Comparution immédiate des membres du Bastion Social: une séance particulière

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Cet après-midi, à 14 heures, se déroulait la comparution immédiate des 3 proches et/ou membres du Bastion social, soupçonnés d'avoir agressé et frappé quatre clermontois le week-end du 9 septembre. L'une des victimes a eu une double fracture Tibia/péroné. 

La salle d’audience est pleine. Beaucoup de têtes connues du milieu néo-nazi, fasciste, d’Action Française ou du Bastion social sont présents. La petite amie d’un des agresseurs présumés est juste devant nous. De l’autre côté, trois des quatre victimes se tiennent au milieu de la foule.

Après une première affaire ajournée d’un délinquant récidiviste prouvant à lui seul la misère sociale et l’inutilité de la prison (18 ans d’enfermement depuis 1983), la cour se penche sur l’affaire du Bastion Social. Mais déjà, avant l’ouverture de la comparution, nous avions entendu l’avocate commise d’office de Tristan, l’un des présumés coupables, avertir sa petite amie  » Madame, je ne défendrai pas votre ami, car nous n’avons pas de valeurs communes, et pour des raisons qui m’appartiennent je me refuse de le défendre. Nous allons donc demander le report de l’audience, et je vais vous donner le numéro d’un confrère qui saura le défendre mieux que moi. Il s’agit donc aujourd’hui de savoir s’il va en prison dans l’attente du procès ou s’il peut bénéficier d’un simple contrôle judiciaire. » 

Le président de la cour rappelle donc les faits du 9 septembre avec violences volontaires sur 4 passants rue de la Treille, (adresse clermontoise du local du Bastion Social) . Il passe ensuite sur la personnalité des trois agresseurs présumés. Tristan, est un récidiviste, déjà sous contrôle judiciaire, et détient un casier judiciaire bien chargé: Violences en réunion, port d’armes illégal, faits de violences. Pour cet originaire de la Roche-Sur-Yon, son dernier délit raciste remonte à mai dernier: il s’en était pris à un sportif en lui proférant des insultes raciales. Ce qui lui a valu sa mise sous contrôle judiciaire, qu’il respecte à la lettre. Il est chauffeur routier intérimaire.

Quentin, président du Bastion Social local, lui aussi est déjà sous contrôle judiciaire. Après avoir étudié la biologie, il a intégré dernièrement un BTS pour des études notariales. En parrallèle, il est condamné pour dégradation et faits de violences. Il sera d’ailleurs jugé le 6 décembre prochain à Lyon pour faits de violences en réunion. Le jeune homme doit travailler à mi-temps pour financer ses études. Tout comme pour Tristan, l’avocat commis d’office n’assurera pas sa défense. Il ne se lèvera d’ailleurs même pas de sa chaise.

Luidgi, le troisième homme prévenu dans cette affaire a un casier vierge. Il a juste écoppé d’une amende de 90 euros pour conduite en état d’ivresse. Il est cuisinier à temps plein en CDI, dans un restaurant place de Jaude. Il est défendu par le désormais célèbre maître Portejoie.

Le réquisitoire du procureur est on ne peut plus limpide. Il demande le maintien en détention provisoire pour trois raisons: il veut éviter la concertation frauduleuse. Il estime d’ailleurs que Quentin et Tristan, en fuyant du côté de Strasbourg ont déjà préparé ensemble leur version des faits. Il pense, de plus, que ces jeunes gens sont capables de fuir à nouveau et il demande à ce qu’ils restent à la disposition de la justice afin de prendre leurs responsabilités. « Je vous rappelle qu’ils ont même menti en disant qu’ils allaient à Bordeaux aux policiers. Puis ils ont raconté qu’ils avaient de longue date prévu des vacances à Strasbourg. Bizarrement, leur départ de vacances étaient programmés quinze minutes après l’agression. » Enfin, il parle des renouvellement de faits, rappelant que depuis l’installation du Bastion Social, Clermont-ferrand est le théâtre de nombreuses violences à répétition, et que cela représente un « trouble à l’ordre public » même si pour l’instant cela n’a pas été qualifié de façon juridique. Le procureur termine en expliquant que le contrôle judiciaire n’est plus suffisant, comem le démontre le cas de Tristan, condamné six fois dont deux fois pour violences, et malgré 5 mois d’emprisonnement. Il demande que le sort des trois prévenus soit identique.

Maître Portejoie défend Luidgi ( dont la famille est connue dans le milieu politique puisque l’un de ses parents a été conseiller régional FN, avant d’être condamné *.) L’avocat parle du casier vierge et qu’il ne faut donc pas mettre sur le même plan son client et les deux autres prévenus qui eux, ont pris la fuite.

La commis d’office de Tristan prend la parole pour signifier simplement qu’il lui semble plus approprié de le laisser sous contrôle judiciaire. Avec un merveilleux lapsus:  » La détention provisoire ne me paraît pas suffisante.. »

Ensuite, les trois prévenus prennent la parole. Tristan est le seul a dire qu’il regrette, et explique qu’il est en plein déménagement, qu’il veut partir du côté de Nantes, et  » quitter tout ça »  «  Je veux aider ma compagne à preparer notre nouvelle vie, je ne veux plus traîner au Bastion Social » . il assure qu’il n’a jamais voulu fuir et qu’il voulait se présenter ce matin au commissariat au retour de sa semaine de vacances.

Quentin opte pour la même défense, en parlant des vacances alsaciennes. Lui aussi, dit vouloir quitter le bastion Social ( dont il est le président local…) et explique même son désir de faire ses études ailleurs et de quitter Clermont-Ferrand.

Luidgi, quant à lui, explique qu’il n’a nullement envie de fuir, que sa famille est ici, et qu’il veut continuer à pouvoir travailler tranquillement.

Les trois expliquent sans détour se désolidariser du Bastion Social.

Après de longues minutes d’attente, le juge renvoie le jugement au 19 octobre comme l’ont demandé les trois prévenus et proclame le maintien en prison de Quentin et Tristan. Luidgi quant à lui est mis sous contôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec les deux autres prévenus et les quatre victimes. Il lui est interdit de paraître rue de la treille, et il devra se soumettre à son contrôle judiciaire dès le 1er octobre, en se rendant une fois par semaine au commissariat.

Après cette annonce, les tois prévenus se serrent les uns contre les autres. Tristan lève ses mains menottées en direction de l’assistance, avec un sourire de vainqueur…Ses camarades dans le public, lèvent le pouce en sa direction. Ils sont ensuite reconduits à la maison d’arrêt de Riom, dans l’attente de leur procès. Reste pour les  deux détenus à trouver désormais des avocats qui voudront bien reprendre leur dossier.

*https://www.liberation.fr/france-archive/1997/04/22/l-auvergne-sanctionne-son-conseiller-regional-fn-condamne_202029

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