Rassemblement du 1er décembre: l’appel de la CGT à converger

Julien Pauliac, Secrétaire Général de l’Union Départementale CGT n’en est pas à sa première manif. Pour Mediacoop, il nous parle de son avis sur les Gilets Jaunes, mais aussi des revendications syndicales en cours. Interview.

 

samedi 1er décembre, comme chaque premier samedi du mois de décembre depuis 16 ans, la CGT appelle à une marche contre la précarité. Ca tombe bien, avec les gilets Jaunes, la colère gronde! Ca tombe bien, ou pas, car pour l’instant les mains tendues par le syndicat n’ont pas trouvé preneurs du côté d’un mouvement social  » protéiforme ». «  On a rencontré des référents Gilets Jaunes, mais référents de quoi, je ne sais pas trop, puisque chaque gilet jaune se représente lui-même, finalement. On nous taxe de vouloir récupérer la grogne sociale…mais enfin, à la CGT, on n’a rien à récupérer, la grogne sociale, depuis 1895, on s’en préoccupe et on n’a pas à en rougir ! » explique Julien. Si le syndicat des gilets rouges soutient la colère, et certaines revendications comme l’augmentation des salaires, il se désolidarise de certains autres aspects.  » On peut parler même d’antagonisme, on n’ira jamais manifester aux côtés de Wauquiez ou Lepen. La colère est justifiée pour nous mais pas toujours les modes d’ action. »

Les Gilets jaunes ont pour l’instant clairement exprimé ne pas vouloir voir la CGT débarquer à leurs côtés, sauf si les syndicalistes échangent leur rouge contre le jaune.  » Et ça on ne peut pas. Par exemple, nous nous sommes pour les services publics et donc pour le maintien des impôts et des taxes qui paient nos agents hospitaliers, nos écoles…On ne peut pas vouloir d’un côté sauvegarder le service public et de l’autre ne plus rien payer à l’Etat ! Nous, les travailleurs, nous voulons cotiser! En revanche, nous militons pour la justice fiscale, d’autant plus quand les petits paient et que les gros trichent avec des magouilles, avec l’appui des banques et du pouvoir, pour moins débourser. « 

La marche contre la précarité, rituel du syndicat se faisait normalement plutôt à Paris. cette année, pour tenter une convergence et amplifier la lutte, des marches locales ont vu le jour. «  Mais nous nous rassemblerons à la préfecture. les Gilets jaunes eux seront à Aubière…et ne veulent pas forcément que l’on se retrouve ! C’est dommage, on a quand même le même ennemi : l’Etat et ses politiques libérales, au service des riches et du patronat  »

Les Gilets jaunes ne veulent pas politiser leur mouvement , » mais en fait, il est très politisé leur mouvement. On y trouve des insoumis, l’extrême-droite,  des syndicaux, ou encore des membres du Bastion Social chez nous… Et les revendications sociales sont forcément d’ordre politique. »

Pour Julien, qui tente d’analyser l’ampleur médiatique et politique de cette nouvelle forme de colère, «  il y a deux poids, deux mesures. Moi, j’ai quand même été poursuivi pour avoir distribué des tracts à un péage, les gendarmes sont venus au bout d’une demie-heure nous demander de partir. Là, les barrières d’autoroute sont arrachées, cassées, ouvertes depuis plusieurs jours, et on ne leur dit rien. alors bien sûr, je ne suis pas pour la répression, mais je me dis qu’il y a une intérêt à laisser faire ça, tant pour les grosses entreprises autoroutières que pour le gouvernement. » Selon Julien,  ces modes d’action pourraient pousser les gens à déserter les syndicats pour une lutte plus acceptée par l’Etat. «  Ils tentent d’affaiblir les syndicats depuis longtemps. Là, encore plus, puisque on tolère une certaine radicalité, tout en sachant que la vraie opposition politique ce ne peut être émanant de ce mouvement désorganisé.  » Et puis Julien s’interroge sur l’efficacité de bloquer un rond-point, «  Si ça permet d’être visible et d’informer, quel est l’impact sur le grand Capital? Moi j’ai du mal avec ce concept du salarié qui manifeste au côté d’un patron…on n’a pas tous les mêmes réalités…on ne peut être protéiforme à ce point si on veut être crédibles! Nous sommes un syndicat de luttes des classes. »

La CGT, quant à elle, est en pleine négociation sur les salaires dans les entreprises et sur l’augmentation du SMIC au niveau national.  Une prochaine réunion est fixée au 14 décembre. Le syndicat est aussi très vigilant sur la réduction des droits-chômage, notamment sur sa durée et sur le statut des intermittents en danger.

Une grève début janvier 2019 sur les problématiques des salaires devraient faire converger les travailleurs du public, du privé, voire des cheminots toujours en lutte contre la casse du service public ferroviaire.

Ainsi conclut Julien :  » La CGT plaide depuis longtemps pour un impôt plus juste, il faut évidemment entendre la colère, il faut évidemment que nous gagnons plus d’argent et que les riches paient pour les plus pauvres. Mais, en dehors de la polémique de la récupération par l’extrême-droite, en-dehors de sa forme sans aucune gouvernance, il y a un jeu dangereux. Si le gouvernement laisse ce mouvement faire, c’est pour diviser un peu plus le peuple que nous sommes, affaiblir ainsi ceux qui luttent depuis longtemps, syndicats, associations de terrain…pour laisser sur place, des gens qui ne savent pas vraiment s’organiser, et vont se laisser déborder…Mais je le redis ici, mettons-nous autour de la table et convergeons…si c’est possible… »

 

 

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