À l’initiative du « Collectif Avortement en Europe, les femmes décident », des manifestations était organisées ce samedi 2 juillet partout en France pour défendre le droit à l’avortement. De nombreuses associations étaient présentes à Clermont-Ferrand : Osez le Féminisme, Nous toutes, Mygirlsstreet, le planning familial, l’UNEF, Solidaires…
« Cette décision était attendue, elle n’en est pas moins terrible »
L’information ne vous a sans doute pas échappé. Vendredi 24 juin, la majorité conservatrice des juges de la Cour Suprême a voté pour l’abrogation du droit à l’avortement de la constitution aux Etats-Unis. Depuis 1973, l’arrêt Roe vs Wade garantissait ce droit sur tout le territoire et depuis quelques mois, il était menacé de retrait. Concrètement, cela signifie que chaque état qui le souhaite est désormais libre d’entraver ou d’interdire l’accès à l’IVG.
Plus de la moitié des Etats-Unis sont défavorables à l’avortement. Certains ont déjà pris la décision de l’interdire, notamment l’Oklahoma, le Missouri ou le Wisconsin. D’autres états comme le Texas le rendaient déjà pratiquement impossible avec des lois excessivement contraignantes sur le délai légal de recours. Un véritable retour d’un demi-siècle en arrière.
Petite mobilisation mais grande sororité
De nombreuses personnes étaient présentes sur la place de Jaude cet après-midi, mais tout le monde n’avait visiblement pas pour priorité de manifester pour le droit à l’avortement. Entre le village italien et le Clermont Foot qui dévoilait ses nouveaux maillots, le rassemblement clermontois s’est donc tenu un peu à l’étroit, devant les galeries La Fayette.
Déborah, Francès et Damien, âgés d’une vingtaine d’années, sont venus manifester. « Les gens se rendent pas compte que c’est pas parce que c’est de l’autre coté de l’océan, que ça ne nous concerne pas. » Déborah ajoute : « Je pense que c’est important de se bouger, de savoir que ça concerne les femmes mais aussi les hommes. »
Malgré tout, l’atmosphère est sorore. Les slogans, les chants et les danses portent le rassemblement avec force et détermination : « IVG, c’est un droit, vous ne nous l’enlèverez pas ! »
Parmi les manifestant.e.s, beaucoup de femmes de tout âge, mais aussi quelques hommes et des enfants. Quelques un.e.s ont joué le jeu du dress code proposé symboliquement : le rouge, en référence au roman de Margaret Atwood The Handmaid’s Tale (La servante écarlate), et les ceintres à la main, dont la tige en métal est utilisée par les femmes lors d’avortement clandestin.


La montée de l’extrême droite au pouvoir, menace réelle pour les droits des femmes en France
« La montée de l’extrême droite et sa présence à l’assemblée nationale sont une menace pour nos droits. Plus que jamais, restons vigilantes pour que nos conquis ne soient pas détruits » Marianne Maximi, députée NUPES de la première circonscription du Puy-de-Dôme, rappelle la nécessité d’inscrire ce droit dans la constitution française. En 2019, la majorité présidentielle avait refusé de le faire. Aujourd’hui, à l’instar de la NUPES, LREM revendique l’initiative de cette proposition. Pour la députée, peu importe d’où provient l’initiative : l’important, c’est bien de faire reconnaitre ce droit.
Des droits qui ne sont jamais réellement conquis
L’épuisement est audible dans les discours des militantes, fatiguées de devoir encore revenir à la charge sur des droits sans cesse menacés. En France, « Il existe une double clause permettant au médecin de refuser une IVG. Les services spécialisés sont parfois inexistants, notamment en milieu rural, dans les déserts médicaux, à cause des choix budgétaires libéraux du gouvernement. »
Les revendications des associations, quant à elles, sont claires et fermes : « Nous revendiquons l’ouverture de centres pour l’avortement, que l’IVG soit accessible à toutes et de manière simplifiée. (…) Nous revendiquons également l’inscription immédiate de ce droit dans la constitution française. »
Le chemin a parcourir est encore long, mais la lutte continue.

