Depuis 2017, des évaluations nationales avaient été mises en place en CM2 et 6eme « comme des outils de diagnostics au niveau national ».
Depuis deux ans, ces évaluations sont réalisées chaque année dans tous les niveaux du CP à la 3eme.
Des évaluations en septembre
« Ces évaluations ne servent à rien. D’abord parce qu’elles ont lieu en septembre. Les enfants ont eu 2 mois de vacances. Ils n’ont pas encore repris les habitudes d’apprentissage. » Exprime un jeune professeur des écoles.
De plus, ces évaluations sont très guidées. « Le contenu est inadapté. Il est hyper guidé, il faut par exemple trouver des mots clés, ou faire lire les élèves, un par un. Sauf qu’on n’a pas le temps de tous les faire passer. »
Alors, les enseignants doivent s’appuyer sur le Réseau d’Aides spécialisées aux élèves en Difficulté. (Le Rased). « Et ça c’est dramatique, car son personnel (composé d’enseignants ou psychologues) profite normalement de la rentrée pour repérer avec les professeurs, les élèves qui peuvent avoir besoin de soutien. Or, là, ils sont sollicités pour nous aider dans les évaluations. »
Des données pour quoi faire ?
Une fois ces évaluations réalisées en classe, l’enseignant les renseigne en ligne. Un petit diagramme en ressort. « On évalue un élève à un instant T sur des données qui ne veulent rien dire. » Explique une professeure.
Mais, le personnel de l’Education nationale n’est pas dupe. « Il s’agit de réaliser un diagnostic national des élèves, afin de réaliser les groupes de niveau en 6eme, par exemple ou doter les établissements en fonction des résultats. » S’exprime une maîtresse d’école.
Réduction de volumes horaires
Dans les collèges, le constat n’est guère mieux. « On réduit notre volume horaire face aux élèves et on nous demande de faire passer une évaluation plutôt que travailler les apprentissages. » S’agace une prof de maths.
Car, cette année, la colère gronde dès la rentrée du côté du milieu scolaire, qui comme tout le reste du pays attend le gouvernement avec impatience. « Bon, en même temps, sans ministre, ce n’est pas plus mal, au moins, on ne nous pond pas des lois à la noix. » s’amuse un gréviste.
Absence de profs et pénurie d’AESH
Mais trève de plaisanterie, cette année encore, plus de 3500 postes dans le primaire et secondaire n’ont pas été pourvus. Sur le Puy-de-Dôme, il manque plus de 100 AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap).
Ainsi, les manifestants appellent au boycott des évaluations. « Elles ne sont pas obligatoires, malgré ce qui est inscrit sur Educsol. » Explique un enseignant. » Plutôt que de réaliser des évaluations qui ne servent à rien, autant nous donner des heures pour travailler davantage sur la pédagogie différenciée. »
Culture de l’évaluation
En exemple, un professeur des écoles témoigne : « L’année dernière, j’ai dû recevoir tous les parents pour leur expliquer les résultats de ces évaluations. Les parents eux-mêmes ne trouvaient aucun sens à ces résultats. Nous avons tous perdu du temps. » Il poursuit en fustigeant la culture de l’évaluation, allant à l’opposé des recommandations des pédagogues contemporains. « Ce système est trop normé, contre-productif, chaque élève a son rythme. »
Alors, il semblerait que ce genre d’évaluations servent à formater les écoles pour le classement PISA. « Qui lui aussi est parfaitement normé, mais qui ne répond en rien au développement et l’émancipation de l’élève. »
Infantilisation
Enfin, le professeur des écoles raconte les consignes données lors de ces évaluations afin de montrer l’infantilisation du corps enseignant : « On doit enclencher un chrono de telle façon et dire exactement cette phrase : bravo, vous avez terminé, allez à la page suivante. »
Sachant qu’il y a 50 pages…