La Furtive : échec mais pas mat.

Confronté à la reprise du Château de Rabanesse par la Mairie lors du second confinement, le collectif La Furtive s’est rassemblé, vendredi, à l’Hôtel des Vil-e-s, afin de dresser, contre toute attente, un bilan assez positif de ses premiers mois d’existence.

Vendredi soir, une douzaine de membres du collectif La Furtive ont bravé le crachin et le froid pour participer, à l’Hôtel des Vils, à une réunion qui avait tout pour être morose. Devant ses camarades, Valentin, un membre du collectif, va droit au but : « on a perdu l’effervescence du début, pas mal de monde, et la tour de Rabanesse. »

Ouvert illégalement en octobre dernier, le Château de Rabanesse était amené à devenir, sous la houlette du collectif, un lieu de convergence associative en plein cœur de Clermont-Ferrand. Mais c’était sans compter le second confinement et la reprise de la Tour par les services de la Mairie, début novembre. Depuis, l’ombre de la Tour plane sur La Furtive : malgré l’ampleur des travaux nécessaires à sa rénovation, dans les esprits, l’endroit s’est imposé comme un symbole, celui du passage d’un cap vers un militantisme plus désobéissant. Pour les membres du collectif, les raisons qui les avaient menés à fonder la Furtive et à prendre la Tour tiennent toujours : en dépit de la forte concentration associative clermontoise, la ville ne dispose toujours d’aucune maison des associations. Pire, face à l’urgence climatique, la Mairie semble s’inscrire dans une dynamique de communication plutôt que dans une stratégie déterminée de lutte contre le réchauffement climatique. Néanmoins, la possibilité de reprendre le Château est rapidement écartée : trop compliquée, trop incertaine, du moins tant que les températures hivernales et la menace d’un reconfinement rendent le bâtiment impossible à occuper durablement.

« Certes, on a perdu la Tour, mais la Furtive, ce n’est pas qu’un lieu, c’est avant tout un collectif, » reprend Valentin. « C’est une plateforme pour des actions qui contribuent à faire de la société un espace plus solidaire, plus démocratique, plus respectueux de l’environnement. » Au fil de la réunion, les visages frigorifiés se réchauffent. Si les membres du collectif sont là aujourd’hui, ce n’est pas pour dresser un constat de défaite, mais bien pour tirer les leçons de leurs erreurs et se remobiliser pour la suite. « Pendant les premières semaines, certains membres du collectif se sont retrouvés à porter une grande partie de la responsabilité de l’ouverture et de l’occupation de la Tour, ils ont fait d’énormes sacrifices. C’est louable, mais c’est aussi un signe que l’on doit mieux répartir le poids de nos actions, pour éviter que certains d’entre nous ne finissent claqués. »

Peu à peu, les mines lugubres font place à des sourires, de plus en plus marqués, animés par le plaisir de se retrouver. « Pendant les premières semaines de la Furtive, beaucoup de gens sont venus voir ce que l’on faisait et s’inscrire dans les pôles de travail. La Furtive a permis à beaucoup de gens de sauter le pas et de s’engager en tant que militant ou dans les associations qui constituent le collectif. Ça, en soit, c’est déjà une victoire. »

Avec le confinement, nombreux sont ceux qui s’étaient retrouvés isolés, démobilisés. Après tout, la lutte est une affaire de liens sensibles, fondée sur l’empathie, sur des réseaux difficiles à mobiliser virtuellement. Mais depuis, à Clermont comme ailleurs, on voit que les militants sont sortis de leur stupeur. « La pandémie ne suspend pas l’urgence climatique et sociale, ni la nécessité de la lutte. Simplement, elle nous force à réinventer nos modes d’action. » Autour de la table les idées fusent : spectacles ambulants, opération « amenez vos chaises », campagnes d’affichage, défilés des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, etc.

Certes, le collectif La Furtive a accusé le coup du confinement et de la reprise du Château de Rabanesse par la Mairie, mais cela n’aura suffit à démanteler ni le groupe ni l’engagement de ses membres, qui se sont notamment mobilisés pour distribuer des repas solidaires durant les fêtes de fin d’année. De nouvelles réunions sont prévues dans les prochaines semaines pour restructurer le collectif et coordonner des nouvelles convergences avec les associations.

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