7h30. Le soleil se montre juste mais le thermomètre reste bas. Eux sont là depuis une demi-heure déjà. Devant l’entrée principale du collège-lycée Blaise Pascal, barrières et poubelles installées par certains élèves en empêchent d’autres de passer. Le blocus est organisé à l’initiative de lycéens soutenus par le syndicat La Voix lycéenne et par les Jeunes Communistes 63. Devant l’entrée, des professeurs de l’établissement et d’ailleurs sont également là. « On vient de Jeanne d’Arc pour apporter notre soutien. Là, on y retourne pour se faire voir et ensuite, on ira manifester. », déclare l’un d’eux.
Devant le portail, la consigne est claire. On laisse passer les collégiens et les étudiants en prépa mais pas les lycéens. «On est là pour soutenir nos parents, les professeurs, les jeunes travailleurs… C’est notre travail de mobiliser la jeunesse. », explique Olivia, de La Voix lycéenne. Au total, 300 lycées seraient dans le même cas selon son syndicat.
Géraud est élève à Blaise Pascal. Pour lui, « c’est important que les syndicalistes soient là pour montrer qu’on ne fait pas ça juste pour foutre le bordel. Et si on ne fait que de la prévention, les gens ne nous écoutent pas. ».
Si des moments de tension sont apparus au début du blocus, l’action s’est passée de façon pacifique. Au mégaphone, Olivia donne rendez-vous à ses camarades à 9h30 devant Gergovia pour un départ étudiant depuis la fac.
Les lieux de savoir à l’arrêt
En France, près d’une quarantaine d’universités étaient bloquées ce matin dont Rennes 2, l’ENS de Lyon, Paris 8, Lyon 2 ou Nanterre. À Gergo, même situation. Un cortège étudiant en est parti à 10h avant de retrouver les autres manifestants à Jaude.
Chapitre 6
Il y a eu une pause plus longue que les autres. Le temps pour les syndicats d’appeler à la grève nationale et à « mettre la France à l’arrêt. ». Alors que le projet de loi est examiné au Sénat, 11 syndicats ont appelé à manifester à Clermont dont la CGT, Solidaires, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, FO, la FSU, l’UNEF, la Voix lycéenne et la Fed EA. Dans tout le pays, transports, énergies et éducation sont fortement perturbés.
La mobilisation est de retour et ça se voit. En arrivant place du 1er Mai, on sent la ferveur des premiers rendez-vous même si la colère n’est jamais vraiment redescendue. On comprend aussi que de plus en plus de personnes se sentent concernées. En ce jour de fermeture des écoles, beaucoup d’enfants sont là. Des parents, des travailleurs et des retraités. Depuis Delille, la manifestation se scinde en trois parties pour arriver plus vite place de Jaude et couvrir plus d’espace. Sur la place principale, les premiers cortèges attendent que le lieu se remplisse.
Faire reculer la peur et renaitre l’espoir
La pluie arrive en même temps que les derniers participants. Malgré le monde, le mauvais temps disperse les manifestants plus vite que d’habitude. Juste le temps de prendre la parole sur la grande scène. « Il faut faire reculer la peur et renaitre l’espoir ! », clame Ghislain Dughour, de la CGT. La CFDT lui succède puis FO et tous les autres. L’intersyndicale appelle à reconduire la grève, notamment demain, pour la journée internationale du droit des femmes. L’occasion de dénoncer à nouveau les inégalités qui touchent ces dernières dans le monde du travail. Une mobilisation aura lieu demain à 10h devant le CHU Gabriel-Montpied avant une manifestation jusqu’à la préfecture. Le 9 mars, les organisations de jeunesse s’élanceront de la faculté de lettres à 10h15.