Sitting devant l’Aide Sociale à l’Enfance

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Publié le 27 juin 2018,

Mercredi après-midi une cinquantaine de jeunes migrants et quelques associatifs se sont réunis devant l’ASE.  Selon eux, l’Aide Sociale à l’Enfance ne remplit pas son rôle d’accueil des mineurs étrangers.  Pour le dénoncer, ils ont attendu sous un soleil de plomb que l’ASE s’engage à les recevoir prochainement et réponde à leurs multiples interpellations. Ils sont repartis avec une promesse d’un rendez-vous « rapide », une toute petite victoire pour ces jeunes venus de loin.

« On se réunit pour montrer qu’on n’est pas content. L’état doit s’occuper de nous, nous voulons aller à l’école », explique très simplement un jeune de 15 ans. Ils ont traversé le Burkina, le Niger, le Mali et la Lybie. La convention des droits de l’enfant voudrait qu’une fois arrivés en France, ces mineurs soient protégés. Pourtant, après des parcours au péril de leur vie pour atteindre destination, l’odyssée dramatique n’est pas finie.

Sur des pancartes, ils écrivent leurs doutes.

La fin de l’année scolaire sonne comme un couperet pour beaucoup d’entre eux. Les quelques chanceux qui ont été scolarisés et qui logent pour le moment dans des internats. Mais aussi, ceux qui viennent de fêter leurs 18 ans et qui étaient jusqu’ici protégés par un statut qui prendra brusquement fin avec le début des vacances. Malgré les élans de solidarité qui ont entre autres permis l’ouverture du squat 5 étoiles qui abrite une cinquantaine de jeunes, les places à l’abri sont limitées. Si l’ASE ne réagit pas, les associations craignent que la situation ne devienne ingérable et que de nombreux adolescents se retrouvent à la rue.

Les collectifs dénoncent donc un manque de prise en charge et partagent la sensation que le département s’appuie sans retenue sur le travail des bénévoles et des organisations de soutien. Mais avec l’augmentation des mineurs étrangers arrivés à Clermont-Ferrand ces dernières années, le tissu associatif implose. Sur l’année 2015 la LDH et RESF comptaient 50 arrivées de jeunes mineurs isolés à Clermont-Ferrand. Les chiffres grimpent à 155 pour 2017 et à 94 pour cette première moitié de l’année 2018. Marie-Luce Pouchard est membre de la Ligue de Droits de l’Homme : « On a écrit à l’ASE depuis longtemps pour signaler un problème et dire que les associations n’ont pas les moyens de suivre ces jeunes mais ça ne change pas. »

Un suivi qui est multiple : juridique, scolaire mais aussi sanitaire. Après avoir traversé des pays dans des conditions parfois insalubres pendant de longs mois, après avoir subi des violences dans des zones de conflits armées, l’arrivée à l’ASE n’implique pas systématiquement une prise en charge médicale. Sylvie Chanselme est médecin à l’éducation nationale. Chaque mercredi elle passe l’après-midi avec les jeunes et leur offre un appui médical : « Normalement, ils ont tout de suite droit à l’aide médicale d’état. Mais, lorsqu’ils restent des mois en évaluation dans des hôtels, l’ASE ne s’en occupe pas (…) L’ASE devient maltraitante par défaut d’organisation et par manque de personnel… »

En attendant le fameux rendez-vous promis, il reste beaucoup d’autres batailles à mener. Ce lundi 2 juillet à 14 heures, le futur du squat 5 étoiles se jouera lors d’un procès pour expulsion du lieu à la Cours d’Appel de Riom. Les jeunes prévoient de s’y rendre en masse. Une manière pour eux de rappeler les conséquences humaines des décisions qui seront prises.

Gwendoline Rovai

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