Champratel, un quartier raconté par ses habitants.

Alors que les quartiers de Clermont ont fait parler d'eux lors des "violences urbaines", Mediacoop a décidé d'aller à la rencontre de leurs habitants pour connaître la réalité du quotidien. Nous avons posé nos micros à Champratel, quartier Nord encerclé par La Gauthière, Les Vergnes et Croix-de-Neyrat. Une immersion pour comprendre les habitants, leur vie, la vision qu'ils ont de leur quartier et comment on gère la vision qu'ont les autres des quartiers. On a rencontré des figures de Champratel, des anciens et des jeunes qui vivent ici depuis toujours. Ils nous parlent de ce qu'ils aiment, de ce qu'il manque, de la solidarité et des bons moments. Les mauvais aussi. Bref, on a donné de la voix aux habitants de Champratel et on vous en fait profiter à travers des photos, des descriptions et des captations sonores passionnantes.

900 habitants. Un quartier qui n’échappe pas à la réputation des quartiers nord de Clermont-Ferrand. coincé entre Croix de Neyrat, Les vergnes et la Gauthière, Champratel a vécu de grandes transformations ces dernières années. Quartier résidentiel, avec ses 8 tours, c’est un coin tranquille, arboré, tenu par ses habitants.

La maison de quartier propose des animations sur le territoire et grâce à Emilie, salariée, un jardin partagé a été créé en plein centre du quartier. Pour faire ses courses, il faut traverser le boulevard afin de trouver Auchan Nord, sur le quartier de Croix-de-Neyrat. A Champratel, pas de boutique, pas de magasin, pas de bar. Seul le restaurant le Stadium offre une terrasse ombragée et des plats faits maison.

En revanche, le quartier est devenu le rendez-vous des sportifs. La piscine Jacques Magnier, des city stades. D’ailleurs, pendant notre immersion, nous avons vu les joueurs du Clermont Foot faire le footing en plein coeur du quartier.

Nous pourrions vous parler longuement de ce quartier tranquille qui mélange 17 nationalités, qui accueille quelques associations, une école maternelle, une école primaire, mais nous avons décidé de laisser la parole à ceux qui y vivent et le connaissent, ses habitants.

Immersion au coeur du quartier. Toujours à bicyclette, à 66 ans, Hamid passe son temps à pédaler. En 2007, il a gagné un vélo en grattant un ticket à Carrefour. Il mériterait un peu de réparation. Qu’importe. Ce matin, il se laisse guider jusqu’à la maison de quartier, où il passe dire bonjour.

Hamid habite ici, dans un F4, depuis 2009. Retraité, il connaît tout le monde. Et livre un regard critique sur le monde. Son quartier en revanche, il a bien compris que les médias tentaient de le rendre dangereux et malfamé.

Les yeux malicieux, vieille casquette Nike vissée sur la tête, chemise en lin, Hamid prend le temps de répondre à nos questions et réfléchir sur ce quartier qu’il occupe depuis longtemps désormais.

L’occasion aussi de parler de la mort de Nahel, de ses propres enfants et de religion.

Sur la place au milieu des tours, souvent, se retrouvent les mères de famille. Elle peuvent discuter en surveillant les enfants. Parmi elles, Celia, une jeune femme qui a toujours vécu ici. Aujourd’hui, mère de 3 enfants, elle a monté une association pour faire bouger le quartier : « Cité d’elles ». Une association gérée uniquement par des femmes.

Plus tard, c’est Rayan qui arrive à notre micro. Il vient d’avoir le bac avec mention, et se destine à des études de psychologie. Il se pose sur un banc. Ce quartier, il le connaît par cœur. Il joue au foot avec ses amis, et demain, il va tenter de trouver un job pour l’été du côté des magasins de Croix de Neyrat.

Il rentrera tous les soirs quand il étudiera à l’université. En tram, il en a pour 20 minutes. Et plus tard, il verra s’il reste ici pour installer son cabinet de psychologue.

Voici le témoignage de Célia et Rayan.

Rayan, Farida le connaît bien. Elle est bénévole au Secours Populaire depuis 2005. Des familles, elle en a vu passer. Les gamins qu’elle a aidés, elle ne les compte plus. À Rayan, elle a proposé de l’aide au devoir pour le sortir de son échec scolaire. Lorsqu’on l’interview, le jeune homme sort des locaux. Il vient d’utiliser un ordinateur pour faire son CV. Farida peine à cacher son émotion. Rayan vient d’avoir le bac. La bénévole nous explique son engagement et sa vision du quartier.

Le 22, c’est un des bâtiments emblématiques du quartier. À une époque, l’entrée de l’immeuble n’était pas très fréquentable. Ici, les gardiens se sont succédés. Ils ne restaient jamais bien longtemps. Jusqu’à l’arrivée de Rafik. Lui même jeune des quartiers, en provenance de Saint-Jacques, « c’est eux qui sont venus me chercher » s’amuse ce dernier. Depuis qu’il a investit les lieux, le quartier revit. Entre deux services rendus aux habitants, Rafik nous en parle.

On recroise Hamid. Il doit nettoyer sa voiture, statique depuis trop longtemps. Sur le parking, les salutations vont bon train. Un jeune bricole sa portière sous l’oeil d’un ancien qui vient de lui prêter des outils. Le premier a 29 ans. Il a passé sa vie ici. Djamel, lui, à plus de deux fois son âge mais n’est arrivé que l’an dernier.

M2C, ça veut dire « Mec de Champratel »

De retour dans la maison de quartier, Mathis, 12 ans, décide de se transformer en journaliste pour la journée. il a vécu Champratel, vit désormais aux Vergnes. Mais chaque jour, avec son vélo, il vient à la maison de quartier de Champratel. « Il s’y passe plus de choses. » Ainé d’une famille nombreuse, il part tôt chaque matin, pour échapper à la chambre qu’il partage avec ses trois frères. On décide de sortir le studio radio. Emilie, salariée de la maison de quartier, et Manu venu là, déposer des transats, se prêtent au jeu des questions préparées par Mathis.

En ressort une émission !

Nous avons pu réaliser ce travail grâce au dispositif « Quartiers d’été 2023 ».

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