Journal de confinement : dans le ventre de maman

Vous êtes nombreux à envoyer régulièrement vos textes à Mediacoop pour témoigner de votre quotidien. Profitant du confinement, nous inaugurons cette nouvelle rubrique pour vous ouvrir nos colonnes. Vous voulez participer ? Contactez-nous par mail à redaction@mediacoop.fr ! Aujourd’hui, c’est Amandine qui inaugure cette nouvelle rubrique, avec la témoignage de notre plus jeune lectrice…

Je n’ai pas encore de nom. Même si Papa a déjà évoqué un prénom que j’aime bien, on m’appelle affectueusement « la petite » pour le moment. J’ai à peine 6 mois d’existence, liée à Maman. Je ne devrais avoir à me soucier que de moi et préparer tranquillement mon arrivée dans ce monde. Maman devrait ne se soucier que de ça aussi. Et pourtant. Je suis en quelque sorte confinée moi aussi, bien au chaud dans le ventre de maman. Mais si pour moi rien ne change vraiment, je sens que l’ambiance est étrange en dehors. Je sens qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Il paraît qu’un ennemi invisible pourrait nous faire du mal. Apparemment, ma présence la rend vulnérable. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Certains disent qu’il y a peu de risques, d’autres que le recul manque à la science pour en être sûre. D’autres encore sont très inquiétants. J’ai entendu Maman dire que s’il n’existait ne serait-ce que 0,01% de chance pour que je sois en danger, elle ne le prendrait jamais. Alors dans le doute, Maman ne sort plus. Papa non plus. Les petites marches, courtes certes (maman n’a jamais été une grande sportive), mais qui nous dégourdissaient, les odeurs des fleurs à l’extérieur, le soleil sur sa peau, l’air frais qui nous faisait du bien … C’est fini tout ça. Depuis plusieurs jours, Maman ne sort plus. Elle me chuchote que tout va bien. Mais moi, de là où je suis, je ressens un nouveau sentiment. L’insouciance, la bonne humeur et la joie de vivre ont laissé place à un sentiment étrange qui jusque-là m’était inconnu. Elle essaye de me le cacher mais je ressens tout. Je crois bien qu’elle s’inquiète. Elle devient un peu parano même. Elle qui pourtant n’a rien d’hypocondriaque, et qui a même une santé de fer. Mais je la sens plus fragile. Elle culpabilise même, de m’imposer ça. Moi qui depuis le premier jour, la laisse tranquille, ne lui ai jamais donné de nausée, jamais de maux de travers : « Une grossesse de rêve » elle disait. Je crois qu’elle s’en veut de m’imposer ce stress qu’elle n’arrive pas à évacuer. Sa tristesse actuelle, sa baisse de moral et ses incertitudes : est-ce ma faute ? Je ne comprends toujours pas. Alors depuis quelques jours, j’ai commencé à m’activer sérieusement. Avant, j’attendais le soir pour me manifester et dire bonne nuit, ou le matin au réveil, pour dire bonjour. Maintenant, je lui donne des coups toute la journée et je remue beaucoup pour qu’elle sache que je suis là et que tout va bien. Et pour que, prisonnière de sa peur et de ses doutes, elle ne m’oublie pas. Qu’elle n’oublie pas que dans 3 mois je serais là. Et que d’ici là, tout ira mieux. Croisons les doigts.

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