À Clermont, des étudiants dorment à la rue ou dans leur voiture

En cette rentrée, le nombre d’étudiants sans logement atteint un niveau inédit à Clermont. Le syndicat Union Étudiante Auvergne alerte sur la situation alors qu’une tribune signée par 14 présidents d’université est parue dans Le Monde hier pour demander une allocation universelle et endiguer la précarité étudiante.

Voilà deux semaines que les étudiants ont retrouvé les bancs de la fac. Pour certains, ce sont les premiers pas dans l’enseignement supérieur. Mais comment bien se remplir la tête quand on n’a pas de toit au-dessus de cette dernière ? Dans un communiqué, l’Union Étudiante Auvergne alerte sur la situation.

Plus de places ni de moyens

Début septembre, 6000 nouveaux étudiants sont entrés à l’université portant le nombre d’inscrits à l’UCA à près de 40.000. Problème, les Crous de Clermont ne proposent qu’à peine 4000 places. Le calcul est rapide. Ça fait 10%. Pour les autres, il y a les logements privés mais pour beaucoup, l’augmentation des loyers a rendu cette solution impossible surtout avec un coût de la vie en hausse qui laisse de nombreux étudiants dans la précarité. Résultat, de nombreux étudiants n’ont pas l’argent ou les conditions nécessaires pour se loger.

« Le CROUS, les associations, les refuges et le 115 sont contraints de refuser des personnes tous les jours faute de places et de moyens. », dénonce l’Union Étudiante Auvergne. « Beaucoup de personnes doivent se réfugier dans des logements insalubres, chez des ami·e·s, ou dans des squats. Ce sont des conditions de vie très précaires et non viables… », peut-on également lire dans le communiqué.

Double peine pour les étrangers

Chaque année, de nombreux étudiants arrivent de l’étranger. Le parcours est déjà difficile entre galères administratives, titres de séjour, inscriptions… Souvent, le logement est une barrière de plus. Les étudiants disposant des moyens nécessaires font face, de leur côté, à des discriminations récurrentes dues à leurs origines.

Du jamais vu

L’Union Étudiante Auvergne a entamé un recensement au début de la semaine. Après un passage dans la moitié des cités universitaires, 30 cas d’étudiants sans logements ont déjà été répertoriés. « Ce sont souvent des gens qui en connaissent d‘autres dans cette situation et nous alertent. », nous explique un membre du syndicat. Alors que le recensement est encore en cours, on note désormais plus de 40 cas.

Certains dorment à l’hôtel tant qu’ils peuvent encore se le permettre. D’autres empruntent le canapé d’un pote. Les autres sont à la rue ou dorment dans leur voiture. « Là, on vient de recevoir une étudiante qui dort depuis deux semaines dans la voiture d’un de ses amis. », confie le militant.

Pour l’heure, aucun étudiant sans logement n’a souhaité nous raconter sa situation. Nous sommes à la fac de lettres depuis à peine cinq minutes quand une étudiante passe la porte du local syndical. « Bonjour, je viens pour un problème de logement. », arrive-t-on à entendre d’un peu plus loin.

« Il y a plusieurs types de solutions. On appelait le 115 mais ça fait des années qu’ils sont débordés. Après, on voit avec les associations comme RESF ou le DAL mais elles sont sous financées et n’ont plus de solutions non plus. Le dernier recours, ce sont les églises et les mosquées. », explique le membre de l’Union Étudiante. Le syndicat a pris rendez-vous avec le CROUS en urgence. Depuis ce matin, 5 étudiants ont déjà poussé leur porte.

« C’est la première fois que la situation est aussi tendue à Clermont », explique l’étudiant qui déplore que la mairie ne réquisitionne pas les logements vacants présents dans la commune.

« Nous, présidentes et présidents d’université »

La dernière grande étude sur la situation des étudiants, en 2020, révélait des chiffres parlants. 26 % des étudiants interrogés déclaraient vivre de façon précaire. 38% avaient du mal à payer leur loyer. 56 % disent rencontrer des difficultés financières au point de réduire leur alimentation. Selon l’enquête « La mesure de la précarité étudiante » de 2020, 27,1 % des étudiants vivraient sous le seuil de pauvreté (correspondant à 60 % du niveau de vie médian des étudiants, soit 454 euros). 

Hier matin, une tribune était publiée dans le monde, signée par 14 présidents d’université appelant à « la mise en place d’une allocation d’études pour tous les étudiants ». Ces derniers ont rappelé la nécessité de s’interroger sur les responsabilités de la société vis à vis de la jeunesse.

Lors d’un reportage au Secours Populaire la semaine dernière, on apprenait également que 70 personnes n’ont pas de solutions de logement à Clermont. Le 9 septembre, la LDH, RESF, la CIMADE et le Collectif Citoyen adressaient une lettre ouverte pour l’hébergement des jeunes étrangers en situation précaire au préfet du Puy-de-Dôme, au Président du Conseil départemental et au Maire de Clermont-Ferrand.

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