Des rebondissements, il y en a eu dans cette histoire. La ligne Aulnat-Orly avait déjà fermé en juillet 2020. La compagnie Amelia du groupe Regourd Aviation l’avait relancé deux mois plus tard après l’arrêt de l’exploitation par Air France.
À ce moment-là, les associations de défense du climat étaient déjà sur le pont pour dénoncer l’aberration que représente cette ligne interne qui fait correspondre Clermont et la capitale en 1h15 exactement.
La tentative d’Amelia n’a pas été un franc succès. La ligne a fermé à nouveau, touchée de plein fouet par la crise sanitaire. Mais pas de quoi freiner les ambitions de la compagnie et des élus locaux qui remettent le couvert.
La ligne coûte que coûte
Début octobre, c’est dans un article de La Montagne Entreprendre que l’on apprend la réouverture prochaine de la ligne. Les vols seront donc organisés par la compagnie Amelia. Celle-ci recevra le soutien du Syndicat mixte de l’Aéroport de Clermont-Auvergne composé de la Région AURA, du Département et de la Métropole.
La reprise était prévue pour le 02 novembre et a bien eu lieu hier. Onze rotations sont assurées chaque semaine. En réponse à cette reprise, le mouvement citoyen Action non-violente COP21 63 et le groupe local de Greenpeace ont publié un communiqué afin d’alerter l’opinion et les élus.
« Ce que nous dénonçons principalement, c’est que dans le contexte de nécessité de réduction des gaz à effet de serre, rétablir une ligne intérieure qui a des alternatives, c’est faire exactement le contraire de ce qu’il faudrait en termes de mobilités publiques », explique Etienne de Greenpeace. De plus, pour les deux organisations, l’utilisation d’argent public pour la ligne Aulnat-Orly est une chose aberrante. En effet, le Syndicat mixte s’est engagé à soutenir le lancement de la ligne avec jusqu’à 700 000€ disponible en cas de difficultés.
Un non-sens écologique
Mais ce n’est pas tant l’aspect économique qui révolte les organisations environnementales. Le fonctionnement de cette ligne intérieure représente pour elles un scandale écologique alors que l’objectif de la ligne, selon le président d’Amelia, est de pouvoir faire l’aller-retour en avion dans la journée. La compagnie déclarait vouloir remplir ses vols à 60% pour le moment soit 40 passagers par voyage. Dérisoire. Mais pas d’inquiétude, Dominique Dreuil, directeur de développement régional d’Amelia assurait hier au journal La Montagne quele nouvel ATR (avion de transport de passagers) consomme 40 % de carburant en moins pour un trajet de dix minutes supplémentaires. « Il n’existe pas à l’heure actuelle d’avion propre et aucune technologie ne peut permettre une mobilité aérienne bas carbone », répondent les organisations.
Ce bon vieux chemin de fer
« Un seul vol Clermont-Paris représente une émission de gaz à effet de serre équivalente à 50 à 100 fois celle du même trajet en train, pour un gain de temps porte à porte négligeable si l’on prend en compte les temps de trajet cœur de ville/aéroports et d’embarquement ». Greenpeace et ANV COP21 ont épluché les données d’Air France pour donner ce chiffre parlant. « M. Wauquiez se gargarise de sauver cette ligne climaticide alors qu’il reste trop souvent absent lorsqu’il s’agit de maintenir l’exploitation des lignes ferroviaires locales », dénoncent les organisations. Pour elles, mettre le secteur aérien en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris est une priorité.
D’autant que le lancement de la ligne hier n’a pas été un franc succès. Mais les différentes branches du Syndicat Mixte comptent bien dynamiser le projet en poussant les entreprises à jouer le jeu. Certains grands groupes ont déjà assuré de leur bonne volonté. Les élus ont appelé les entreprises (70 % du trafic de cette ligne avant la crise) à remplir les avions.
« Nous avons donc des élus chargés de représenter les citoyens et de défendre le bien commun qui prennent une décision en contradiction avec nos intérêts climatiques et encouragent les acteurs économiques locaux à augmenter délibérément leur bilan carbone, ceci au profit d’une toute petite minorité d’usagers, et au mépris de notre avenir », s’indignent Greenpeace et ANV.
Les deux mouvements écologiques appellent les citoyens à signer leur pétition en ligne pour la fin des vols Clermont-Paris et le report modal des leurs usagers vers le train. https://agir.greenvoice.fr/petitions/pour-la-suppression-des-liaisons-aeriennesclermont-ferrand-paris-2