RESF a une nouvelle fois organisé une manifestation pour protester contre la mise à la rue de familles immigrées, actuellement réfugiées à la Maison du Peuple. Le rassemblement est prévu à 11h place de la Victoire, mais dès 10h30, Didier Pagès, militant RESF, est présent sur les lieux. « On veut toujours l’organisation d’une table ronde avec le préfet, mais il ne veut pas avant que la Maison du Peuple soit vide. Pour ça, il y a deux solutions. Soit il envoie la police, soit il les reloge. On ne fera partir personne. »
Après que quelques dizaines de personnes soient arrivées, Didier fait le tour de la place avec sa boîte floquée « Bienvenue aux exilés ! ». « N’hésitez pas à donner ! On a besoin d’argent pour acheter de la nourriture ! Puis si on a assez d’argent un jour, on pourra même payer des logements ! »
Cortège animé
Le cortège est parti vers 11h30, composé de centaines de personnes. Malgré la pluie, les citoyens restent motivés et suivent le mouvement. L’objectif ici, c’est de faire du bruit et réveiller les consciences, comme les Clermontois. Pour cela, les militants placés devant le cortège motivent les troupes « Un toit, c’est un droit, des papiers pour tous !” Le micro passe même dans les mains d’une petite fille du camp. « Un droit, c’est un toit, des papiers POUR TOUS ! » Son intervention lui fait tout autant plaisir que les manifestants, qui sont touchés.
Pendant ce temps, au milieu du cortège, une troupe de musique a répondu à l’appel, et se charge de l’ambiance. Leurs percussions au rythme effréné ont interloqué les Clermontois, qui observent l’événement depuis leurs fenêtres.
La manifestation suit ainsi la rue des Gras, jusqu’à rejoindre l’avenue des États-Unis. Elle passe ensuite par la place de Jaude pour remonter jusqu’à la préfecture. « Nous arrivons bientôt à la préfecture. Quand on sera sous ses fenêtres, on va faire un maximum de bruit pour le préfet, car c’est lui le responsable ! » clame un manifestant RESF. Le cortège répond à l’appel et lance le slogan « Monsieur lePréfet, rendez les logements ! »
“Ce centre d’accueil était un piège”
La semaine passée, nous avions appris que certaines familles avaient été relogées. Mais arrivés à la Maison du Peuple, les bénévoles nous avaient parlé d’un « coup de comm’ ‘ ». Simon, responsable du camp, prend le micro devant la préfecture pour faire le point sur la situation. « Je vais vous raconter tout depuis le début pour que vous compreniez bien. Mais spoil : à la fin, on s’est fait avoir. » Commence-t-il. « Cela fait maintenant deux mois que nous occupons la maison du peuple. Que nous occupons ! Car la mairie ne nous l’a sûrement pas mis à disposition. Le préfet a expulsé les familles immigrées, conformément à la loi immigration. Mais cette loi a été retoquée par le Conseil Constitutionnel, le préfet est hors la loi ! » Son discours est rythmé par les huées du public, en direction du préfet.
« Le 23 mai, on a appris que le préfet avait enfin décidé de reloger des familles. Comme vous, j’étais choqué ! Mais une fois que les familles sont parties là-bas, on leur a mis une pression monstre pour signer une aide au retour ! On leur a dit qu’ils n’avaient que 15 jours pour décider, après ils seraient forcés. On les a menacés en leur disant qu’on pouvait aller chercher leurs enfants à l’école. Ce centre d’accueil était un piège ! Nos familles sont revenues se réfugier à la maison du peuple pour plus de tranquillité.”
« Alors que nous avions eu un sursaut d’espoir il y a deux semaines, la situation semble aujourd’hui être plus critique que jamais. « Nous saluons la mobilisation citoyenne. C’est vous qui faites changer les choses, et sûrement pas les politiques xénophobes ! » termine ainsi Simon.
Mais même avec une mobilisation exemplaire, peut-on être optimiste quand l’extrême droite est au porte du pouvoir en France ? Les événements récents et les élections législatives approchant pourraient avoir des conséquences terribles sur la situation.