Autour du petit dej’, café ou thé à la main, les participants se massent dans la salle d’accueil. Mardi 2 juillet, la journée de réflexion sur une sécurité sociale de l’alimentation a débuté dès 8h30. Objectif : faire se rencontrer les acteurs actuels et potentiels, apporter une base commune de connaissances à ces derniers et ouvrir les vannes du partage des savoirs. « Avoir ensemble un niveau de compréhension partagé », explique Geoffrey Volat, directeur du CISCA (le Centre d’Innovations Sociales Clermont Auvergne).
Un enjeu majeur à l’heure où une personne sur cinq a souffert de la faim en France ces deux dernières années et où tant d’inégalités persistent dans l’accès à une alimentation saine. C’est là qu’intervient la sécurité sociale de l’alimentation.
La SSA, c’est quoi ?
À l’échelle locale, le projet d’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation est porté par le CISCA, l’Association pour le Développement des Monnaies Locales dans le Puy de Dôme (ADML63) et la coopérative CRESNA. Pour autant, l’initiative s’inscrit dans une dynamique nationale avec des projets en cours un peu partout.
La SSA se donne pour objectif de créer une « carte vitale de l’alimentation », permettant l’accès à des produits alimentaires de qualité, issus de producteurs locaux et biologiques, via un système de cotisation et de redistribution géré démocratiquement. La SSA est soutenue par une communauté d’adhérents qui cotisent mensuellement en fonction de leurs moyens et reçoivent en retour une somme équivalente à la moyenne des contributions, versée en monnaie locale (doumes). Cette somme est ensuite destinée à être dépensée auprès des producteurs et distributeurs partenaires de la SSA, respectant un cahier des charges de qualité.
Double enjeu
C’est au milieu des années 1990 qu’un sommet de l’alimentation projette le sujet de la sécurité alimentaire sur le devant de la scène. Un contre-sommet est alors organisé dans la foulée par une organisation mondiale de la paysannerie qui comprend que le défi ne peut pas être relevé sans elle.
Puis l’idée fait son chemin. La première AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) voit le jour en France en 2001, à peu près au même moment ou s’étend la notion de souveraineté alimentaire dans le débat public.
Mais jusqu’à présent, la lutte contre la précarité alimentaire n’est pas un franc succès et cela pour plusieurs raisons. Pour Dominique Paturel, experte du collectif Démocratie Alimentaire, c’est à partir de ces limites que l’on peut se questionner sur comment mieux avancer et répondre au double enjeu de la production alimentaire durable et l’accès à une alimentation saine.
Cette dernière insiste lors d’une conférence en début de journée sur l’importance de garantir l’accès physique, économique et social du dispositif en respectant les régimes alimentaires de chacun, les moyens de tous et leurs possibilités d’accès. Un accès qui se veut égalitaire et qui doit contribuer à une progressive autonomisation des personnes.
Croiser les savoirs
Après le café, la journée est lancée par la conférence inaugurale de Dominique Paturel. La salle est presque pleine. Sur les bancs, des éleveurs, des producteurs mais aussi des élus, des distributeurs ou des chercheurs. « C’est la première fois qu’on réunit autant de monde » se félicite Geoffrey, le directeur du SISCA. « On a un enjeu, c’est celui de faire dialoguer ensemble des personnes qui ne le font pas. Faire entrer en réflexion le monde la recherche, celui de la société civile, du monde économique et les collectivités locales. Derrière, l’idée c’est de favoriser un travail coopératif entre tous ces mondes », poursuit ce dernier.
Cette journée n’est qu’un premier essai. « On constate qu’il y a une précarité alimentaire, des problèmes liés à l’alimentation et un agriculteur qui se suicide en France tous les trois jours. Le système alimentaire dysfonctionne. Il ne faut pas qu’on reste chacun dans son coin parce que ça ne fonctionnera pas », confie Geoffrey.
Depuis 8 mois, les équipes de l’ADML et du CRESNA se déplacent partout sur le territoire. Aujourd’hui, une centaine d’acteurs sont présents pour échanger. Après la conférence d’introduction, une table ronde a réuni les collectifs ayant expérimenté un dispositif inspiré de la SSA. De nombreux ateliers étaient aussi proposés aux participants avant une restitution en fin de journée.
Si les organisateurs comptent laisser passer l’été, de prochaines réunions devraient avoir lieu à la rentrée avant le lancement concret du dispositif.
1 réflexion sur “Sécurité sociale de l’alimentation : croiser les savoirs pour avancer mieux et plus vite”
La faim justifie t’elle des moyens déconnectés de la réalité. C’est ce qui ressort de cette conférence sur le problème du cout de l’alimentation et de l’accès à ces besoins vitaux dans le budget des ménages.
L’idée d’une sécurité sociale alimentaire est ubuesque et délirante. Le système qui l’accompagnerait est encore plus confus : payer avec la Doume. Penser à la place des pauvres c’est condescendant. C’est pas du tout la solution pour les ménages qui n’ont pas assez d’argent pour acheter des produits diversifiés et bons.
Il y a en France une abondance des produits alimentaires et une offre satisfaisante mais les prix alimentaires ont flambé en 2023. Les circuits courts et les producteurs locaux ne sont pas en reste pour ne pas faire baisser leur marge. Comment les organisateurs peuvent-ils imaginer renverser cette tendance à l »augmentation continue des prix de l’alimentation. 1 kg de cerises c’est 9 euros. Quelles sont les familles bénéficiaires d’un RSA qui peuvent se payer ce luxe. Vous voulez créer un accès à l’alimentation pour les plus pauvres donc les stigmatiser d’une certaine façon. Vous faites fausse route. La lutte contre la pauvreté et l’exclusion doivent être réglées par des droits sous la responsabilité des élus locaux ou nationaux. Un chéquier alimentation de 300 euros par mois pour toute personne en dessous du seuil de pauvreté. Et le délit d’abus de marges trop agressives pour les distributeurs.