Journée du 8 mars, une journée de luttes

Le collectif 8 mars toute l’année organise ce dimanche une journée de luttes pour les femmes, avec un rassemblement place de Jaude, dès 14 heures suivi d’une manifestation, d’un goûter, d’ateliers-débats afin de rappeler leur solidarité avec les femmes du monde entier. Nous avons rencontré le collectif et les différentes associations et syndicats qui le composent. Chacun expose sa vision de ces luttes et les raisons qui les ont amenée à entrer dans le collectif.

Syndicat Solidaires : «  Ce n’est pas la journée de la femme, c’est une journée de luttes et d’expression au niveau international.  » Commence Martine du Syndicat Solidaires. Le ton est donné.  » Les femmes continuent d’être considérées comme des otages de guerre, leurs droits ne sont toujours pas acquis dans certains pays, au niveau du travail, de l’éducation, de l’avortement…Et en France, nous ne sommes pas du tout dans un pays dans lequel nos droits sont acquis. » Martine n’en démord pas : «  le gouvernement actuel avait dit faire du droit des femmes une grande cause du quinquennat mais, aucune avancée sur l’égalité salariale, les violences faites aux femmes. Nous sommes les grandes perdantes de la réforme des retraites avec un travail précaire et hachuré. Le 8 mars sera l’occasion de dire que ce gouvernement se fout de notre tête. Même si la parole s’est libérée dans certains milieux, celui du sport ou du cinéma, les violences restent invisibles dans la majorité du quotidien, notamment dans le monde du travail, les femmes refusent souvent d’aller jusqu’aux prud’hommes. »

UNEF : Pour le syndicat étudiant, c’est tout un système qui est sournois. «  Les valeurs patriarcales nous définissent dès la plus tendre enfance, sois belle ou sois bagarreur. Cela finit par nous dicter les choses. A l’université, les choses se cristallisent. Le Service santé universitaire a encore des difficultés à donner des informations sur l’IVG, la contraception. On condamne encore le bizutage en fac de médecine, souvent à portée sexuelle. Mille petites violences comme cette maudite phrase  » Simone Salope » criée par les étudiants dès qu’une étudiante arrive en retard. Mais il s’agit de tradition, alors on n’y touche pas…Et nous luttons aussi pour la gratuité des protections périodiques pour toutes, et la lute contre la taxe rose, qui sous prétexte de packaging, fait payer plus cher un rasoir  » féminin ».

Association Résolument Autre : «  Nous sommes une association LGBT. Nous savons désormais que la charge des enfants, de l’entretien du foyer n’est pas l’affaire de la femme. La preuve, les couples homosexuels s’en sortent très bien. Nous subissons la hiérarchie de la société, et pour nous qui vivons déjà la discrimination à l’embauche, par exemple, l’oppression subie par notre  » statut  » LGBT, et la violence en hausse à notre égard, nous devons aussi, comme toutes les femmes, subir le sexisme. Nous le refusons.

Osez le Féminisme 63 : «  Il est important de se mobiliser malgré un certain fatalisme. Nous avons une grosse marge de progrès. Le gouvernement saupoudre, pas de prise en charge globale. L’état des lieux est le même partout, dans le domaine des médias, de la politique, partout. L’inégalité prédomine dans tous les domaines. Les paroles libérées auraient dû l’être depuis 30 ans ! Aucun domaine de la vie n’est épargné. Même dans les cours d’école, on vit le sexisme. Au sein même de nos syndicats, il faut arrêter avec le déni. Les violées, les violentées prennent perpet’ dans leur tête. Tu imagines que cela ne fait que 20 ans qu’il existe une loi sur le viol conjugal. Seulement 10 % des victimes de violences portent plainte. Seulement 1 % des plaintes aboutissent ! Et les victimes doivent subir des expertises psychologiques…les victimes ! Et c’est partout, il n’existe pas de frontière au patriarcat, mais, il n’existe pas non plus de frontière à la sororité ! « 

La Ligue des Droits de l’Homme :  » Le nombre de victimes augmente; 149 en 2019, 15 depuis le début de l’année. On régresse sur la loi du droit à l’IVG avec la clause de conscience. Nous militons depuis des dizaines d’années sur les mêmes problématiques et rien n’avance. C’est désespérant. Nous avons à la LDH voté pour une résolution et nous exigeons la dignité corporelle à tout être humains. « 

ATTAC 63 : » Le déclencheur qui nous a permis de rejoindre le collectif c’est le mensonge de Macron qui avait dit que la femme serait au coeur du quinquennat. Nous sommes les grandes perdantes de ce quinquennat. On a une retraite inférieure de 42 % par rapport à celles des hommes. Et il existe des solutions, nous en proposons comme l’égalité des salaires qui permettrait d’ailleurs de renflouer la caisse des retraites de 4,5 milliards. « 

Le Planning Familial 63 : «  On arrête toutes » bon dommage, cette année le 8 mars tombe un dimanche. mais toutes les femmes doivent se mettre en grève afin de montrer notre force. Si on est en grève, comment continue le pays ? et globalement, le problème de l’IVG est lié aux problèmes de l’hôpital. Aujourd’hui, on ne laisse plus le choix aux femmes d’avorter de façon médicamenteuse, on va au plus rapide. Aujourd’hui les femmes enceintes côtoient dans la salle d’attente la femme venue se faire avorter. Et désormais, l’Education nationale n’entend plus les 60 ans d’expertise du planning. Mais il ne faut pas se leurrer, un gosse ne va pas confier sa sexualité à son professeur. Mais on veut la peau du planning, l’ARS nous a retiré 35 mille euros de subvention. Nous accueillons pourtant 3600 personnes par an. « 

Un préavis de grève a donc été déposé pour le 8 mars. La première grève a eu lieu en Belgique, en 2016. Ce dimanche, les associations, les collectifs, les syndicats et certains partis politiques se réuniront donc place de Jaude dès 14 heures afin de libérer la parole, espérant le témoignage des manifestants. Le collectif est unanime :  » Nous voulons créer un moment de rencontre, mais faire cela dans la joie. C’est important de revendiquer sans faire la gueule, malgré la colère… »

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1 réflexion sur “Journée du 8 mars, une journée de luttes”

  1. Aujourd’hui Journée des Femmes 2020 … alors comme les lignes ne bougent que trop lentement, un clins d’oeil pour agir.
    En lien avec un « fait divers » irlandais de 2018 (#thisisnotconsent). Des femmes indignées par l’acquittement d’un violeur, ont accepté de me prêter un string, ce petit bout de tissu, symbole de culpabilité supposé, que je dessine épinglé ?
    A découvrir la série en cours de réalisation : https://1011-art.blogspot.com/p/thisisnotconsent.html
    Cette série a été présentée à des lycéens, quand l’art contemporain ouvre le débat…
    La série continue ! je fais un appel aux femmes qui souhaiterais me prêter un string pour participer au projet.

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