Pour les étrangers, venir étudier en France n’est pas un long fleuve tranquille, entre démarches administratives interminables et lois de plus en plus restrictives (hausse des frais d’inscription)… Des abus que dénonce le syndicat Solidaires étudiant.e.s Clermont Auvergne, qui se bat au quotidien pour défendre les droits de ces jeunes.
Alors que l’année universitaire touche à sa fin, nombreux sont les étudiants étrangers non européens à rechercher de l’aide pour venir étudier en France. Pour eux, il s’agit bien souvent d’un parcours semé d’embûches. Les démarches administratives peuvent durer plusieurs mois avant que ces jeunes soient enfin acceptés dans une université française. Imen (le nom a été modifié), étudiante tunisienne en Littérature française à l’UCA (Université Clermont Auvergne) se souvient de ces procédures interminables : « Il faut passer par Campus France. D’abord, j’ai dû faire un test de langue française, le TCF. Il faut avoir au minimum le niveau B2 pour poursuivre la procédure. Après, j’ai candidaté dans plusieurs universités françaises avant de passer un entretien pour expliquer les raisons qui me poussaient à me rendre à l’étranger pour étudier. Une fois que t’es accepté dans une université, il faut ensuite que tu t’occupes des procédures pour obtenir un visa. C’est beaucoup de papiers. J’ai été refusée une première fois malgré le fait que plusieurs universités, telle que la Sorbonne, aient accepté ma candidature. Alors, l’année suivante, j’ai refait la même procédure mais cette fois-ci j’ai pu venir en France pour mes études ».
Aux contraintes administratives s’ajoutent également des contraintes financières. Un obstacle de plus selon Imen qui, depuis trois ans, vit dans son 9 mètres carré sans toucher aucune bourse : « Chaque année, on doit prouver que l’on possède au moins 7000 euros sur notre compte bancaire… ce qui est considérable. En Égypte par exemple, un euro est équivalent à 19 livres égyptiennes environ. Pour ces étudiants, 7000 euros est une somme très importante ».
« Il faut que l’on obtienne une attestation d’hébergement à moins de cinquante kilomètres de l’Université. Cela n’est pas toujours facile, surtout si l’on ne connaît personne dans ce pays »
Malgré toutes ces difficultés, Imen estime que l’ultime démarche pour venir étudier en France est la plus complexe : « Il faut que l’on obtienne une attestation d’hébergement à moins de cinquante kilomètres de l’Université. Cela n’est pas toujours facile, surtout si l’on ne connaît personne dans ce pays. À mon arrivée, j’étais vraiment seule. Je n’avais pas de famille ni d’amis. J’ai dû payer un hôtel pendant trois semaines avant d’obtenir un logement. J’ai eu de la chance mais pour d’autres, la vie est beaucoup plus compliquée en France ». Une situation aberrante selon Damien, membre du syndicat Solidaire étudiant.e.s Clermont Auvergne, qui dénonce des mesures de plus en plus restrictives à l’égard des étudiants étrangers non européens : « Il ne leur est pas possible de se tourner vers le CROUS car, bien qu’il puisse délivrer une attestation en tant qu’hébergeur, ce dernier n’est pas considéré par les divers organismes d’État comme un hébergement “fiable”… C’est purement scandaleux lorsque l’on sait que la plupart de ces étudiants sont éligibles au sein du CROUS ».
Dès lors, ces étudiants étrangers non européens se retrouvent livrés à eux-mêmes, contraints de trouver des contacts dans une ville qu’ils ne connaissent pas. La plupart ne savent pas à qui s’adresser, ignorant bien souvent l’existence des syndicats étudiants, pourtant prompts à leur venir en aide. « Pour l’instant, nous avons été contactés par une soixante de personnes à ce sujet mais ils sont nombreux à se retrouver sans solutions ». Dans ces conditions, bon nombre d’entre eux deviennent des proies faciles, à la merci d’individus peu scrupuleux qui n’hésitent pas à leur vendre des attestations d’hébergement contre plusieurs centaines d’euros. « Les étudiants sont prêts à payer, sans même être sûrs de pourvoir être logés. Donc, à la hausse des frais d’inscription pour les étudiants extracommunautaires, s’ajoutent des frais officieux ».
« En France, être accepté dans une université ne donne pas automatiquement droit à un titre de séjour, ce qui serait pourtant logique »
Scandalisé par de telles pratiques, Damien observe également un décalage profond entre ce que vivent réellement ces étudiants et les mesures préconisées, notamment par la Préfecture. « En France, être accepté dans une université ne donne pas automatiquement droit à un titre de séjour par exemple, ce qui serait pourtant logique. Les pouvoirs publics demandent aux étudiants de fournir plus de justificatifs que nécessaire… c’est absurde. Bon nombre d’étudiants ont besoin de travailler pour pouvoir payer leur loyer. Sans récépissé ou carte de séjour, ils ne peuvent rien faire. Et certains sont embauchés au noir… ».
S’appuyant sur son expérience, Imen vient préciser les propos de Damien : « C’est vrai que la Préfecture demande beaucoup de papiers pour avoir un titre de séjour. Mais à mon arrivée en France, mon visa était valable un an donc je n’ai pas eu besoin d’avoir un titre de séjour dès la première année ». Par contre, cette jeune tunisienne l’avoue bien volontiers : « le cas des étudiants algériens est un peut particulier car parce que leur visa est valable seulement trois mois. Donc, dès leur arrivée dans ce pays, ils doivent s’engager dans de longues procédures pour obtenir un récépissé et ensuite un titre de séjour. L’attente peut durer plusieurs mois ».
Face à de telles contraintes, le syndicat de luttes Solidaires étudiant.e.s Clermont Auvergne lance un appel à tous les étudiants étrangers en quête de soutien et d’accompagnement pour que ces derniers puissent poursuivre leurs études de façon sereine.
Pour joindre le syndicat, il vous suffit de vous rendre sur leur page Facebook ou les contacter par mail à l'adresse suivante : sudetudiant63@gmail.com