Nouvelle convention TER : la CGT Cheminots craint une dégradation du service public.

Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a récemment annoncé sa volonté de réduire de 20 % (soit 110 millions d’euros) la contribution de la région au réseau ferroviaire. La CGT Cheminots s’inquiète de la dégradation du service public et de l’environnement.

Laurent Wauquiez et la SNCF n’en sont pas à leur première échauffourée. En 2016, déjà, la signature de la convention TER actuellement en vigueur avait dû être repoussée, faute d’un accord entre la région et la SNCF. D’âpres négociations s’étaient prolongées jusqu’en novembre 2017, suivies de plusieurs « coups de poing sur la table » à l’encontre de la société de la part du président de région, qui avait par exemple demandé le remboursement des abonnements inutilisés durant le confinement.

C’est dans ce contexte de confrontation entre la SNCF et le président de la région que ce dernier a annoncé sa volonté de réduire de 20 %, soit d’un montant de 110 millions d’euros, la contribution régionale au financement du réseau ferroviaire. Mauvaise nouvelle pour Anthony Prat, représentant de la CGT Cheminots, qui déplore une nouvelle atteinte au service public régional. « Si demain la part qui est allouée au transport régional diminue, c’est le transport du quotidien qui va se dégrader. À l’avenir, on va avoir de nouvelles fermetures de lignes, de guichets, et une réduction du service public pour les usagers. »

« La convention TER est un document qui concerne avant tout le transport de voyageurs, mais quand une ligne perd ses passagers, toutes les inquiétudes sont permises pour le transport de marchandises. Les deux sont intimement liés par le coût de la maintenance. » Or, la baisse des contributions régionales pourrait en effet encourager la SNCF à privilégier les liaisons les plus fréquentées, aux dépens de lignes moins rentables. S’enclencherait alors un cycle pernicieux : la réduction du nombre de trains circulant sur une ligne entraîne la baisse des revenus de péages ferroviaires qui en financent l’entretien. À terme, l’installation se dégrade et la ligne ferme. « Malheureusement, ce schéma est déjà en train de se produire sur des lignes comme la liaison Volvic-Mont-Dore » déplore Anthony Prat.

En 2016, sous couvert de raisons de sécurité, la SNCF avait abandonné le transport de passagers sur le segment, pourtant fraîchement rénové. À l’époque, la CGT Cheminots avait averti du danger de cette décision : « Si les trains de passagers cessent de circuler, à terme, l’entretien de la ligne reposera sur les clients fret », c’est-à-dire sur la Société des eaux du Mont-Dore (SMDA), deuxième source de revenus pour sa commune. Aujourd’hui, comme l’avait prédit le syndicat, à moins que l’entreprise ou la commune ne paient pour les travaux de remise à niveau, la SNCF Réseaux fermera la ligne. Une décision lourde de conséquences, puisque « c’est une quinzaine d’emplois consacrée à l’affrètement qui est menacée, rien qu’à l’usine [de la SMDA], plus une dizaine d’autres chez les cheminots. Et puis, si la ligne ferme, 1800 tonnes de bouteilles d’eau par semaine seront mises sur les routes. » De quoi faire tousser les habitants et les élus d’un village où l’on traite les maladies respiratoires par de grands bols d’air pur.

Ce n’est pas par corporatisme qu’Anthony Prat et la CGT s’opposent au remplacement de lignes ferroviaires par des liaisons routières. « Tous les modes de transport sont complémentaires, on aura toujours besoin de transport routier pour assurer le dernier kilomètre. » Mais, quand ce sont des lignes entières qui ferment au profit de la route, « on se retrouve avec un allongement des temps de parcours, une perte d’emploi cheminote, et ce, au profit d’un mode de transport plus polluant. »

– Un voyageur en TGV émet cinquante fois moins de CO2 par kilomètre parcouru qu’en voiture, vingt-cinq fois moins qu’en covoiturage, et huit fois moins qu’en bus ;

– Un train de fret émet dix fois moins de CO2 par km que le nombre de poids lourds nécessaires pour transporter la même quantité de marchandises.

Extrait du rapport « Spinetta » pour le gouvernement (15/02/2018)

Le 14 juillet, l’annonce par le président de la République de sa volonté de relancer le fret ferroviaire, au cœur d’un nouveau modèle de transport, plus écologique, n’est d’ailleurs pas tombée dans l’oreille de sourds : « Aujourd’hui, on attend que l’État joue son rôle de stratège et que les annonces soient suivies d’actes. » La CGT Cheminots demande un investissement massif dans la rénovation des infrastructures ferroviaires : « Ce n’est pas en fermant des lignes qu’on va répondre aux objectifs établis par le chef de l’État. »





Contacté par notre rédaction, le secrétariat des mobilités de la région Auvergne-Rhône-Alpes a indiqué ne pas être habilité à répondre à nos questions. Le responsable du service n’était pas disponible au moment de la rédaction de cet article.
Crédit photo : Arnaud Guyon

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