Camp du 1er mai démantelé : vers une sortie de crise ?

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Publié le 22 octobre 2018

Plus aucun réfugié ne devrait dormir place du 1er mai, ce soir. Soulagés par cette mise à l’abri, les bénévoles restent vigilants sur les suites de cette prise en charge.

Après plus de huit semaines d’installation, le campement de la place du 1er mai devrait faire place nette dans la journée. Depuis ce matin, la deuxième vague de « mise à l’abri » des réfugiés est en cours. « A priori, tout le monde sera relogé ce soir, y compris les français qui vivent sur le camp », indique Simon, militant de l’association La Cimade. « Ce qui nous inquiète le plus, c’est qu’on ne sait pas encore si les mineurs isolés seront pris en charge ou non. » Les bénévoles apprendront plus tard que ces jeunes seront relogés en hôtel au moins jusqu’au 3 novembre par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Et l’expérience de la mise à l’abri précédente rassure : les nouvelles des dix-sept familles placées dans un premier gymnase mardi dernier sont encourageantes. « Les conditions d’accueil les premiers jours étaient inacceptables, mais l’association qui gère l’endroit fait beaucoup de travail pour améliorer la situation », relève Simon. « On sait aussi que quatre familles ont été relogées, ce qui va dans le bon sens. » Aujourd’hui, ce sont une centaine de personnes, d’après les estimations des militants, qui devraient mises à l’abri dans un second gymnase réhabilité pour l’occasion. D’abord inquiets de l’insalubrité du lieu, les bénévoles assuraient ce matin n’avoir « pas de raisons de ne pas croire la municipalité » qui affirme avoir réhabilité l’endroit du mieux possible. Ce second hébergement d’urgence sera confié aux soins de CeCler (association de travailleurs sociaux), du Secours catholique et de l’Ordre de Malte.

Mais les associations du Réseaux éducation sans frontières (RESF) restent inquiètes de la multiplication de ce genre de crises. « On a alerté la préfecture sur la situation au printemps, en les prévenant qu’il fallait prévoir un camp de 300 personnes en septembre, et rien n’a été fait ! » dénoncent les bénévoles. « Si les militants le savaient, comment est-ce que la préfecture pouvait ne pas être au courant, avec tous les moyens dont elle dispose ? Et pourquoi n’a-t-elle pas anticipé la situation ? » Une question d’autant plus pertinente que le premier gymnase a été proposé par la municipalité il y a déjà plusieurs semaines. « On a attendu la réponse de la préfecture pendant environ une douzaine de jours », confirme Sylviane Tardieu, conseillère municipale déléguée à l’action sociale, la famille et l’accueil des migrants. Elle souhaite mettre en place un organe de discussion entre les différents acteurs, pour mieux anticiper les prochaines crises. « On va appeler à une réunion prochainement avec les associations, l’État et le Conseil départemental. Il faut commencer par faire un bilan de ce qu’il s’est passé ces dernières semaines. » Une table ronde de ce type a déjà eu lieu plus tôt dans l’année, à laquelle la préfecture et le conseil départemental ne se sont pas donné la peine d’assister. Sylviane Tardieu explique vouloir mettre en place un observatoire à l’échelle de la métropole, en impliquant les maires des différentes communes. Il n’y a plus qu’à espérer que ce dispositif se révèle efficace, même s’il est bien trop tôt pour présumer de quoi que ce soit. En ce qui concerne les réfugiés de la place du 1er mai, le représentant de la préfecture a simplement indiqué qu’il n’y aurait pas de régularisation massive, préférant mettre en avant l’augmentation des places en hébergement d’urgence. Il s’est déclaré ouvert à une discussion pour permettre à des bénévoles d’accéder aux lieux d’hébergements, sans pour autant s’engager sur la question. La place du 1er mai, elle, va retrouver son calme… Jusqu’à la prochaine fois.

 

Davy Delfour

 

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