Un double rassemblement réussi à Clermont-Ferrand pour les soignants

Près d’un millier de personnes à 11 heures devant l’ARS et presque autant à Jaude en fin d’après-midi ont déclaré leur soutien aux services publics de santé.

Deux rassemblements, deux réussites : c’est le bilan clermontois de la journée de mobilisation pour la défense du système de santé. C’est débord à l’appel d’une large intersyndicale que se sont retrouvés devant l’ARS des cortèges venus des deux hôpitaux publics clermontois, mais aussi d’autres établissements privés (Sainte Marie, l’ADAPEI…) ou publics plus éloignés (Thiers, Enval…), ainsi qu’une poignée de Gilets jaunes. Au plus fort, près d’un millier de grévistes ont manifesté leur colère avenue de l’Union Soviétique. Un chiffre à nouveau approché le soir-même pour le second appel, à l’initiative de Solidaires et d’un large collectif d’associations, à destination cette fois de la population. Moins de blouses blanches, plus d’acteurs du social et du médico-social : le deuxième rendez-vous a touché un public en partie différent, mais tout aussi remonté contre les politiques anti-sociales du gouvernement.

Ségur de la santé, plan blanc et primes

Dans les discours, sur les pancartes, les blouses et les masques, tous portent le même message : ils ne sont pas dupes. Les contre-feux allumés par le gouvernement ne font que raviver la colère : les primes sont jugées inégalitaires et arbitraires ; les premiers débats du ségur de la santé vont à l’encontre de toutes les revendications défendues ; les médailles et les dons de congés brillent comme un ultime affront teinté de mépris à celles et ceux qui ont tenu le pays à bout de bras pendant des semaines.

Car les syndicats ne manquent pas de le rappeler : si la pandémie a aggravé la situation, les services hospitaliers menaient déjà une grève de plus d’un an contre les politiques gouvernementales. Les revendications sont donc connues, qu’elles concernent les conditions de travail et la rémunération des agents, l’ouverture de lits dans les différents services, ou encore la remise en cause des méthodes managériales brutales, de l’ONDAM et de la tarification à l’acte. C’est donc en pleine lutte que les soignants se sont vus imposer le fameux « plan blanc », qui peut se résumer en une réquisition totale du personnel et une suspension d’une grande partie de leurs droits. « C’est une mesure sensée répondre à une situation temporaire exceptionnelle », relève une représentante FO, au sortir de l’entrevue avec la direction locale de l’ARS. « Et on nous annonce qu’on ne sait pas quand on en sortira, car on entre en veille canicule, sans parler d’un éventuel retour de l’épidémie à l’automne ! C’est à nouveau un état d’urgence rendu permanent pour détruire nos droits ; on ne veut pas de dons de congés, on veut juste pouvoir prendre les nôtres ! » La colère est d’autant plus forte devant les milliards d’euros mobilisés par le gouvernement pour aider certaines industries, en particulier l’aéronautique.

Le social et le médico-social engagés dans la lutte

Et la colère ne se limite pas aux établissements médicaux. Sur la place de Jaude pour le second rassemblement de la journée, les personnels d’établissements sociaux et médico-sociaux sont fortement mobilisés, notamment sous la bannière du collectif « pas qu’un coût ». « Tout le secteur a dû affronter la crise sans équipement, dans des conditions de travail déplorables, après avoir subi des années de politiques destructrices », dénoncent-ils, pointant du doigt l’application de logiques de marchés à leurs services, et contre lesquels ils se battent régulièrement. À leurs côtés, les associations et syndicats pointent du doigt la dégradation de l’accès aux soins pour la population : « 42 % des étudiants renoncent à se soigner », a relevé Mayke de l’UNEF, tandis que Martine de RESF a rappelé l’affaiblissement de l’AME et de la CMU par la loi asile et immigration. Chom’actif et le MNCP ont, de leur côté, appelé à lutter contre la réforme de l’assurance chômage, accusée de jeter des milliers de personnes dans la pauvreté, et dénoncé la précarisation du marché du travail. La journée s’est conclue par des déclarations d’opposition à la répression policière qui a frappé les manifestants parisiens, tissant un pont entre les luttes récentes des racisés et celles des soignants.

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