Julien, syndicaliste, devant la justice le 5 novembre

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Publié le 24 octobre

 

Le 5 novembre, Julien Pauliac, secrétaire général de l’Union Départementale CGT du Puy-de-Dôme, devra se présenter au tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand pour avoir organisé une manifestation sur la voie publique interdite dans les conditions fixées par la loi. Sauf qu’il s’agissait d’une distribution de tracts, déclarée en préfecture. Rencontre avec Julien qui veut faire de ce procès une dénonciation des pressions exercées sur les actions syndicales.

« Il s’agissait d’un tract unitaire pour appeler à mobilisation et informer les touristes qui partaient en vacances ce 8 juillet 2017. On leur disait « Bonnes vacances, mais n’oubliez pas qu’à la rentrée, faudra se mobiliser ! » »  A 8 heures, des syndicalistes de la FSU, Solidaires et la CGT sont au péage de Gerzat, avec d’autres militant-e-s du mouvement social, en cette matinée de départs en vacances.

Rapidement, les gendarmes de l’autoroute sur place mettent un peu la pression afin de demander aux militants de partir, car ils gênent la circulation. Le départ est donc précipité après quelques négociations, y compris avec le Sous-Préfet, et la distribution de tracts écourtée. Tout le monde s’en va dès 10 h 45, juste avant l’arrivée massive des vacanciers… Mais la société APRR porte plainte car estime que ce tractage lui a causé un manque à gagner. Julien, qui ce jour-là prend ses responsabilités en devenant l’interlocuteur de la gendarmerie, est répertorié comme le responsable de ce tractage. C’est donc lui qui est traduit en justice. « Je me souviens d’ailleurs que le gendarme m’a même dit que si un accident se produisait sur l’autoroute, j’en serais tenu comme responsable. Comme si c’est moi qui étais au volant ! » En février 2018, Julien est convoqué au commissariat où il apprend qu’il est poursuivi pour manifestation illégale. « Moi ça me pose deux questions : d’abord, est-ce que distribuer des tracts c’est manifester ? Dans ce cas-là, il faut que chaque militant politique fasse une demande à la préfecture avant de se rendre au marché le samedi matin. Mais le pire, c’est que j’ai bien déclaré ce tractage par un mail envoyé à la préfecture comme on le fait pour nos manifestations. Donc ma deuxième interrogation c’est : n’est-ce pas une action en justice pour affaiblir le mouvement syndical ? Nous déplorons un acharnement, ça nuit au syndicalisme, en gros, ça devient risqué de militer. Comme avant, avant d’entrer en résistance, tu y réfléchissais à deux fois, ben là, c’est pareil… » Julien veut donc donner un ton politique à ce procès. Il veut réaffirmer le droit de manifester, et exiger une loi qui protège les actions syndicales. « On ne fait que représenter les salariés. » Même s’il veut en faire un symbole, Julien sait que ce procès doit servir à l’ensemble des syndicats. « ça affecte toute l’orga à laquelle j’appartiens, et même plus largement le monde syndical qu’un mec comme moi soit traduit en justice. Je n’ai mis de baffe à personne, je ne suis pas un voyou…alors oui, ça affecte tout le monde, mais ça affecte aussi le bonhomme que je suis. » Le 5 novembre, ce salarié de l’AIA (Atelier Industriel de l’Aéronautique) a rendez-vous à 14 heures au tribunal, mais dès 7 heures du matin, son entreprise appelle à la grève. Une conférence de presse sera organisée dans la matinée. Un cortège de véhicules partira de Lempdes (où est située la société) pour se rendre au tribunal. Un rassemblement est prévu dès midi devant le tribunal, en présence de nombreux camarades. « Ca fait chaud au cœur cette mobilisation qui dépasse même la CGT. Puisque d’autres syndicats se joindront à la manifestation. Mais il faut être très clair, je ne suis pas un héros, et ce procès au-delà d’être le mien, est celui de la lutte pour la liberté syndicale et le droit de manifester. »

Un autre procès similaire a eu lieu dans le Rhône. Pierre Coquan après avoir été relaxé en première instance, puis en appel, avait finalement écopé de 500 euros d’amendes en cassation pour avoir organisé une manifestation non déclarée. L’affaire avait duré 6 ans. « C’est aussi une manière de nous ralentir dans nos actions, le temps qu’on passe à préparer la défense avec Me Duplessis, à répondre aux journalistes, c’est tout le temps qu’on ne passe pas à défendre les salariés. »

Une pétition est en ligne pour soutenir julien : https://www.change.org/p/ud-cgt63-fr-motion-de-soutien-à-julien-pauliac-secrétaire-ud-cgt-63

 

Eloïse Lebourg

 

 

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