« CROUS complice, État coupable ! »

Vendredi dernier, un étudiant de Lyon 2 tentait de mettre fin à ses jours après le rejet de sa demande d’aide d’urgence. À l’appel de ses camarades de Solidaires étudiant-e-s, plus d’une centaine de jeunes se sont rassemblés hier, mardi 12 novembre, devant le CROUS de Clermont-Ferrand, pour dénoncer les politiques qui jettent les étudiants dans la précarité.

Une centaine de jeunes, une banderole et des drapeaux ; à la tristesse se mêle la colère, ce mardi 12 novembre devant le CROUS de Clermont-Ferrand. La tristesse pour ces étudiants, qui ont appris quelques jours plus tôt qu’un camarade lyonnais n’avait trouvé d’autre solution que le suicide face à la précarité qu’il subissait, et reste encore aujourd’hui dans un état grave. La colère, car le jeune homme désignait dans une dernière lettre les coupables : « J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy, et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes. » À l’appel de Solidaires étudiant-e-s, dont le jeune homme était militant, plusieurs milliers de jeunes ont participé à des rassemblements partout en France.

Une précarité généralisée

Anas, c’est son prénom, n’est pourtant pas un cas isolé : 20 % des étudiants auraient des pensées suicidaires, et 6 à 9 % passeraient à l’acte d’après l’Observatoire national du suicide. Difficile de ne pas faire le lien avec la précarité qui frappe la jeunesse toujours plus fort, le nombre d’étudiants sans logement ou en situation de grande pauvreté augmentant d’années en années. Le système de bourses exclut toujours une large majorité d’étudiants, et les logements CROUS n’accueillent que 6 % d’entre eux à échelle nationale. À Clermont-Ferrand, une quarantaine de jeunes ont passé leur rentrée 2019 dans la rue. Si le militant a souhaité donner une dimension politique à son geste, espérant sans doute laisser derrière lui un avenir meilleur pour ses camarades, il est malheureusement représentatif d’une réalité bien tangible pour beaucoup de jeunes.

Et pourtant, des solutions sont connues : pré-salaire étudiant, allocation d’autonomie ou encore assurance jeunesse sont portées dans le débat public par les organisations étudiantes depuis des dizaines d’années. « Il faut aussi régler le problème du logement étudiant, qui touche de plus en plus de monde » confie un représentant local de Solidaires étudiant-e-s. « Il y a bien sûr les logements CROUS qui ne sont pas assez nombreux, les loyers qui continuent d’augmenter, mais aussi dans certaines villes des centaines d’appartements laissés vides pour être loués sur Air’bnb. » Il réclame également la généralisation des services de santé universitaire dans toutes les villes. « Il en existe un à Clermont-Ferrand, mais ce n’est pas partout comme ça, et beaucoup d’étudiants renoncent à se soigner. C’est encore pire en matière de psychiatrie, où il est parfois impossible de trouver un professionnel abordable. Pour un jeune soumis au stress combiné des études et de son travail, tout en ayant l’obligation de réussir pour ne pas perdre ses aides, la situation devient vite intenable. »

Pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore fait d’annonce dans le sens de la lutte contre la précarité étudiante. « Solidaires a été contacté par le ministère pour une rencontre « après le temps de l’émotion », mais c’est de l’hypocrisie », estime le représentant local du syndicat. « Ils attendent juste de voir si une mobilisation se déclenche ou non. De notre côté, on espère un mouvement qui oblige le gouvernement à résoudre les problèmes politiques qui ont conduit à ça. » Plusieurs universités sont dores et déjà mobilisées et quelques blocages ont été appelés. Aucune date d’assemblée générale n’est encore connue à Clermont-Ferrand, mais ça ne saurait tarder.

« Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la sécu »

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