Rapports du GIEC, COP, sommets, actions-chocs… Dans les médias et dans l’esprit des citoyens, les questions environnementales se fondent jusqu’à disparaître parfois totalement. Un manque d’espace criant, notamment lors de la dernière campagne présidentielle. C’est ainsi que QuotaClimat a décidé de prendre le taureau par les cornes. Mode d’emploi : analyser le traitement médiatique des sujets écologiques.
La grande absente du débat public
L’association s’est constituée début 2022, en pleine campagne présidentielle pour interpeller sur la faible place de la crise écologique dans l’agenda médiatique. Le projet fut initié par deux amies, Eva Morel et Anne-Lise Vernières. Aujourd’hui, QuotaClimat compte une petite dizaine d’actifs et de plus en plus de volontaires pour participer aux actions de veille sur les réseaux sociaux.
QuotaClimat s’inspire de l’initiative de l’Affaire du siècle (recours en justice inédit en France qui somme l’État d’agir face à la crise climatique). Elle s’inspire de son baromètre plutôt, qui révèle que la crise écologique occupait encore il y a quelques mois moins de 3% de l’espace médiatique et reste la grande absente du débat public. Un constat d’autant plus préoccupant, puisqu’en cette même période, étaient publiés les deux derniers volets du 6e rapport du GIEC alertant sur l’urgence à agir.
Les deux amies commencent alors elles aussi à faire des quotas. « On réalisait que la campagne présidentielle passait à côté du débat central. Toutes les questions qui se posaient ne se faisaient pas sous le prisme écologique. C’était pour nous un moment crucial pour parler de ce sujet. », explique Anne-Lise Vernières.
Fédérer pour peser plus lourd
Aujourd’hui, QuotaClimat travaille de concert avec les citoyens, les entreprises, les associations, les responsables politiques, les scientifiques et les journalistes, pour interpeller en nombre sur la nécessité d’un traitement médiatique à la hauteur de la crise écologique. L’association privilégie des modes d’action tels que l’interpellation pacifique et le plaidoyer.
Vitesse supérieure
Mais face à l’urgence de la situation, d’autres leviers sont utilisés pour interpeller au sein de la société, des médias et de la sphère politique. En mars 2022, QuotaClimat a lancé une tribune co-signée par des scientifiques du GIEC, des responsables politiques de tous bords et différentes associations. Le document appelait les rédactions à réserver 20% de leur espace aux enjeux climatiques.
Dans le tumulte de la campagne, QuotaClimat a également été à l’origine de la mobilisation #DernierDébat consistant à interpeller les 2 modérateurs du débat de l’entre-deux-tours, Léa Salamé et Gilles Bouleau. Aux côtés d’une vingtaine d’associations, ces derniers ont adressé une lettre ouverte ainsi qu’une liste de suggestions de questions à poser pendant l’émission. Pour la première fois de l’histoire, la joute du second tour a consacré 18 minutes (soit 11%) aux enjeux de la crise écologique.

Plus récemment, l’association a lancé un baromètre en partenariat avec les membres de Data For Good. « On l’a fait au moment des COP et de la coupe du monde de foot. Sans surprise, la coupe du monde a été 20 fois plus traitée que le reste. », explique Anne-Lise.
Du mieux mais pas assez
Si le foot a occupé bien plus d’espace médiatique que les Sommets pour la Terre, cela fait bien longtemps que l’écologie est reléguée en arrière-plan. Pour le Covid, même constat. Nous, on pense à l’évacuation musclée d’une militante écologiste montée sur la scène des César vendredi 24 février. Mais pire que de ne pas en parler, « des articles se félicitent de la recrudescence des trajets aériens après le covid par exemple. », alerte Anne-Lise. En effet, si la responsabilité est politique, elle est aussi celle des journalistes qui jouent un rôle important auprès des citoyens.
Nous demandons à l’association si la relégation des questions écologiques ne pourrait pas paraître légitime face aux autres problèmes des gens. « C’est toujours la même question, celle de déconstruire l’approche écologique. Le problème de la transition écologique, c’est la temporalité. À voir trop près, on ne voit pas l’influence de l’écologie sur les autres choses comme se nourrir, se chauffer, le pouvoir d’achat etc. Sauf que c’est le serpent qui se mord la queue. Si on agit sur l’écologie, on peut mieux se nourrir. Si on rénove les passoirs thermiques, on peut mieux se chauffer. Le changement climatique a aussi un impact direct sur la santé des gens. », répond Anne-Lise.
Quantité, qualité, transversalité !
Résumons. Face à l’infobésité, il faut parler d’écologie de façon massive pour que ces questions se démarquent. C’est la quantité. En parler beaucoup mais aussi en parler bien et pointer directement les problèmes liés à la crise et leurs solutions. C’est la qualité. Enfin, « Il faut faire des liens. En finir avec le rubriquage. Si on parle d’économie, il faut dire quelles sont les perspectives écologiques par exemple. », indique la co-fondatrice. C’est la transversalité.
« À ce stade, notre requête demande l’engagement volontaire des rédactions à mettre l’accent sur la crise écologique et ses enjeux. Une impulsion nous paraît absolument nécessaire, c’est pourquoi nous suggérons ce quota comme un cap. », explique QuotaClimat. L’association rappelle que différents engagements existent pour tous les acteurs qui aimeraient les soutenir. Prochainement, des mesures législatives pourraient être engagées si les actions actuelles n’ont pas assez d’impact.
1 réflexion sur “QuotaClimat : donner de l’espace à la question écologique”
Mais c’est quoi l’écologie ?