Rassemblement contre le nouveau gouvernement à Jaude : « L’égalité hommes-femmes était censée être une des priorités du quinquennat ! »

À la suite de la nomination de Gérald Darmanin et d’Éric Dupond-Moretti aux Ministères de l’Intérieur et de la Justice, militantes et militants féministes se sont rassemblés ce vendredi 10 juillet, place de Jaude à Clermont, pour protester contre le remaniement.

La lumière d’un soleil de juillet drape des dizaines de femmes et d’hommes d’un halo doré. Pancartes à la main, ces militantes et militants se dressent place de Jaude, sous la statue de Vercingétorix. La foule est jeune, elle témoigne d’une réappropriation des luttes féministes par les nouvelles générations. « Gouvernement sexiste, riposte féministe ! » scande la foule. Toutes et tous se sentent floués par le nouveau remaniement ministériel : « On nous avait dit que l’égalité homme-femme serait une des priorités du quinquennat, aujourd’hui, on voit bien qu’il ne s’agissait que de ‘feminist-washing’ pour paraître dans l’air du temps », s’insurge Léïa, une des organisatrices.

Parmi les visages du nouveau gouvernement, on trouve Gérald Darmanin, mis en cause dans deux affaires de viol et d’abus de faiblesse, et Éric Dupond-Moretti, un avocat. Pour défendre ses clients, ce dernier aurait « sali les victimes et minimisé le crime ». Mais ce sont surtout ses déclarations publiques qui font débat. Léïa explique : « Bien sûr qu’en tant qu’avocat, c’est son rôle de défendre son client, que ce soit un violeur ou un meurtrier. Mais en dehors de la salle d’audience, ce qu’il dit n’engage que lui, et c’est dans ce cadre-là qu’il est connu pour ses propos sexistes et homophobes. »

En marge de la manifestation, un groupe d’hommes interjectent « ça ne sert à rien de manifester en France, les féministes, arrêtez de nous casser les couilles ! ». Le premier rang de la manifestation ne se laisse pas faire, des insultes fusent. L’incident est néanmoins vite oublié, et les slogans reprennent. « Emmanuel Macron a beaucoup critiqué d’autres pays, comme les États-Unis, pour avoir élu Donald Trump malgré ses propos sexistes. Malgré tout, on se retrouve avec un ministre de l’Intérieur accusé de viol. Il y a une forme de dissonance cognitive à la tête de l’État. »

Pour Louise, sa camarade et co-organisatrice, la présomption d’innocence ne fait pas tout : « Dans d’autres pays, les hommes de pouvoir démissionnent pour moins que ça. Darmanin n’aurait pas dû être nommé à ce genre de poste tant qu’il n’a pas été reconnu innocent par la Justice. »

Une autre militante traverse le cortège en brandissant une pancarte sur laquelle est écrit : « Je n’applaudirai jamais un homme accusé de viol – Marlène Schiappa ». « Pourtant, elle a applaudi Darmanin », déplore Léïa, « Rendez-nous Christiane Taubira ! », s’exclame-t-elle en riant, avant de conclure : « On clame vouloir ‘moraliser la vie publique’ et faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une ‘grande cause nationale’, et puis on nomme ministre de l’Intérieur un homme accusé de viol et de conflit d’intérêt. Nous, on a décidé de ne rien attendre du féminisme institutionnel, on préfère prendre les choses en main nous-mêmes. »

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