La sécu, le virus et le CAC 40

Alors que les écoles, les piscines, les médiathèques ou encore les salles de spectacle de concert ont dû fermer leurs portes pour éradiquer le Covid 19, en France, nous nous interrogeons sur le discours et les actions tardives du président. En quoi la sécu sauvera-t-elle la France ? et si les remontées en bourse n’étaient que les seules préoccupations du gouvernement ?

Ayez, on y est ! Télétravail ou arrêt pour garder les enfants à la maison. La consigne n’est pas anodine et assez unique. Arrêt des écoles pour au moins 15 jours, et toutes les activités annexes. Limitation de mouvement. Le président Macron a parlé et ordonné une responsabilité individuelle et collective. Il a malgré tout oublié de remercier les syndicats qui à force de manifestations et grèves ont réussi à sauvegarder quelques conquis sociaux, comme l’assurance maladie, précieuse en ces temps d’épidémie. Alors que Macron a débuté son mandat en voulant détricoté les biens publics et les cotisations émanant de l’ « effort » de solidarité, il est obligé à ce jour de prendre conscience, que les arrêts maladies pouvant être attribués à l’un des deux parents pour garder leurs enfants permet à la France de prendre des mesures drastiques comme la fermeture des écoles. Les cotisations sociales vont donc sauver un peu l’économie mais surtout la santé des français.

Car, il ne faut pas se leurrer, le virus est virulent et les décisions draconiennes sont essentielles pour sa disparition. Il nous semble important de suivre à la lettre les prérogatives telles que prendre soin de nos aînés en les éloignant de nos enfants, ( pas de garde chez les grands-parents à minima !) Même si, pour l’instant le Covid 19 en France touche particulièrement les plus fragilisés, le virus mute et s’étend comme en Italie sur des cas sportifs de 30 ans en bonne santé ! Et puis, même, si ce n’est pas nous qui allons mourir du virus, il semble que chacun doit faire un effort pour protéger les plus faibles. Par respect au travail des soignants, moins le virus aura une durée de vie longue, plus nos médecins pourront souffler rapidement. Par respect pour nos enfants, qui ne peuvent plus aller à l’école, à leurs activités sportives ni voir leurs grands-parents et qui aimeraient retrouver vite une vie normale. Par respect donc, il me semble essentiel que le virus disparaisse au plus vite et pour cela suivre les consignes sans se targuer de la paranoia ou du scepticisme ambiants. Ce virus tue…Et peut tuer à grande échelle et à vitesse grand V ( 10 fois plus contagieux que la grippe saisonnière) …

Et nous le savons depuis plus de trois mois et demi déjà, mais alors pourquoi les pouvoirs publics ont tardé à réagir ? Parce que le virus semblait inoffensif de l’autre côté de la planète et que les morts d’ailleurs ne nous préoccupent guère. Mais pas seulement. Il est faux de dire que ce virus est le plus impressionnant depuis une siècle. Il est faux de dire qu’il peut causer plus de morts que n’importe quel autre phénomène sanitaire. En France, 75 mille personnes meurent à cause du tabac chaque année, 41 000 meurent à cause de l’alcool. Patrick Pelloux, dans une vidéo rappelle aussi les 20 mille morts de la canicule de 2003, en un mois d’été ou les nombreux décès dus à l’amiante. Sans parler de la grippe qui a tué 8100 personnes en 2018. Pourtant aucune mesure aussi drastique n’avait été mise en place. Pourquoi ? Il semblerait que le président ait les yeux plus rivés sur les courbes de la bourse que sur le malaise et les appels au secours de l’hôpital public. Ainsi, alors que les entreprises du cac 40 subissent de plein fouet le coronavirus, ( incidence due au fait que son origine chinoise ait ralenti toute la production mondiale qui comptent sur la main d’oeuvre peu chère du pays) il faut alors réagir vite pour le gouvernement, encore poings et mains liés au grand capital. L’importance étant de relancer rapidement l’économie en éradiquant le virus.

Tous les moyens sont donc bons pour cela, comme compter une fois de plus sur la solidarité d’un peuple. Quitte dans certains pays à devenir nationaliste en fermant les frontières. Le virus peut avoir cette dérive du repli identitaire. En France, la bonne vieille secu saura sauver les meubles. Mais, dans quelques mois, tout cela ne sera pour nous tous qu’un mauvais souvenir, espérons-le. Et certains qui n’auront pas vu, pas compris que nos conquis sociaux, ont une fois de plus permis à chacun d’entre nous de profiter de nos arrêts pour garder nos enfants, de soins gratuits, de dépistage, ne seront pas dans la rue, quand il faudra sauver l’hôpital public. Car il est évident qu’ Emmanuel Macron se targuera d’avoir sauvé son peuple. Or, ce virus sera vaincu par des soignants au bord de la crise, ce virus sera vaincu parce qu’ Ambroise Croizat a un jour décidé d’inventer la sécu, parce que les gens vont continuer à être solidaires. Il aurait pu être vaincu bien plus tôt, si les hôpitaux en avaient eu les moyens, si le président avait regardé la courbe des morts plutôt que celle de la bourse. Le président se targuera d’avoir géré la crise. Puis parlera du » trou de la sécu  » provoqué par nos nombreux arrêts pour la garde des enfants. Ne nous leurrons pas, ce seront majoritairement des femmes qui mettront leur travail sur pause. Ce seront majoritairement les précaires de cette société qui ne pourront pas accéder au télétravail. Ce seront les petites entreprises qui auront du mal à se relever, avec parfois des effectifs divisés par deux.

Il ne faut pas que nous oublions ce qu’il est en train de se passer. Ce virus qui perturbe le capitalisme et le remet en question sera éradiqué pour que le pouvoir puisse vite recommencer à régner, pour gagner des voix dans les sondages, pour se prendre pour des héros.

Dans quelques mois, ce même pouvoir nous dira que les profs ne sont pas si nécessaires puisque nous avons vécu sans, les écoles sont dispensables, puisque nous avons vécu sans. Les hôpitaux vont bien puisqu’ils auront géré la crise sanitaire. Et qu’il faut combler le trou de la sécu, désormais.

A ce moment-là, il faudra se souvenir. Se rappeler. Et descendre à nouveau dans la rue. Pour continuer à sauvegarder nos conquis sociaux, ceux-là mêmes, qui nous auront sauvé la vie…une fois de plus…

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