Le festival « Palestine en vue » ou la résistance culturelle de tout un peuple !

Par Sébastien Massoulié
A l’occasion de la 5ème édition du festival « Palestine en vue » (du 2 avril jusqu’au 10 avril), plusieurs villes de la Région Auvergne Rhône-Alpes deviennent, pour un temps, le théâtre d’une résistance palestinienne à la fois pacifique et culturelle. Activement soutenue par l’ “ Association France Palestine Solidarité 63“ (AFPS 63), cette initiative citoyenne n’est pas pour déplaire à François et Bernadette dont la vie militante est, depuis des années, consacrée à défendre « la cause d’un peuple soumis, depuis 70 ans,  à l’autorité d’un pouvoir oppressif ».

 

Depuis sa création en 2015 par l’association “Échanges Rhône-Alpes Auvergne Palestine’’, le festival « Palestine en vue » entend présenter dans sa diversité le cinéma palestinien dans l’espoir de sensibiliser un maximum de gens sur le sort tragique d’une population prisonnière de son destin. Cet évènement culturel fait écho au combat mené par François et Bernadette, tous deux membres de l’AFPS 63. Profondément engagés en faveur de la cause palestinienne, ils se veulent les relais d’une culture qu’ils estiment aujourd’hui menacée.

D’ailleurs, chaque année, leur association, composée d’une centaine d’adhérents, organise un voyage à destination de la Palestine. Une façon pour eux de se rapprocher d’un peuple pour lequel ils ressentent une profonde affection. En groupe restreint, l’appartement de Bernadette les attend tous les ans à Hébron, en Cisjordanie. Empreinte d’une histoire qui lui tient à cœur, il s’agit pour elle d’un lieu de passage et d’accueil où viennent militants, journalistes, archéologues ou musiciens. Tel un refuge, cet appartement est à ses yeux un lieu rassurant, un paradis autour duquel règne « un climat de chaos » comme le laisse deviner François à travers le récit passionnant de ses voyages en terre palestinienne.

Désormais à la retraite, il se remémore du premier voyage qu’il a effectué en compagnie de son épouse en 2008 : « De tous les voyages que j’ai pu faire, c’est sans doute le plus éprouvant. Dans un contexte assez oppressant, j’ai découvert une situation d’occupation avec la présence permanente de militaires israéliens ». Le fait de se rendre sur place lui a fait prendre conscience de la réalité des choses. Il a notamment été frappé par le fait que le peuple palestinien ait en lui cette volonté absolue de faire découvrir une culture totalement méconnue en Europe. Militant depuis 1976 en faveur de la cause palestinienne, Bernadette estime, quant-à elle, que « les palestiniens ont compris que Israël cherchait à détruire leur identité ». D’après elle, la culture est une « arme pacifique » qu’il est nécessaire de promouvoir afin de « conserver l’essence même du peuple palestinien de plus en plus menacée ».

 

« Faire partie du peuple palestinien, c’est appartenir à une lutte pour l’auto-indépendance, que le cinéma doit soutenir »

 

« Les palestiniens sont passés d’une résistance armée à une résistance culturelle » s’exprimant notamment à travers l’organisation de festivals tel que celui qui a lieu actuellement en région Auvergne Rhône-Alpes, « Palestine en vue ». Témoin d’une « réalité insoutenable » selon ses propres mots, François pense que cet évènement culturel est une façon de dénoncer le quotidien tragique des palestiniens à travers les images. Faisant la part belle à l’art, ce festival a pour ambition de mettre en avant l’histoire de ceux et celles qui semblent cantonnéé « à une simple quête identitaire ». D’ailleurs, cette idée correspondant à « la recherche de soi » résonne avec les propos tenus par le cinéaste palestinien, Mohanad Yaqubi : « Le cinéma palestinien doit rester militant et engagé dans son essence. Aujourd’hui, l’identité palestinienne est dissoute et perd en force, alors que faire partie du peuple palestinien, c’est appartenir à une lutte pour l’auto-indépendance, que le cinéma doit soutenir ». Au-delà de la simple volonté de faire découvrir la créativité artistique palestinienne, l’AFPS 63 veut mettre en évidence la souffrance d’un peuple qui lutte pour ne pas sombrer dans l’oubli.

C’est peut-être pour toutes les raisons précédemment évoquées que certains palestiniens prennent le risque de venir en France pour témoigner au nom de ceux et celles qui vivent actuellement dans « une prison à ciel ouvert ». Salah Hamouri, avocat franco-palestinien est l’un de ceux-là. Avec admiration, François et Bernadette évoque son parcours hors du commun : « C’est quelqu’un qui a connu la prison pendant presque dix années. Il a passé son diplôme d’avocat pour pouvoir défendre les palestiniens, prisonniers comme lui ». Cet homme, fait citoyen d’honneur par les mairies d’Aubière et de Montcel, sera notamment présent le mardi 9 avril lors de la projection, au cinéma Gergovie à Cournon-d’Auvergne, du film “Mafak’’(de Bassam Jarbawi) traitant de la réinsertion des prisonniers palestiniens. Sans nul doute, son expérience viendra nourrir le débat succédant la séance.

Par ailleurs, une soirée publique sera également organisée, le vendredi 12 avril, en la présence de la Fédération syndicale des travailleurs palestiniens (GFIU). Les neuf syndicalistes, représentant les secteurs de l’énergie, de l’enseignement, de la Santé, de l’Agriculture et de la jeunesse, rencontreront plusieurs syndicats du Puy-de-Dôme, salle Leclanché. Un évènement lors duquel Pierre Stambul, militant de la FSU (Fédération Syndicale et Unitaire) et de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) apportera notamment son témoignage.

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