Barrage à Vichy : Les saumons en sursis

La Frane, association pour l’environnement, basée à Beaumont souhaite alerter sur la centrale hydroélectrique au niveau du pont-barrage en projet à Vichy. Depuis son installation, on ne dénombre plus que 200 saumons. Explications.

Frane, association liée à France Nature Environnement, a pour but d’alerter sur les problématiques liées à l’environnement sur la région (Puy-de-Dôme, Allier, Cantal et Haute-loire). Existante depuis 40 ans, ses deux salariées et son Conseil d’administration, n’ont de cesse de se battre sur des sujets parfois très lourds. « On se bat parfois contre des gros, comme Volvic dont on aimerait que la société respecte l’arrêté sécheresse, l’été, par exemple. » Explique son vice-président.

« Et nous aimerions alerter sur le fait que c’est la société des Eaux de Volvic qui contrôle ses propres prélèvements. » Rajoute Prune, l’une des salariées, spécialisée dans l’Eau. L’association en connaît un rayon sur l’eau et son utilisation par l’homme. « Parfois, on enrage de voir que l’argent public est dépensé pour permettre des dégâts causés par des entreprises privées. » Au Mexique, Coca-Cola, a, par exemple, asséché les nappes phréatiques de territoires entiers.

Disparition des Aloses depuis 1970

Mais cette fois, il s’agit d’un fait plus local et qui remonte à quelques années mais qui connaît un nouveau rebondissement. Il faut donc revenir à 1963. A cette époque, le maire de Vichy décide de construire un pont-barrage avec 5 vannes pour vider le plan d’eau. Ce barrage permet une infrastructure touristique et un attrait économique pour la commune. Mais, rapidement, le barrage impacte la circulation des poissons, et notamment les Aloses. ( Ces poissons naissent en eau douce, vivent dans l’océan pour revenir en eau douce, de la même manière que le saumon.) Dans les années 70, plus aucune alose n’est repérée dans le bassin de Vichy.

Plus que 200 saumons

Les saumons vivent alors le même sort. Jusque dans les années 90, pourtant, on ouvrait le barrage afin de débarrasser l’eau de tous les sédiments, cailloux, etc. Les poissons en profitaient alors pour rejoindre l’océan. désormais, les barrages sont fermés. Des passes ont pourtant été prévues mais aucune ne fonctionne sauf celle placée rive droite. On voit alors une petite amélioration. Mais on décompte désormais seulement 200 saumons au lieu des milliers répertoriés dans les années 70.

De plus, le saumon doit faire face à un prédateur de taille : le Silure, utilisé notamment en pêche sportif par la fédération des pêcheurs. (Ils attrapent le poisson pour le relâcher ensuite.) Ces prédateurs sont de vrais fainéants, mais pas idiots, ils se postent devant les passes et attendent l’arrivée du saumon.

Pourtant, le saumon est une espèce emblématique de la Loire et de l’Allier. Il remonte 1000 kilomètres. Une association s’occupe de faire naître les bébé imprégnés de l’odeur du cours d’eau afin qu’ils puissent revenir après trois ans de baignade à l’océan. De lourds moyens ont été mis en place pour préserver cette espèce.

Des efforts faits sur d’autres barrage pour la préservation des espèces

A contrario, l’installation du barrage annihile toutes ces tentatives. « On a quelques exemples d’efforts réalisés par EDf au niveau du barrage de Poutès, du côté de Brioude » Explique Prune. Après d’âpres négociations, il a été construit une nouvelle infrastructure avec des vannes ouvertes 90 jours par an, en période de passage des poissons. « Il a été déboursé 20 millions d’euros et presque pour rien, puisque ça continue de bloquer à Vichy. » Raconte le vice-président de l’association.

Projet de micro-centrale

Et depuis peu, l’actuel maire de Vichy a annoncé que grâce au barrage, une micro-centrale allait être construite. « Il annonce que grâce à l’hydro-électrique, les habitants vont pouvoir bénéficier d’électricité écolo. » S’agacent les membres de Frane qui poursuivent : »Mais, il ne faut pas construire cette centrale. D’abord, parce que la rentabilité est très faible et cela signifiera que ce barrage restera comme tel, or, en peu de temps, les saumons auront disparu. Ils ne voudront pas ouvrir les vannes 90 jours par an, ce ne sera pas rentable. »

L’association veut donc qu’un corridor fluvial Loire/Allier soit réhabilité sur cet axe, laissant les saumons rejoindre l’océan. « Créer une micro-centrale c’est aller à l’inverse de la préservation des espèces qui disparaitront. »

Recours au tribunal ?

Frane a donc décidé de faire un recours gracieux auprès du préfet, au côté d’une dizaine d’associations de protection et étude de la nature. La réponse est attendue le 11 novembre. « Nous nous faisons guère d’illusion, nous rions certainement au tribunal administratif dénoncer les dépenses incohérentes de l’argent public. On sait que l’Europe va dans notre sens. Il est temps de préserver les espèces plutôt que les piéger dans des infrastructures. Et avoir mis de l’argent à Poutès pour ensuite coincer les poissons à Vichy est une ineptie. »

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