Hommage populaire à Alain Laffont: « Alain reviendra, il sera des millions »

Publié le 20 juin 2018

 » Alain reviendra: il sera des millions.  » La phrase a terminé le superbe discours de Florent Naranjo, conseiller municipal  France Insoumise de la ville de Clermont-Ferrand. Un discours plein de larmes mais sans adieu. Florent a raconté son histoire avec le docteur des quartiers populaires, décédé subitement la semaine dernière. Une histoire qui commence par là, aux Vergnes, lieu où les gens se sont rassemblés ce soir pour un hommage populaire. En regardant rapidement autour de soi, on comprend la beauté du paysage humain: des patients, habitants du quartier, des militants, des élus, le maire Olivier Bianchi, quelques syndicalistes, le principal du collège Gérard Philipe, des membres du NPA, le comité Wissam, des jeunes, des vieux. Un condensé de la vie, de la ville. Un peu de chant et de musique pour démarrer. Puis Marianne Maximi, conseillère municipale France Insoumise commence le discours, elle invite chacun à prendre la parole. Digne. Elle se retient. On sent le chagrin, on comprend la force de cette jeune femme. Il fait chaud. On croise les yeux humides de vieux militants, on entend les larmes des gens du quartier. Heureusement, les enfants s’amusent bruyamment au détour des adultes trop pris par l’émotion lors de la minute de silence, suivie par de longues minutes d’applaudissements. Le petit texte écrit par JL Mélenchon est lu par un ami d’Alain Laffont. Derrière l’estrade, on voit les camarades du « doc », tourner en rond, se serrer dans les bras, serrer les poings, les visages fermés. 

Chacun raconte ses souvenirs. Florent Naranjo imite de façon implacable la gouaille du bonhomme. Il raconte que tout était affaire de coeur avec lui, surtout ce jour où après avoir tourné le doigt en l’air, Alain lui touche le sien  » Tout vient de là…là ». les patients racontent la distribution de tracts en même temps que l’ordonnance. Des jeunes récitent des poèmes en sa mémoire. 

Combien sommes-nous? 200? 300? On distribue de l’eau et du jus de pommes. Un peu de vin rouge, sinon, on aurait l’impression de massacrer le mort. 

Alain Laffont a réussi cet incroyable défi que de rassembler, pas seulement le jour de sa mort, ce militant infatigable défendait les pauvres, les petits, les oubliés d’un système. Un système qu’il refusait complètement, dont il ne voulait être ni le coupable ni la victime. Il braillait souvent, et vivait. De ceux qui existent vraiment. « Tous les hommes naissent un jour mais peu vivent vraiment ». Jamais à l’heure mais toujours au bon endroit, l’homme de combat avait choisi la politique pour lutter. Et il luttait si bien. Avec émotion. Avec respect. Avec rage. Avec joie. 

Cet hommage lui a ressemblé, le discours de Florent a arraché les larmes à tous. Mais d’autres sont venus chanter au micro. Le chagrin n’était pas tout seul ce soir, la fraternité venant fracasser la solennité du moment…

A voir chacun de ceux qui buvaient un verre à la santé de l’amour, du combat, de l’espoir, on comprenait bien vite, qu’Alain Laffont avait semé des centaines de graines, dans les rêves et vies de chacun. Que chacun d’entre nous avons été touchés, d’une sorte ou d’une autre par le combat et l’histoire de cet homme. 

Alors forcément, Alain reviendra…et il sera des millions. Il était déjà des centaines ce soir….

Eloïse Lebourg