Témoignage de blessés lors de l’acte 15 des Gilets Jaunes

C. était accompagnée de sa maman de 73 ans et de sa fille, bénéficiaire de l’allocation handicapée. elles n’avaient aucune intention de violences et estiment n’avoir jamais été une menace. Pourtant, C. repartira à l’aide des pompiers, victime de tirs dans les jambes. Récit.

« la mobilisation était incroyable, avec une ambiance très joviale, chantante, et dansante jusqu’à la cité judiciaire. La tête de cortège se heurte à ce moment-là, au blocage des Forces de l’ordre. Une jeune femme est venue prévenir qu’ils se mettaient en place pour nous nasser ( encercler sans issue) . La panique a saisi les manifestants, pas habitués ni à ce genre de pratiques ni à la présence de la police et des gendarmes. Nous nous sommes alors précipités derrière les Forces de l’Ordre. Mais nous n’entendons pas le ton monter, ni ne voyons de projectiles. Malgré tout, ils nous « gazent ». Ce qui éclate la manifestation en plusieurs groupes. On a alors rejoint la place de Jaude. On découvre une fumée noire vers le Mac Do. Une poubelle qui crâme, alors qu’aucune n’était présente lors de notre premier passage. On voit une vingtaine de pavés au sol. Je vois autour de moi beaucoup de personnes septuagénaires et plus. Ma mère discute avec des gens de son âge. Mais très vite, les lacrymos pleuvent. Les  plus jeunes tentent de les repousser à coups de pieds pour nous protéger de la fumée. On s’écarte, dès que l’on tente de rejoindre la place de Jaude, ils gazent. Nos échanges portent plutôt sur l’altermondialisme, un monde plus beau, et restent conviviaux. Mais à un moment, les tirs s’intensifient, et sont hauts. Quand ils retombent, cela provoque comme des feux d’artifice. On nous conseille de courir, nous réfugier rue Blatin, à l’inverse des coups de vent qui porte le gaz. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti une grosse douleur dans le pied. J’ai essayé de continuer à courir en vain. Paralysée. Les gens appellent les médics. Je suis mise à l’abri, mais les forces  de l’ordre nous visent, et nous recevons encore des tirs. Les medics me protègent encore. Ils se mettent littéralement sur moi pour que je ne sois blessée davantage. Je suis épuisée. Ma famille tente  de me rejoindre, mais les CRS les encerclent pour qu’elle ne puisse pas me rejoindre. Il a fallu l’intervention des pompiers pour que je sois totalement mise à l’abri. J’ai 45 ans. Je suis mère de famille, j’étais dans le maraîchage bio jusqu’à peu. Je viens à la base de la communication. Nous sommes venues à cette manif pour défendre nos acquis sociaux. Mais oui, j’ai voulu aller sur cette place, malgré les gaz, car c’est une place publique, et il n’y a aucune raison pour que l’on ne puisse pas l’occuper en tant que citoyen. J’ai vu lesdits casseurs, ma mère est allée les fâcher, des minots, et dès qu’on montait le ton, ils partaient. Les forces de l’ordre étaient à moins de 30 mètres, personne n’a compris pourquoi ils n’ont pas maîtrisé la vingtaine (et non 500!) individus qui détérioraient. 

Je voulais dire aux medics à quel point ils ont été formidables, incroyablement sécurisants. Ils se sont tous  couchés sur moi pour me protéger, rien que d’y penser, ça me tire les larmes. Ils ont été tellement dévoués. J’avais les yeux rivés au ciel, et je voyais arriver les tirs sur nous, précisément. Nous étions visés. Et toute la manifestation, alors qu’ils étaient en train de sauver ou soigner des gens, les forces de l’ordre les visaient. Lorsque les pompiers m’ont prise en charge, j’entendais qu’ils étaient appelés encore et encore. Nous avons vu plusieurs personnes être prises en charge, touchées par des flash ball, des grenades ou des tirs LBD. Et le nombre de personnes âgées qui ne pouvaient pas respirer à cause du gaz. Remarque, je n’ai jamais vu ma mère courir aussi vite ! Mais, on a vu des images affreuses, des tirs dans les jambes, un homme s’effondrer en plein milieu de la place. C’était la guerre, une guerre contre 4980 manifestants pacifistes, éberlués. Une vingtaine de personnes venues en découdre et 700 CRS. Comment a-t-on pu me viser moi? Me blesser moi? Mon pied va mieux. Mon ami a perdu l’ongle de son orteil aussi. Tout ceci est d’une violence inacceptable. Et je me laisse à penser qu’à la cité Judiciaire, c’était un guet-apens, pour nous disperser, pour nous faire peur, et pour pouvoir nous faire mal. »

Nous avons pu décompter plus de 40 blessés légers et 5 blessés graves dont un tir dans la mâchoire. Une quarantaine de médics était sur place. Une vingtaine émanant des Gilets Jaunes, 8 de la croix rouge, et 2 black cross médic. Les médics n’ont aucun statut juridique. Certains sont urgentistes ou secouristes ou titulaires du PSC1. Ils soignent bénévolement les blessés lors des manifestations, en attendant les secours.

 

Crédit photos : Black Cross Street medic. Merci à eux.

 

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4 réflexions sur “Témoignage de blessés lors de l’acte 15 des Gilets Jaunes”

  1. Je confirme le témoignage précédent nous avons été attiré dans un véritable guet apens, d’abord à l’arrivée du cortège place de Jaude tout se passait très bien puis après que tout la foule fut réunie des motards de la police sont partis devant, nous notre petit groupe avons choisi de ne pas suivre et avons pris une petite rue parallèle
    c’est alors que nous sommes arrivé sur le cortège bloqué par des gendarmes mobiles devant le palais de justice
    cela à durer 5 à 10 mn quand les esprits se sont échauffés les F.O. se sont mis à gazer avec les lacrymos, quelqu’un dans le groupe à demander de partir sur la place de Jaude, en arrivant sur celle-ci nous nous sommes aperçu que les accès étaient entrain de se bouclés par les F.O. des poubelles brûlaient déjà alors qu’il ne devait pas y en avoir comment cela se fait-il? La tension est montée et c’est à ce moment là que les casseurs sont entrés en action, alors qu’ils étaient en petits groupes depuis le début de la manifestation et attendaient dans les petites rue au dessus de Jaude, je me demande si cette situation n’était pas préméditée. Pour ce qui est du témoignage de la personne blessée au pied j’étais à cet endroit quand les médics l’on transportée pour la mettre à l’abri afin lui donner les premiers soins mais nous avons été chargé et largement gazés de sorte que les médics étaient obligés de la couvrir puis ils l’on transportée plus loin j’étais resté vers eux pour dégagé le passage dans l’affolement et la fumée. Je pense que les autorités ont fait exprès de créer cette situation pour discrédité la manifestation des G.J. par la même le mouvement, tous les moyens sont bons pour le gouvernement pour la bonne raison qu’elle n’était pas déclarée. Je voudrais remercier les street medics pour leur courage dans des situations rendues très dangereuses par les F.O. qui sont là normalement pour protéger la population mais qui en réalité la mette en danger, c’est une honte, je dois ajouter qu’il y avait des personnes âgées et des personnes qui ne faisaient pas partie de la manif qui étaient sur place se promenant qui auraient pu recevoir des projectiles type grenades et flash-ball .

  2. Merci à vous. Voici mon témoignage du 23 février :
    « Reportage en live pour ceux qui n’y étaient pas et qui n’en savent que ce qu' »on » a bien voulu leur en dire. On était plusieurs milliers au départ place du 1er mai, 2,5 selon la police et 5 ou 6 d’après les organisateurs, disons 4000, vu la longueur du cortège, ça me semble honnête.
    Comme tous les samedis on s’est baladé tranquillement… euh… jusque dans une petite rue près du tribunal. L’un des GJ réguliers, Philippe, résume très bien ce qui s’est passé après et ce qui se passe à chaque fois qu’il y a une manif « nationale ». Il y a trois forces en présence (moi je dirais plutôt quatre) : les flics, les casseurs venus exprès et qui n’en ont rien à foutre, et les Gilets Jaunes pacifiques qui exercent simplement leur droit de manifester, comme chaque samedi (je ferai remarquer que c’est la 1ère fois sur quinze que ça se passe comme ça à Clermont, comme par hasard). Les casseurs ont besoin d’images de violence pour passer à la télé (les fameux « médias indépendants », la quatrième force en présence), les flics ont besoin d’images de violence pour renforcer l’image négative des GJ et pour justifier leur utilité, les médias ont besoin d’images de violence pour que leurs pseudo journalistes continuent leur manœuvre de sape du mouvement. Les seuls qui ne veulent pas de violence sont les GJ, ils ne font pas le poids. Les rues sont vides, la mairie, beaucoup de bâtiments et de commerces également paranoïaques (il faut dire que la com pour foutre la trouille a été bien faite, bravo !) sont transformés en blockhaus, un hélico obsédant tourne juste au-dessus de nous histoire de mettre une ambiance décontractée, nous on cause et on s’amuse, il y en a qui chantent, qui jouent du tambour, font péter quelques pétards inoffensifs et gueulent : « Macron démission ! », comme d’hab. Au bout d’une rue étroite : les robocops se mettent en travers et interdisent le passage alors que tout allait bien. C’est cool, on vient de passer devant le tribunal sans encombres ni agressivité mais là, ils décident qu’on ne peut pas passer. Ça doit être les ordres et les ordres, c’est les ordres, même s’ils sont très cons. De toute manière, le robocop n’est pas programmé pour se poser des questions. La foule pousse derrière, les casseurs qui sont venus exprès commencent à lancer des trucs et des machins plus ou moins lourds (mais où ils les ont trouvées, ces bouteilles ?) et c’est parti pour fournir des beaux arguments aux téléspectateurs et aux commerçants qui en ont marre, de « ces GJ tous pareils qui leur pourrissent le chiffre d’affaire »). Mais ces enfoirés de flics ne gazent pas seulement leurs agresseurs, ils lancent des lacrymos derrière eux et la course commence, chouette, la ville va pouvoir justifier les 300 mille euros de protections (des grilles d’acier inutiles vissées dans les vieilles pierres que personne n’a touchées puisque les flics n’avaient pas encore commencé leur cirque). Et quand ça a commencé, ça ne s’arrête plus. J’entends dire que c’est un mouvement haineux mais les véritables têtes d’haineux ne sont pas celles qu’on croit. Les flics continuent à utiliser leurs jouets, alors qu’on discutait pacifiquement avec des copains sur le trottoir avenue des Etats-Unis, des lacrymos sont lancées par les robocops par-dessus la foule, allez savoir pourquoi, Janet ne se barre pas assez vite, moi j’en enjambe trois ou quatre (on était à au moins vingt mètres des flics qu’on ne voyait même pas), pourquoi ces décérébrés nous ont arrosés alors qu’on ne représentait aucun danger ? On retourne place de Jaude, les affrontements entre CRS et casseurs continuent gentiment dans les petites rues, c’est du classique, tout a été prévu pour ça. Le feu est mis à une poubelle alors qu’elles avaient toutes été enlevées… où ils l’ont trouvée ? mystère ! Les gens courent dans le sens inverse des lacrymos, une fois dans un sens, une fois dans l’autre, des gens pacifiques avec leurs gosses en prennent plein la gueule et pleurent et toussent, les flics utilisent des grenades, continuent à lancer les lacrymos par-dessus les gens, quelques casseurs brûlent deux ou trois trucs sur la places, ça fait de la jolie fumée noire et de belles images bien parlantes pour BFM, CNews… et les chaînes publiques, des vrais débiles des deux côtés. Le pire, qui confirme le besoin de fabriquer de la violence pour discréditer les GJ dans leur ensemble et faire plaisir à tous les Jojo, les Thibault et les Béatrice (je leur ai collé un pseudo mais ils se reconnaîtront, comme plein d’autres copains qui critiquent le mouvement de leur fauteuil, dont certains « de gauche »), c’est que devant la préfecture, une dizaine de Gilets Jaunes (dont le Philippe de tout à l’heure) ont formé un cordon devant les casseurs pour les empêcher d’agresser les CRS, ils les ont contenus et la situation était stabilisée… jusqu’à ce que la cheffe du troupeau de cow-boys (il n’y a pas que des blaireaux, il y a aussi des blairottes) prenne son mégaphone et donne l’ordre à ses employés subalternes d’envoyer les lacrymos puis une grenade, ce qui n’a pas manqué d’envenimer la situation mais je suppose qu’ils étaient contents de pouvoir enfin bouger.
    Voilà ce qu’on a vu et vécu, je ne doute pas que ça corresponde aux commentaires et aux reportages télévisés que je n’ai pas regardés (?)… Euh… sûrement, j’ai confiance ! »

    1. bravo Mr CHRAZ pour ces commentaires trés réalistes, rien à redire! en espérant vous revoir( nous avions fait quelques pas ensemble, devant l’opéra, le 23/02) le 02/03 pour la marche citoyenne?

  3. Je suis la dame de 73 bientôt 74 du 1er témoignage. J’ai même empêché des ados (quasi en transe) d’enlever des pavés alors qu’ils été encouragés par un femme qui m’apparût être une femme flic !!! Elle leur a demandé, en les appelant par leurs prénoms, de laisser tomber quand elle a vu que les gens manifestants et non manifestants défendaient mon intervention.

    23/02/2019 MACRON MENT Nous avons été gazés.es, avec tir de LD40 et grenades de désencerclement à partir de 14 h 30/15 h et non en fin de manifestation

    Info TV FR3 AUVERGNE : 2.500 manifestants alors que nous étions plus de 5.000, certains peut-être un peu excessifs parlent de 10.000 (en 1 ère info) ! FR3 et les infos nationales nous/vous mentent !!! Là vraiment je peux en témoigner, les médias mentent avec une innocence affichée à décorner les bœufs !!! Nous étions tellement nombreux qu’ils nous ont gazés.es tôt vers le Palais de Justice, on n’a même pas compris pourquoi !!! Il ne se passait rien, à part une manifestation calme et joyeuse ! Survol d’hélicoptère, pas de forces de l’ordre en vue … Cool, c’était cool !!! Bien voilà, d’un seul coup cela n’a plus été cool ! Personne n’a rien compris ! Comme par hasard ils avaient des poubelles alors que tout avait été enlevé … ? Ma fille s’est pris un tir de LBD40 à Clermont-Ferrand (63) heureusement qu’elle avait des bottes ! Une manifestante, âgée de 75 ans, a vu un flic casser une vitrine dans une des petites rues perpendiculaires à la manif (c’est après que les forces de l’ordres ont commencé à faire dégénérer la situation). Cette dame nous a prévenues et on a commencé à courir ! Ma petite-fille et moi avons couru comme des dératées, à 74 ans pas vraiment facile, gazées comme pas permis !!! Les photos de gens qui balancent des pierres ou des pavés c’était vraiment en toute fin de manif. Il ne faut rien lâcher les gouvernants et les médias vous mentent !!! Nous sommes dans une dictature fascisante où l’on arrête les gens pour délit d’opinion !!! PS : à 15 km de Clt-Frd, nous avons été accueillies par un barrage filtrant avec gendarmes en gilets pare-balle et gilets jaunes par dessus, le dernier gendarme avant de quitter le barrage avait un fusil d’assaut dans les mains … Force et honneur !!! Dernière estimation 290.000 manifestants !!! Lisez ce témoignage, je suis la dame de 73 ans (bientôt 74)

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