« Aujourd’hui j’ai peur, demain j’aurai encore peur »

À Clermont-Ferrand, un rassemblement a eu lieu le 5 mai pour la journée de visibilité des personnes transgenres. On y dénonçait un projet de loi au Sénat, ainsi qu'une montée de la transphobie en France.

Le dimanche 5 mai, Clermont-Ferrand a participé à la journée de visibilité des personnes transgenres, avec un rassemblement de plus de 100 personnes, place de Jaude. Un moment jugé historique par les intervenants, dans une France de plus en plus transphobe.

Une transphobie banalisée

Une minute de silence a été organisée au début du rassemblement, pour toutes les personnes transgenres ayant été tuées par la transphobie. Car oui, la transphobie tue, partout dans le monde. Entre octobre 2022 et septembre 2023, 320 personnes transgenres ont été assassinées dans le monde, selon Statistica.

Certains et certaines ont peur que plus tard, ces morts viennent s’importer en France. “Aujourd’hui j’ai peur, demain j’aurai encore peur” témoigne Doline femme transgenre et représentante de l’association House of morningstar, (association drag militante et intersectionnelle) lors de sa prise de parole “je suis out depuis 10 ans, mais je n’ai jamais pu faire de transition sociale ou physique, car je travaille dans le milieu ouvrier. Là-bas, c’est impossible pour moi d’exister en tant que femme transgenre. C’est pour ça que je fais du drag, je peux au moins m’assumer dans les milieux safe. Mais en temps normal, jamais je ne sortirais comme ça par peur de me faire tabasser.”

Ces derniers temps, on observe une montée de la transphobie en France, notamment depuis la parution du livre transphobe “Transmania”, de Marguerite Stern et Dora Moutot. Livre qui a reçu une couverture médiatique très importante. “Elles sont des meurtrières ! Elles veulent nous mener au suicide !”a scandé une personne présente au rassemblement, au milieu de la foule.

Malgré cette transphobie grandissante en France, un bon nombre de personnes sont au rendez-vous à Jaude “À la base, je pensais faire mon discours devant 20 personnes, là on était une centaine, j’étais stressée !” raconte Doline.

Une porte d’entrée pour réduire nos droits sociaux

Ce rassemblement était aussi très important en raison de l’actuel projet de loi étudié au sénat. Un projet de loi qui consiste à interdire les transitions pour les personnes mineures, comprenant les bloqueurs de puberté et les traitements hormonaux. Le projet de loi conçoit aussi de prendre en charge les mineurs souffrant de dysphorie de genre (inconfort lié à une différence entre une identité de genre t le sexe attribué à la naissance) pour leur permettre de retrouver un bien-être psychologique. Une dernière mesure qui correspond plutôt à une thérapie de conversion qui ne dit pas son nom. Sur bon nombre de pancartes, on lit qu’il faut “protéger nos enfants trans”.

On est là pour protéger les LGBT+ en Auvergne, protéger nos droits. Alors évidemment ces projets de loi posent problème” expliquent Lancelot et Émilie, bénévoles de l’association SOS Homophobie “En ce moment, on est en train de dérouler le tapis rouge à des personnes prônant des idées transphobes dans les médias. Et à côté de ça, on a très peu d’alliés

Mais ce combat va en réalité bien plus loin. Aujourd’hui, s’en prendre aux personnes transgenres est en réalité un plan à long terme. “Aujourd’hui, ils combattent la transidentité, mais on sait très bien ce qui se cache derrière. C’est une première étape pour plus tard se battre contre les LGBT+ de manière générale, et encore plus tard les femmes. C’est une première étape pour réduire tous nos droits sociaux !”déclare Solène, représentante de SOS homophobie, lors de sa prise de parole.

On est là pour soutenir nos copains et copines trans, c’est normal. On veut que le mouvement prenne de l’ampleur.” expliquent Laura et Alex qui ne se définissent pas comme transgenres, mais plutôt comme des alliés. Ils rejoignent également l’idée de Solène “De toute façon, il y a une intersectionnalité dans tous ces combats !”, précise Alex.

Taper sur les homosexuels, c’est vrai que c’est aujourd’hui plus difficile dans le paysage médiatique français. Alors la nouvelle solution pour les partis homophobes, c’est plutôt de taper sur les personnes transgenres. Mais quelle sera la prochaine étape ?

Une fois le rassemblement calmé, une personne vient à notre rencontre “Faites gaffe ! Apparemment y’a des gens pas cool qui s’approchent. Faut faire attention si vous ne voulez pas avoir d’ennuis”. Comme quoi, le combat est loin d’être terminé.

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1 réflexion sur “« Aujourd’hui j’ai peur, demain j’aurai encore peur »”

  1. Le transgenre entre philosophie existentielle et cinéma d’anticipation.
    Descartes figure historique du transgenre. C’est bien lui qui a dit  » je pense, donc je suis ».
    Le ou la transgenre pourrait reprendre cet aphorisme et dire ; je panse donc je suis. Je deviens ce que je suis même au prix d’opérations visant à restaurer mon identité rêvée.
    « On ne peut se passer d’identité sous peine de ne pas avoir vraiment d’existence » ( Anne Marie Drouin- Hans dans le Télémaque).
    Mais pour autant qu’elle soit renaissance, cette identité n’est pas achevée et se construit aussi avec les autres, pas à pas.
    En effet, changer d’identité sexuelle pour devenir seulement homme ou femme, ce n’est que se transformer mais il y a bien plus que cela dans ce projet : ces transformations m’éblouissent par leur lumière et peut être, par les nouvelles perspectives humaines qu’elles posent. Comme dans le film de James Cameron ; Avatar.
    .

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