Une visite atypique qui donne la parole aux migrants

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Publié le 8 juin,

En ce mois de juin, les membres participants aux Etats Généraux des Migrations à Clermont-Ferrand, coordonnent une série d’actions de sensibilisation autour de la question des migrations. Hier, certaines personnes migrantes ont eu l’occasion de parler d’elles, de leur parcours et de leurs ressentis. Elles se sont appuyées sur le travail du photographe Bruno Boudjelal et se sont s’exprimées avec des mots, des chants ou des maquettes. C’était une visite très atypique à l’hôtel Fontfreyde dans le centre-ville.

La salle est bondée. Paule Lanternier incite la foule à se serrer pour que tout le monde puisse assister à la visite. Paule est chargée des publics et de la médiation à l’hôtel Fontfreyde. Aujourd’hui, elle guide la visite de l’exposition Habiterai-je un jour dans la Maison ? de l’artiste photographe Bruno Boudjelal réappropriée le temps d’un soir par 9 personnes migrantes. Paule, organise les visites atypiques depuis 2 ans, des partenariats entre expositions et associations qui permettent de mettre en valeur à la fois le travail des artistes et des associations.

Hier, c’est avec la Cimade que s’était associé l’ancienne hôtel particulier. Léna et Simon portent le projet du côté associatif. Léna insiste sur la volonté de rendre les personnes migrantes actives dans le processus « Le projet s’est construit au fur et à mesure que les participants proposaient des choses. Certains ont voulu parler, chanter ou faire des vidéos. » Simon : « On voulait engager les personnes migrantes pour ne pas faire pour eux mais avec eux. »

Kim, artiste rappeur au Tchad arrivé il y a 2 mois en France, a choisi le Slam pour s’exprimer : « Je n’avais jamais assisté à une exposition… On apprend beaucoup et ça m’a permis de rencontrer des gens. »

Dramane vient du Mali, et décide de partager un texte sur l’attente, thème qui revient toujours, encore lorsqu’on lui demande ce que le projet lui a apporté : « C’est une motivation pour nous, souvent on n’a rien à faire. Ça permet de réfléchir et de se retirer des soucis du quotidien »

 

Extrait de la traduction du texte de Dramane :

« En amitié, toute pensée, tout désir

Toute attente naissent et se partagent

Sans un mot, avec une joie secrète. »

Liefio originaire du Surinam est arrivé il y a presque deux ans en France.   Il s’est senti particulièrement concerné par la première salle de l’exposition qui évoque la question du chez soi. L’artiste a photographié une maison dans laquelle il aurait aimé vivre mais qui lui est resté inaccessible. Liefo se replonge dans ses souvenirs et partage ce sentiment : « J’ai vécu la même peine avec cette maison… » Lui, qui dessinait et créait des meubles au Surinam, il a pu le temps d’un instant se replonger dans ce qu’il sait bien faire et récréer en maquette la maison perdue de son enfance.

C’est le principe du projet, donner une résonnance au travail de l’artiste avec le parcours de personnes migrantes. Créer des parallèles et ouvrir des moyens d’expressions et d’auto représentation : « Ça met en avant le savoir-faire et la sensibilité des personnes migrantes. On met à jour leurs qualités » explique Paule Lanternier. Dans une société où l’accueil n’est pas toujours des plus chaleureux, les voilà au centre de l’attention, applaudis pas une salle comble et émue de plus de 80 personnes.  Des spectateurs venus d’univers différents, membres actifs dans la défense des droits des personnes migrantes, amoureux de photographies et férus d’expositions se côtoient. Une rencontre recherchée : « Mêler des publics très différents permet aussi d’aborder la photo avec un nouveau regard. »

L’évènement s’inscrit dans les Etats Généraux des Migrations qui prévoit une ribambelle d’évènements pendant tout le mois de juin pour sensibiliser sur la condition des personnes migrantes : « Nous avons voulu rendre cette action publique aussi pour montrer que la migration est quelque chose de favorable à la société » explique Simon.

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L’exposition Habiterai-je un jour dans la Maison ? de l’artiste photographe Bruno Boudjelal est visible jusqu’au 23 septembre au centre photographique de l’hôtel Fontfreyde.

Gwendoline Rovai

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