« Liberté, égalité, IVG », inscrivait le journal Libération sur sa Une le 27 juin 2022. Trois mots choisis au moment de la remise en cause de l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) aux Etats-Unis. Vingts mois plus tard, en France, ils résonnent avec encore plus de force grâce à un vote du Congrès ce lundi 4 mars 2024 après-midi, à 780 voix pour et 72 voix contre, la « liberté garantie à la femmes d’avoir recours à l’Interruption volontaire de grossesse » est inscrite dans la Constitution. Un jour « qui restera dans l’Histoire », a assuré Gabriel Attal lors de son discours devant les deux Assemblées réunies pour l’occasion.
Un tonnerre d’applaudissements
Sa prise de parole, au cours de laquelle le Premier ministre a affiché sa volonté que le « Oui » l’emporte, s’est terminée par un tonnerre d’applaudissements de la part des 925 parlementaires, au Château de Versailles. Mais pas que. Dans une salle du 25-Gisèle Halimi à Clermont-Ferrand, où la séance du Congrès était retransmise, une petite dizaine de personnes de tout âge était présente pour assister aux débats du jour. Et elles aussi ont applaudi le Premier ministre.
Parmi ces spectatrices et spectateurs, majoritairement féminins, Clarisse, Fanny et Clothilde. Les trois étudiantes en art du spectacle, âgées respectivement de 19, 20 et 21 ans, ont choisi de partager ce moment plutôt que d’y assister dans leur coin. « C’est un sujet qui est très important pour nous », lance Clothilde pendant que ses deux amies hochent la tête pour montrer leur accord. Alors elles ne boudent pas leur plaisir, d’autant plus que cette décision prise par les parlementaires les a surprises : « on pensait que le Sénat allait dire non », sourit Clarisse.
Un avis partagé par beaucoup de monde, dont les sénateurs et senatrices elles-mêmes, comme l’a rappelé Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des Français de l’étranger et tête de gondole de cette lutte pour inscrire l’IVG dans la Constitution. Mais un avis qui s’est au final révélé erroné, notamment parce que de nombreux élus de droite ont fini par changer d’avis, poussés par leurs familles mais aussi, peut-être, par le ‘’dérapage’’ de Cnews d’il y a quelques jours.
« Rester vigilantes »
Voilà donc l’IVG maintenant officiellement dans la Constitution. « On a sacralisé ce droit essentiel », se félicite la sénatrice du Puy-de-Dôme Marion Canalès. Mais l’élue reste méfiante. « Demain, tout ne sera pas résolu. Il faut continuer à se battre pour inscrire l’IVG dans la charte des droits fondamentaux européens. »
Tout comme Fanny, Clarisse et Clothilde, elle reste « vigilante » et attend de voir ce qui sera mis en œuvre pour que cette disposition entre vraiment en vigueur. « Il faut veiller à ce que toutes les femmes, même dans les territoires ruraux, puissent avoir recours à un IVG dans les délais requis », martèle-t-elle. Et la récente coupe dans les budgets décidée par l’exécutif ne la rassure pas sur ce point-là.