ça, «  tiens et si on avait une relation épistolaire ? Avec dessin, et texte ? » Et moi qui dis oui, et qui embarque Mediacoop, là-dedans…au moins, je l’ai prévenue, je ne sais pas dessiner. Même mes filles dessinent mieux que moi, et ce sont les pires de leur classe !

J’ai remarqué qu’ils étaient bizarres les gens qui suivaient Mediacoop. Pas tout à fait fixés quand même. Ca se trouve on va finir par être reconnus traitement thérapeutique contre certaines psychoses. Non mais franchement, t’en as beaucoup des médias qui reçoivent ce genre de propositions ? Tu vois le monde répondre sur un thème à ses lecteurs ? Ou BFM TV, tiens, pourtant ils font du participatif avec leur «  n’oubliez pas de filmer les scènes atroces avec votre portable, zoomez sur les morts et les blessés ! »

 

Bon mais mon orteil dans tout ça ? Ben merde, je le garde, je vais lui mettre de l’arnica, et j’enfile mes tongs. Même en Auvergne, il fait beau.

Allez à toi, Gwendie, de me dessiner ça…Ca va te calmer un peu, et t’occuper…

Allez j’y retourne…

 

AïïϨ¨iïeeeeeeee ! putain de bureau !

 

Voici la réponse de Gwendie: 

 

Ben punaise quel dynamisme ! Plus vite que l’éclair ils vont chez MEDIACOOP ! C’est parce qu’ils doivent ont du réussir à dompter ces satanés bureaux même si ils ont l’air de se rebeller de temps à autre ! Les bureaux ! Putain les bureaux ! Je m’en suis coltinés toute ma vie des bureaux et maintenant il faut que je travaille dedans ! Ou derrière ! Chacun voit ça comme il veut.

Je me suis cognée encore et encore et encore et encore et encore et encore …. Mon corps tout entier essayait de passer derrière pour toucher, un temps soit peu, le pôv monsieur ou la pauv’ dame cloitrée derrière.. Et bing ! Non vous n’avez pas le droit aux aides au logement parce que vous avez travaillé 15 jours ! Et BAM, non vous êtes trop diplômée pour qu’on vous accueille ! Et prends ça ta formation envisagée n’est pas utile ! Utile pour qui ? Utile pour quoi ? J’ai jamais compris ! Et BADABOUM, maintenant c’est moi qui suis derrière… Ras le bol de ce satané bureau, comme une ligne de démarcation entre moi et les autres… Nan désolée on ne peut pas accueillir votre fils, trop ou pas assez vous comprenez ?… Nan ? Ba j’y peut rien… Un congé, je ne peux pas vous l’accorder… Pourquoi ? Raisons de service … Service à qui ? A Gégé qui déambule dans les couloirs.

  • « Bonjour Stéphane. On m’a dit que vous mettiez la main aux fesses des infirmières. Vous savez pourquoi ? »
  • « J’en ai rien à foutre ! »
  • « Mais vous êtes frustré ? Vous voudriez qu’on réfléchisse à ça ? »
  • « J’en ai rien à foutre ! »
  • « ben alors pourquoi vous faites ça ? »
  • « Pour les emmerder ! »

 

Le bureau ça l’impressionne pas Stéphane, les lignes de démarcation non plus… Il emmerde le monde dans son fauteuil avec son air de dandy… Il nous soulage aussi ; je coure dans les couloirs gris entre 1000 et 1 bureaux ! Des piles de dossiers sous les bras, plan de retour à l’équilibre et de modernisation ils disent ! Je croise Stéphane :

  • « Qu’est ce qu’on va faire Stéphane ? Hein, dis mois qu’est qu’on va faire ? »
  • « On va se faire plaisir ! »

Il est pas con Stéphane, j’aurais du y penser avant tiens ! Au lieu de me dire que j’allais changer le monde des bureaux ! C’est souvent ceux que je croise entre les bureaux, ceux qui restent dans les couloirs qui me rappellent à moi même… je crois que si chaque regard prostré sur un chiffre, une phrase, un écran prenait le temps de se poser derrière cette putain de ligne de démarcation, et ben, oui on se ferait plaisir… C’est comme mettre une tong autour d’un orteil pété, ce qui importe c’est de le garder… De garder ce petit truc qui fait qu’on arrive à avancer… y’en a beaucoup à qui il va falloir que j’essaie de réparer les orteils…

 

Le 26/O6/17

Sujet 2 : Le plaisir.

 

Si vous voulez écrire vous aussi, sur ce thème, envoyez-nous vos propositions sur redaction@mediacoop.fr

Dessin de Gwendie.

 

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